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Critique de karmax211


Dans mon envie 2020 de revisiter les grands classiques, il était difficile de passer à côté de l'oeuvre maîtresse de D.H. Lawrence.
Longtemps, et aujourd'hui encore, considéré comme un roman érotique... au sens trivial du mot, - L'amant de Lady Chatterley - est mille fois plus que ça, même si l'érotisme y occupe une place forte, en tant que force de vie, force d'envies, force révélatrice, force émancipatrice. Une présence voulue, assumée, honnête, franche, joyeuse ; une présence consubstantielle à la nature de l'homme et qu'il ne peut refouler ou ne travestir qu'au prix fort d'un magasin de névroses dans lequel viendront s'approvisionner des Charcot, des Freud, des Jung et tant d'autres.
Nier l'érotisme ou le dissimuler derrière les falbalas du romantisme par exemple, c'est trahir profondément ce que nous sommes, d'où nous venons et ce vers quoi nous devrions nous diriger.
Et cela, Lawrence l'a compris qui réhabilite cette part essentielle, vitale de notre identité, de notre authenticité.
Lawrence nous oblige à nous regarder dans un miroir qui refuse de déformer l'image qui en appelle à lui pour refléter non pas ce que nous voudrions voir, mais peut-être ce que nous ne voudrions pas qu'il nous montre, hypocritement installés que nous sommes dans le douillet confort d'une transcendance malheureuse.
Il en va de l'érotisme dans cette oeuvre comme du portrait, j'entends par là "photographie", d'une Angleterre du début du XXème siècle.
Ce sont des mélanges d'instantanés et d'études d'un pays en pleine mutation, en pleine dislocation de ses repères, en pleine rupture avec sa "ruralité", accouchant d'un monstre bien plus obscène que l'érotisme : Mammon, incarné par l'industrialisation, la machine.
Je n'ai pas compté, mais l'exclamation des protagonistes : "l'argent, l'argent, l'argent !" doit bien figurer une bonne quinzaine de fois dans cette oeuvre.
Ce que nous dit Lawrence de cette nouvelle Angleterre est infiniment plus cru, plus impudique que ce que les bigots pourraient reprocher à l'érotisme, qui lui, se contente que de n'être.
Sans concessions, ce roman est aussi et surtout un roman social, un roman de moeurs, où l'on peut sentir quelques influences venues d'un Thomas Hardy ou d'un Émile Zola.
De plus, la plume de Lawrence, est habile, alerte, fine et acérée ; une belle plume, puissante, esthétique, brillante.
L'histoire, je ne vais pas être le nième à la répéter. Au contraire, il me semble plus "stimulant" de me contenter de vous dire d'aller à la rencontre de tout l'univers qui vit, bouillonne, exulte autour de Mellors le garde-chasse et de Constance- Lady Chatterley.
C'est une oeuvre magistrale de la "grande littérature", une oeuvre que l'on ne peut se dispenser d'avoir lu, pour des raisons qui ne vous exonèreront jamais d'avoir commis une telle impasse.
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