AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,76

sur 21 notes
5
5 avis
4
7 avis
3
0 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Des pauvres, oui. Des pauvres, merde ! Elle en voyait défiler un paquet dans son bureau, elle savait ce que c'était, non ? Des pauvres, voilà ce qu'on est. C'est important, les mots, non ? Il faut dire ceux qui existent, non ? Ceux qui existent, merde ! »

Une claque ce roman.
Retentissante, douloureuse et âpre.

Véronique le Goaziou est sociologue; elle s'intéresse à l'humain.
Elle porte sur Monsieur Viannet, sur le couple Viannet, des gens simples, blessés par la vie, un regard à la fois tendre et impuissant.
Avec un style simple, dénué de pathos, elle nous embarque dans le monde de la précarité, une précarité bien réelle, celle des exclus de la société, des lassés pour compte, des pauvres gens aux vies de chaos. Ils ont à un moment ou un autre, pour une raison ou une autre, glissé, dévié, n'ont jamais pu se relever.

- [...] Y a des gars, ils portent depuis qu'ils sont tout petits.
J'écarte mon stylo. Je hausse les sourcils.
- Ils portent ... ils portent quoi ?
Il secoue la tête. Il boit. Peut-être a-t-il l'impression que je le fais exprès.
Exprès de ne rien comprendre.
- Vous me posez vraiment la question ?
- Oui...
Il souffle, presque excédé.
- Ils portent leur vie, madame, quoi d'autre ?
Et y a des vies plus lourdes que d'autres, vous ne pensez pas ?

L'atmosphère y est oppressante.
On ne sort pas indemne d'une telle lecture, de ce dialogue poignant, de ce huis-clos étouffant.
Touchant. Terriblement émouvant.
Ils ne vont pas me quitter.
Nécessaire. À lire.

« Ce n'est pas une vie. Ce n'est pas une vie mais c'est sa vie. C'est ce qu'il m'a dit. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          212
Tout d'abord, je remercie l'équipe de Babelio car c'est en me déplaçant sur invitation à la liquidation des stocks de bouquins que j'ai pu choisir ce roman.

Un couple, Monsieur et Madame VIANNET. C'est monsieur qui est interrogé par une sociologue et chercheuse car c'est sur lui que porte l'étude mais il arrive parfois que madame prenne la parole et qu'elle ait également à répondre à des interrogations de la part de la sociologue. Elle se déplace chez eux et pose des questions, des questions et des questions dans le cadre de sa mission, réponses qu'elle consigne dans son carnet. Deux vies brisées, sinistrées, fracturées. Mr VIANNET n'a pas toujours été ce qu'il est devenu aujourd'hui. C'est un roman à huis-clos, l'atmosphère dans ce tout petit logement est étouffante. Pourquoi ? A cause de la promiscuité, de l'historique de cet homme et de son épouse, des questions posées par la chercheuse avec la gêne qu'elles entraînent. Etouffante aussi avec la fumée de cigarette. On arrive à ressentir aussi l'odeur de la bière qu'Alexandre VIANNET descend quasiment à la chaîne. On touche la douleur, l'enfance malheureuse, les mauvaises rencontres, la tristesse...
M. VIANNET sait aussi reconnaître que certains mauvais choix sont de son fait. Et je ne vous raconte pas la fin de l'histoire...

Avis : cette confession est touchante, bouleversante et tellement actuelle. Ce récit est sombre et lorsque l'on termine la lecture on se retrouve impuissant, on voudrait tellement faire quelque chose pour lui, pour elle mais comme dirait Mme le GOAZIOU, il faut savoir retenir ses émotions, il faut rester neutre, il faut être professionnelle.
Janvier 2019 - Editions La Table Ronde / Prix : 16 euros.
Commenter  J’apprécie          142
Véronique le Goaziou est sociologue de métier mais elle a déjà écrit plusieurs romans. C'est avec "Monsieur Viannet" que je découvre son écriture qui m'a procuré une grande émotion.
C'est son expérience qui l'a inspirée et je suis impressionnée par son talent ; elle dit simplement des choses essentielles et graves. Faire une fiction de la rencontre avec "Monsieur Viannet" est une excellente idée car c'est une autre façon de témoigner de la misère sociale.
La narratrice est cadre dans un cabinet d'études qui réalise des sondages et enquêtes sur des faits de société. Elle a été contactée par une association nationale de réinsertion sociale spécialisée dans l'hébergement de personnes en grande difficulté. L'enquête consiste à savoir ce que sont devenus les anciens résidents.
Elle va donc se rendre chez monsieur et madame Viannet à Paris pour tester le questionnaire avant d'envoyer de jeunes enquêteurs sur le terrain. Dans un huis clos oppressant des liens vont se tisser au fil des visites et c'est l'humain qui va apparaître plus que le marginal.
D'ailleurs, rien qu'avec le titre, on comprend qu'Alexandre Viannet a le droit au respect. Il boit, il fume, il a fait de la prison et ne sort plus de chez lui mais il accepte une nouvelle fois de répondre aux questions de l'enquêtrice même s'il constate que ceux que l'on appelle les nécessiteux sont toujours dans l'obligation de répondre aux questions, celles que posent les services sociaux, les éducateurs, les juges, les flics...
Véronique le Goaziou nous entraîne dans une intimité dérangeante de la pauvreté mais si ce n'est pas une vie c'est la vie de Monsieur Viannet et il faut l'écouter.


