Que la miséricorde divine soit sur les plaisantins involontaires. Bénis soient les imbéciles.
Je me demande vraiment pourquoi j’ai aussi impitoyablement pris soin d’elle, comme pour la conserver éternellement, telle une fleur séchée sous verre. Ce n’est pas ma responsabilité. Ça ne l’a jamais été. Je peux prendre soin d’elle, mais un peu seulement. La maintenir en vie n’est pas en mon pouvoir. Quel énorme soulagement que de m’en rendre compte.
On reste avec une créature sur les bras dont il faut s’occuper et se soucier, une créature dont il faudra tenir compte à tout jamais. Pas pour une seule et unique année mais bien dix-huit. Dix-huit années, ça fait un bail.
Certains poisons sont doux quand on les goûte, mais ils n’en sont pas moins prêts à vous tuer quand même.
Les strates de rêve sont si nombreuses, il y a tant de membranes trompeuses qui enveloppent l’esprit que j’ignore leur existence, jusqu’à ce qu’une réalité coupante ne les tranche, et je vois alors les créations de mon imaginaire pour ce qu’elles sont, déformées, bizarres, grotesques, une plaisanterie insupportable si on la regarde de l’extérieur.
Les meilleures sont toujours cachées. Il faut les chercher.
Les femmes comme moi sont un anachronisme vivant. Nous n’existons plus. Et pourtant je regarde le miroir et je m’y vois. Je suis une réalité tangible, un rêve tangible.
Les hommes n’aiment pas les femmes trop sérieuses.
Oh quelle toile complexe nous tissons
Quand au départ nous entreprenons de tromper.
La nuit est un lac noir couleur de jais. On pourrait y sombrer, et même y disparaître sans laisser de trace.