AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les chars meurent aussi (44)

Je ne pleurais pas le père de Sonia, évidemment. Je ne le connaissais que du bout de la tête qui dépassait du fauteuil du salon. C'est l'image de mon amie désormais à moitié orpheline qui me désolait. Et l'idée que mon père était vieux, lui aussi, que les pièces de son coeur pouvaient à tout moment lâcher. La mort nous rend toujours un peu égoïste.
Commenter  J’apprécie          160
C’était plus joyeux de faire le chemin de croix à l’envers, Jésus gagnait en force au fur et à mesure qu’on s’approchait de la porte. Je me suis trempé les doigts dans le bénitier pour me rafraîchir le cou.
Sur l’allée de béton qui menait au parvis, mon père fumait tranquillement, l’autre main au fond de la poche, les pieds campés en biseau pour plus de stabilité. La plupart des gars du garage qui s’étaient présentés avaient préféré attendre dehors, prétextant des allergies à l’encens ou à la poussière d’hosties. Le col empesé de leurs habits trop propres leur sciait le cou.
Commenter  J’apprécie          00
J’ai pris deux minutes pour fermer le bureau et une bonne quinzaine d’autres pour essayer de me redonner un peu de fraîcheur avec du papier brun mouillé et un peigne édenté abandonné sur le lavabo – dont j’ai scruté à fond les dents survivantes pour m’assurer qu’elles n’hébergeaient pas de lentes. J’ai mis enlevé remis réenlevé et reremis du rouge à lèvres, épaissi mes cils avec ma petite brosse à goudron et souri un peu, beaucoup, énormément, à la folie à cette face cernée dans le miroir éclaté ; je ne pourrais rien de plus pour elle. J’ai imploré ma beauté intérieure de se déverser sur mes traits pour en magnifier la banalité. Le transfert opérait chez les femmes les plus ordinaires des livres de ma mère. Je le méritais autant qu’elles.
Commenter  J’apprécie          00
La nouvelle de la maladie de ma mère avait sauté d’une oreille à l’autre comme des poux bioniques.
Commenter  J’apprécie          00
Je regardais les jours tomber comme des couperets et je suppliais tous les dieux inventés par l’homme pour qu’ils lâchent ma mère et se rabattent sur l’un de ces nombreux centenaires désespérés de ne pas parvenir à mourir, convaincus d’avoir été oubliés.
Commenter  J’apprécie          00
Ma mère a fait glisser le squelette de sa main dans ses cheveux, comme un peigne de chair.
Commenter  J’apprécie          00
Ça nous aurait aidées de croire en quelque chose, de se choisir un dieu bouche-trou pour l'occasion. Mais nous n'y arrivions pas, notre croyance chancelante s'effritait sous le poids de nos voeux.
Commenter  J’apprécie          00
Tant qu'elle ne ferait que les rêver, Old Orchard et les Cyclades grecques pouvaient se ressembler. Ses rêves formaient un édifice autoportant qui se passait sans problème de la réalité.
Commenter  J’apprécie          00
Elle avait des airs de grande romantique extatique. J'ai pensé à Anne avec un « e », celle des pignons verts. Il fallait bien qu'ils existent, ces esprits exaltés, pour se retrouver dans les livres.
Commenter  J’apprécie          00
Au garage, la plupart des gars étaient dans les fosses en train de farfouiller dans les tripes malades des voitures. Sur les murs, comme toujours, d'édifiants calendriers de filles-choses couchées sur des véhicules improbables - trop propres ou jamais sortis l'hiver - rappelaient notre incontestable appartenant au règne animal
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (152) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Littérature québécoise

    Quel est le titre du premier roman canadien-français?

    Les anciens canadiens
    La terre paternelle
    Les rapaillages
    L'influence d'un livre
    Maria Chapdelaine

    18 questions
    221 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature québécoise , québec , québécoisCréer un quiz sur ce livre

    {* *}