Le préfet lui avait volé sa bouffée d'oxygène. La peine de mort était requise. Emma eut la vision fugace d'un homme en costume sombre avalé par un sarracenia géant, une plante carnivore tueuse de frelons asiatiques - un pied pouvait en tuer 50 disait-on - qui vivait en masse en haut du jardin. A ce moment, elle aurait aimé disposer d'un spécimen dopé capable de bouffer un préfet en exercice !
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– Merde, il est complètement cinglé ton mec !
– Ce n'est pas mon mec...
– J'ai comme l'impression que c'est en cours.
Le Jardin des plantes de Nantes possède deux fontaines sublimes. Fabriquées en fonte, peintes en vert pour s'accorder avec les couleurs de la végétation, elles se fondent harmonieusement dans le paysage. Ces fontaines, oeuvres du sculpteur nantais Charles-Auguste Lebourg, sont passées à la postérité mondiale sous le nom de fontaine Wallace, du nom du philanthrope anglais qui en commandé l'exécution pour pallier le déficit d'eau potable dans les villes. Une esthétique so british dont les Américains raffolent, mais qui n'a pas donné à notre estimé Charles-Auguste la gloire qu'il méritait ! Son nom fut oublié de l'histoire, mais pas ses créations,, qui permettent à tous les assoiffés du monde, de Los Angeles à Jérusalem, de Maputo à Londres et de Pontremoli à Nantes, de s'y abreuver....Emma, curieuse jusqu'au bout des ongles, avait découvert cette histoire par hasard, en cherchant sur son smartphone l'origine de ces cariatides, les quatre personnages féminins sculptés qui font partie intégrante de la fontaine, et qu'elle adorait tout spécialement.