La fierté des soeurs Cynster, tome 1 : Audacieuse Heather

On aurait pu penser qu'après ma désastreuse épopée avec le Maître de Minuit, j'aurais acquis une certaine sagesse et vérifié l'éditeur pour les livres sélectionnés dans le cadre de l'édition de Masse Critique. Ha ha ha ha...cette bonne blague.

Donc, me revoici de nouveau avec un Harlequin entre les mains. Alors oui, vous pourriez me dire qu'en lisant le résumé, j'aurais dû m'en rendre compte. Chut!

Trêve de plaisanterie, voici donc ma critique sur ce premier volet d'une trilogie.
Donc, Audacieuse Heather nous raconte l'histoire d'Heather, une jeune fille de la bonne société anglaise, qui se retrouve enlevée au cours d'une soirée, à laquelle elle n'aurait même dû assister. Heureusement, un témoin de la scène, le vicomte de Breckenridge, va voler à son secours.

Sur le fond, Stéphanie Laurens respecte parfaitement les codes liés à tout roman d'amour qui se respecte : une jeune fille belle, intelligente et un tantinet effrontée ; un homme beau, fort, courageux ; une potentielle histoire d'amour entre eux. Il n'y a pas besoin de passer trois heures sur ce sujet. Un roman d'amour façon Harlequin est comme un épisode de Colombo. On sait tout de suite dès les premières minutes comment l'histoire va se terminer.

Là où je voudrais attirer votre attention, c'est sur la forme. Pour commencer, pendant plus de cent cinquante pages, nous suivons le même schéma scénaristique : Heather refuse de rentrer avec Breckenridge à Londres, car elle veut savoir qui est derrière cet enlèvement. Breckenridge refuse pour la forme avant de finir par accepter. Heather passe ses journées avec ses ravisseurs et ses nuits à discuter avec Brenckenridge sur la suite des évènements.
Alors, je ne dis pas que ces informations sont inutiles, mais il n'était pas nécessaire d'en pondre autant de pages. Cette redondance dans l'histoire m'a très vite énervée. Comme si l'auteur manquait cruellement d'inspiration et qu'elle brodait l'histoire en nous dévoilant juste un détail important à chaque jour qui passe, pour nous faire croire que cela en vaut la peine. En ce qui me concerne, cette technique d'écriture tend à prendre le lecteur pour un idiot.

Ensuite, Heather et Breckenridge finissent par s'enfuir sans même attendre de savoir qui est derrière cet enlèvement. Mais alors à quoi servaient ces conciliabules dans le noir? Juste à faire monter la tension sensuelle entre les deux héros. Voilà, rien de plus.

Et puis tous ces passages longuets sur la nécessité pour Heather d'épouser Breckenridge maintenant que sa réputation risque d'être compromise aux yeux de la société... Sauf que dès le début, Heather avait mis en place un plan pour éviter que tout le monde sache ce qui lui était arrivée (faire croire à sa maladie). Donc cet argument ne tient pas la route.

Au final, Stéphanie Laurens nous livre une histoire d'amour vraiment poussive et tirée par les cheveux. Comme si elle ne savait pas quoi faire de ses personnages, si ce n'est qu'ils devaient impérativement se marier. Et pour ce faire, elle ne nous épargne rien : les débats intérieurs de l'homme, dans toute sa masculinité, qui veut obtenir ce qu'il désire sans montrer sa faiblesse. Ceux de la femme, persuadées que l'homme dont elle est éprise ne l'aime pas et qu'elle doit faire preuve de force pour ne pas montrer sa faiblesse. Sans oublier, un brin de magie pour faire comprendre aux benêts que nous sommes que les héros sont destinés à être ensemble.


Rien qu'un exemple pour illustrer mes propos : Dans la famille d'Heather, chez qui nos héros viennent se réfugier, se trouve une gamine qui a le même don de vision que sa mère. Autrement dit, elle sait que nos héros sont destinés à être ensemble. Comment règle-t-elle le problème? Elle met gravement en danger la pauvre Heather pour obliger Breckenridge à lui venir en aide. Sauf que notre galant homme est grièvement blessé dans le processus. Est-ce que la gamine est punie? Bien sûr que non! C'est de sa faute si cette situation est arrivée mais on ne lui dit rien car elle a permis aux héros de s'avouer leurs sentiments! Elle a quand même failli tuer un homme!.

Voilà, j'ai trouvé cette situation vraiment trop irréalistes.

Le seul point vraiment positif dans cette histoire est bien sûr le fil rouge. Qui est ce mystérieux laird écossais qui a orchestré cet enlèvement? Même si nous ignorons encore son identité, nous connaissons les raisons qui le poussent à faire cela, à la fin du roman. Ce qui implique un autre enlèvement en perspective de la deuxième soeur d'Heather, qui fera l'objet du prochain roman...encore des platitudes en perspective.

Mais le pire, c'est que ça fonctionne. Je déteste ce genre de poncifs, destinés à nous obliger à lire la suite pour connaitre tous les secrets de l'histoire. Mais si l'occasion se présente, je ne vais pas rechigner à lire ladite suite. Parce que même si j'ai trouvé des défauts à cette histoire, l'auteur m'a quand même donné envie de lire la suite.

Alors, pour les amateurs de ce genre de roman, vous allez probablement aimé Audacieuse Heather.
Pour les autres, ceux qui apprécient de temps à autre une petite romance, histoire de faire une coupure entre deux décapitations et autres meurtres rituels, vous passerez vite à autre chose.
5/10

C'est décevant, et même au-delà tellement c'est ridicule. Non seulement l'intrigue accumule les pires poncifs du genre, mais il y a en plus des tas de petites incohérences dans l'histoire. L'aspect historique est également maltraité avec des situations qui font perdre toute crédibilité au texte.
Et puis les scènes de sexe qui durent des chapitres entiers ; et les atermoiements sans fin des personnages : est-ce qu'il m'aime ? Pourquoi ne me le dit-il pas ? Pourquoi refuse-t-elle de m'épouser alors que je suis parfait ? Je ne peux pas lui avouer mes sentiments, comment faire ?
C'est tellement vide que j'ai sauté des paragraphes entiers. Je suis quand même allée jusqu'au bout du roman, juste pour voir jusqu'où irait l'auteur… et je dois dire que Stéphanie Laurens ne m'a pas déçue sur ce point : elle a continué sur sa lancée jusqu'aux dernières pages. Je ne comprends pas qu'elle ait un tel succès et qu'elle ait écrit tant de livres...