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EAN : 9782915684520
Editions Grèges (15/08/2018)
3/5   1 notes
Résumé :


Sangleil est un livre de poésie en français qui emploie le langage dans une perspective expérimentale tout en gardant une danse de pensée et une composante lyrique. Le titre du livre fait référence à deux leitmotivs qui s’unissent souvent dans ces poèmes, le sang humain et le soleil cosmique, par le tressage de leurs couleurs, attributs, connotations, significations. Le livre est divisé en 10 cycles de 10 poèmes, comme lentement comptés sur les doi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Battement résonateur réactualisé »

Amalgame entre deux mots : « sang » et « soleil », le titre du recueil de Jean-René Lassalle m'est d'abord apparu comme une déformation du mot Sanglier. Une impression confirmée à sa lecture, tant il me semblait que je fouillais du groin dans quelque parterre de feuilles mortes. Pourtant, l'illustration en couverture aurait du me mettre sur le voie. Une même irrigation, hémoglobine ou rayon lumineux, un même souffle : le langage en soi structuré comme un langage.
Le recueil est pensé comme totalité. Les mots y sont pris pour une masse temporelle et signifiante dans laquelle on va piocher. Mais non sans organisation, sans quoi l'exercice n'aurait aucun intérêt, aussi bien pour le lecteur que pour l'auteur. Ainsi, nous croisons ici : « l'autre arbre plein-vent en conservation média-multipliée », là : « la terre de bauxite alumineuse, (qui) roule boule de douleur dans l'hypomonde » Autant de visions auxquelles l'auteur s'attaque de front. Car quoi de plus ambitieux et complexe que convoquer le mot à l'abord d'une réalité en mouvement. Ici tout bouge, le sens, mais aussi les choses qui dérivent d'un bout à l'autre du poème. C'est une pratique risquée de remettre un dictionnaire en ordre. Que dis-je : une encyclopédie ! Tour à tour Précis d'anatomie, Manuel de l'herboriste ou Traité d'architecture, Sangleil brille par son exhaustivité, du moins sa tentative d'épouser le vivant du mot. le monde du mot est un monde à part et autonome. Les possibilités de variations sont infinies. C'est d'ailleurs là le souci qui peut éveiller l'inquiétude du poète : que reste-t-il à dire ? Les plus tourmentés se prendront à craindre que les combinaisons limités. Et peut-être Jean-René Lassalle fait-il parti de ce groupe pour avoir tant ulcéré la grammaire, dans le but d'éviter toute redite.
Le soleil, clarté, « nuit bleutée diamantée », tout miroite dans ce long ensemble de textes, décomposé en 10 parties qui se répondent suivant un plan impénétrable. On y parle comme en délire, écrasé de chaleur sous l'astre brûlant, le sang en combustion, probablement en danger. On pourrait s'y mettre à compter des lots de dents pour un éventuel client, avant de trépasser. Les néologismes s'enchaînent parfois selon une méthode sur-composition (l'auteur est traducteur de l'allemand), ou selon le bon plaisir de l'auteur, si bien qu'il est impossible, même en effectuant des recherches, d'accéder à l'entièreté du sens. Mais l'intérêt de ce texte ne réside pas en cela. Peut-être plus que pour un autre type de poésie, plus classique, en lisant ces poèmes à haute-voix, nous approchons aisément du plaisir qu'à dû générer leur composition. La musique domine tout autre aspect du travail, c'est la langue comme cri, comme articulation brute, comme soupirs ou pleurs. Jean-René Lassalle est avant tout l'auteur d'une partition des sons de ce monde, une cathédrale phonétique en expansion perpétuelle.
Il semble, en effet, que la méthode employée ici puisse donner naissance à un champ d'une interminable variabilité ; l'auteur a construit une véritable machine produisant un « battement résonateur / réactualisé » La moindre oscillation orthographique sera l'occasion d'explorer de nouvelles contrées langagières, toute innovation grammaticale est permise tant que, pour l'auteur, subsiste son point de mire. Poésie pure, ici, il s'agit de faire parler les fluides à travers la parole, ailleurs ce pourrait être l'ascension d'un pic ou le décès d'un homme célèbre. Peu importe, car ce dont il est question, c'est tout de même moins de « jouer » avec les mots que de les exprimer dans leur plein potentiel, et cela ne peut se faire sans ossature, c'est à dire sans thème.
Lien : http://p-andrean.blogspot.com/
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Poème 6


