Sans la passion qui vous confirme à certains moments clés que vous êtes vraiment à votre place là où vous êtes, il est difficile de faire les efforts qui conduisent au sommet.
Les secrets du suiveur peuvent être intériorisés et adaptés. Chacun pourra commencer, pas à pas, à croître et à se développer sur un plan personnel. Nos anciens savaient mieux que nous valoriser le travail au cours d'un long processus de compagnonnage. ils savaient qu'avant de parvenir au top, de devenir un maître en son art et dans sa discipline, il convenait de prendre le temps d'apprendre en suivant ceux qui savaient et qui faisaient déjà !
Impossible de gravir un sommet sans cérémonie de la puja. Un lama vient d'ailleurs spécialement de la vallée pour officier. Le matériel des alpinistes est béni. Il y a des prières toute la journée et on termine avec les drapeaux de prière qui sont dressés depuis le stupa en protection des alpinistes et du camp de base. La cérémonie se poursuit par des danses, puis des offrandes et des petits godets d'alcool local. Le rituel veut que trois de ces bouchons d'alcool soient bus d'affilé, ce qui provoque de belles migraines qui ne peuvent être mises sur le compte de l'acclimatation ou d'un quelconque mal d'altitude !
La haute montagne est intraitable. La très haute montagne est draconienne.
Au C1 [Camp 1], entre les blocs de séracs gît un cadavre en guise de comité d'accueil, un himalayiste russe nous dit-on, dont la famille n'a pas pu payer les frais nécessaires pour redescendre le corps. Est-ce vrai ? Je l'ignore. Mais il est certain qu'il est difficile, voire impossible de redescendre les corps des grimpeurs qui décèdent sur les pentes de ces grands sommets de l'Himalaya. Et certains itinéraires d'ascension, notamment sur l'Everest, sont bordés de cadavres qui servent de « balises » aux alpinistes que l'on briefe sur l'itinéraire.
Le partage
Et comme on me le demande de plus en plus souvent, ma nouvelle quête du sommet s'accompagne d'un partage avec ceux qui n'iront sans doute jamais là-haut eux mêmes mais qui en sont curieux
Dans le halo de la frontale
Pour arriver en haut, je ne regarde jamais vers le sommet, c'est trop loin, trop haut. Je vis vraiment dans l'instant.
J'avance pas à pas, je vis vraiment le moment présent ou au pie à l'horizon des 24 heures à venir, pas plus...
En tout cas sur la montagne, je n'avance pas en regardant le sommet. Je finirais par m'affaler et geler sur place...
Et c'est comme cela, pas après pas, que nous y arrivons. En nous fixant à chaque instant des micro-objectifs atteignables et que nous dépassons jusqu'à finalement atteindre le sommet.
Un rêve, un projet, un sommet
Comme le démontre mon expédition à l'Everest, le bon follower que je prétend être n'est pas du genre à se faire treuiller avec un palan au sommet de l'Everest ! Lorsque je prépare mon expédition, je me donne les moyens de concrétiser mon rêve, de passer du rêve au projet. Dans cette phase de préparation, je suis totalement leader de mon projet.