émet/tait soleil…

émet
tait soleil
couchant d’été qui décrivait
courbe d’évènement d’un long temps distant en lumi
ère doucement effervescente comme océan semblant illimité
de potentiel les lueurs glissaient lentement sur mer hors-obscur
chaque occurrence naît et meurt et leur perception grenat
sur rutilant échappant (étai rai quand
rose) désirée en dissout naissance et mort dans un sans-temps
post-mortem : clarté vapeur sur port ouvert où visages
épaules plexus solaires osselets et valves s’éclairent
aux revenants et partants rêvant encore-absente nuit
bleutée diamantée en acte non-rétribué : ailleurs boule de foudre-douleur
flotte crissante sans corps, chevelures serpentent dans forêt, sans-origine
entre sensors interloqués d’un monogramme sans-nom : in / é
vocation vibrée vous vide donc sauve ?
luisance dépliait ombres effilées membrées sur quai doré
éclairé(e) de ciel la scène paraissait nielle
éperdu dans frêlité feuillée l’aide ne fut puis
apparaît disparaît en variations de clarté et bruisse
presque imperceptible s’évase pour aider
qui aidera et repart sans retour en limpidité
radieuse ressourcée avant matine
langage origera du substrat aube
rose tirilisée rediffuserait mélodis
à coloris qui d’été couchant
soleil émettait
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Poème 2


filasse…

filasse
lissée à l'eau perd
force, poids du fini pousse à infiniment
infonder larguant manteau de douleur sur s'incriminant
filiation induit procrée ou refus, défection nuit ou criéer, chimie
de la machine plombe, à rompre dans la broie teiller lin de
l'écorce, ne s'accusant pas d'accès à vie un oiseau haloé
se libère vers un ciel, naissance qui dure chute peignée en étoupe
à filer, une tombe de pierre sera bierre de l'ombre, la voix
obsédante nécessaire s'articule sans destinataire avec lumière
de l'esprit répond à celle solaire, fumigeant père-porte
et une mère-mort en vidéovampires, au mont tonnerre bière
narcotique de brühl en roer l'heur était seul désisolant ornement
vêtu d'un linge de lettres, réglant l'un taille de fosse et temps
de sa refermeture, l'autre arbre plein-vent en conservation média-
multipliée, géométrisée sensible tourbe chauffe bêchée
lumineuses fruits des bois rouge feu noir sanguine
bleu malvé propices à pense mue acidule aromatique
fumant l'eau de la vie, formate prêles limoneuses
de broïch enchâssant sureau
holunderlin médicin
ale luz
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Poème 5


tout/jour l’espace…

tout
jour l’espace
échappe, risque oublier de façonner
fini mémorant ouvertures, éphémère tente
apaiser porteurs de cauchemars. assujetti
à écoulement perpétuel des jours, cultivant gouffru entre-deux
où flux s’informe déforme reforme, le balancement
du vide vers équinoxe vernal aux minutes de lumière
éclosant microexponentielles sonde infusées
à musiquer et métaux à mastiquer, battement résonateur
réactualisé. nus commotionnés sur sol froid
fixent deux lunes en contre-parallèle,
tentant apaiser veilleurs d’intranquillité
adaimantés au glissement perlé des heures, pulsion d’un
pouls moiré, murs obliques
fenêtrés géométriquement que clartés-
triangles se concentrent en progressifs argentés carrés
effleure-paroi s’assemblant flamme à midi
au centre rondeau miroitant, à cette seconde de nuage
les particules de glace ascendant-ludion fondent en pluie,
s’ensuit cascade de trans
formations
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Poème 3


hi/sse roue...

hi
sse roue
gigantomache ébréchée
poutrée ignifiable : mélosse s'insinue
en harmonios, vecteurs ricochent entr'clapots
reflets, interconnecte arachnéennes dolors
à volupté pose les pions de la difficulté, les animaux
sont guidés entre feux de bengale, catégorisant peurs
du plan autoengendre rythmes dans le temps, la structure émouvante
gymkhane aux délicatueux millilitres, intonation affaiblie
se désosse s'expresse sur la table nycte-flamboie à
rouages : ébauche sur mur pourtour d'ombre d'un
aimé l'encore vulnérabilité s'oriente vers l'échangeur
de veines contre instructure échouée
en chute et psychomaillage ambule
dans ampleur, un promeneur autophoto
s'évapore dans le petit jardin, l'ignoble mort
lui vole des minutes mais coruscante
tomatl l'emplit de sa couleur
recompose furor en ténue
roue en feu dévale nuit
affleure signifiable
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Poème 4


ex/tirpe de la nuit…

ex
tirpe de la nuit
sa forme de signe : perle
rubéifiant, recherche éclairée
par réfraction de l’éther à l’air au verre
un courage d’aiguille
qui sauve chaque jour endragonné
par métaphore et par feu. rai en dresse
bois gaineur chlorophyllé sur pointe graphite, le nain médecin
soigne soi même, traçant lettres en alvéoles, dont sens émergent
sur champs de ce qui est dit exister. rouges cristaux d’hématite
s’il existe un x tel
que sur la base du pouls du jour structurant
polyrythmies. son nom propre étant. rouge
la terre de bauxite alumineuse, roule
boule de douleur dans l’hypomonde mais soufflant poudre noire
autour main sur feuille blanche : scrute autre
plan, accorde onde, transharmonisés dialogiques
vivance émettant d’un capteur
irrigué de paysage, montrant du doigt
un objet dans une langue maternelle
commune à plus d’un
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