Commenter  J’apprécie          120

Monsieur Viannet a cinquante ans. Il vit en compagnie de sa femme dans un minuscule appartement glacial du côté de Bastille.
Un passé douloureux et envahissant l'amène à boire plus que de raison, notamment son acquittement après avoir été accusé du meurtre de son père. 


“ Pourquoi Monsieur Viannet a-t-il bien voulu que j'entre chez lui, que je m'assoie sur cette chaise et que je l'interroge ? Des questions sur sa vie, sur ce qu'il a fait, sur lui... Parce que la directrice de l'association le lui a demandé ? Par curiosité ? Ou bien pour voir une nouvelle tête et tromper l'ennui... ” 


Monsieur Viannet répond aux questions d'une femme qui est chargée d'évaluer ce que deviennent les anciens résidents d'un centre de réinsertion dont il a fait partie.


” (...) Y'a des gars, ils portent depuis qu'ils sont tout petits.
J'écarte mon stylo. Je hausse les sourcils. 
– Ils portent... Ils portent quoi ? 
Ils secoue la tête. Il boit. Peut-être a-t-il l'impression que je le fais exprès. Exprès de ne rien comprendre. 
– Vous me posez vraiment cette question ? 
– Oui...
Il souffle, presque excédé. 
– Ils portent leur vie, madame, quoi d'autre ? Et il y a des vies plus lourdes que d'autres, vous ne pensez pas ? “ 



Même si cette femme exécute consciencieusement son travail pour lequel elle est rémunérée, elle ne peut s'empêcher de s'attacher à cet homme. Son désespoir la hante, mais elle était loin d'imaginer la tragédie finale...


” C'est comme ça leur vie. Des cris, du calme, des jurons, du vacarme, du silence...“ 



Ce que j'en dis : 


Je découvre à travers ce roman social, l'écriture âpre de Véronique le Gouaziou.
Présenté sous forme de dialogue, ce récit nous offre un témoignage assez bouleversant d'un homme qui livre depuis toujours un combat qui semble être perdu d'avance.

Vivant en marge de la société suite à plusieurs mauvaises actions qui lui ont fait connaître la prison, il nous dévoile l'envers du décor.

On aurait tendance à penser tout comme il le dit lui-même : « Mais bon, on n'avait qu'à pas faire les cons. » mais qui sommes nous pour nous permettre de juger ? Essayons plutôt de comprendre tout comme nous le propose l'auteur à travers ce portrait touchant, ce qui amène tout ces hommes à la dérive.
Qu'ils soient SDF ou en foyer tous ont leurs histoires et peu ont trouvé la chance de s'en sortir face à un système de castes sociales de plus en plus réfractaires.


Ce récit est le miroir de notre société où reflète l'absurdité du monde. 
Une belle découverte de cette rentrée littéraire.


Lien : https://dealerdelignes.wordp..
Commenter  J’apprécie          40
« Mon père, j'ai fini par le tuer un soir comme les autres où je voulais juste qu'on dîne en paix ». Tel est le début de ce livre. Monsieur Viannet se confie à une femme qui note tout ce qu'il dit. Est-ce une policière, une inspectrice qui enquête sur le meurtre ?
«  C'est obligé que je vous dise comment j'ai tué mon père ? Comment je m'y suis pris ?
Je serre les genoux. Mon cahier se ferme, mon stylo tient entre deux doigts en équilibre.
-Obligé ? Non… Bien sûr que non… C'est… comme vous voulez. »
Ce n'est donc pas quelqu'un de la police. La narratrice enquête, mandatée par une association, sur le devenir des anciens résidents d'un centre de réinsertion. C'est elle qui pose des questions, essaie de garder une distance professionnelle, malgré ce qu'elle entend, refuse de répondre aux questions du couple Viannet dans une ambiance tendue et une atmosphère enfumée.

Monsieur Viannet est un laisser pour compte, Monsieur Viannet habite avec sa femme un misérable petit appartement, ne sort jamais, passe sa vie à regarder la télé, boire des bières et fumer assis ou couché sur un matelas posé à même le sol. Il n'a plus d'espoir, plus d'avenir.
La narratrice ne vient pas qu'une seule fois mais trois fois, une fois par mois, chez Monsieur Viannet qui confie sa misère sociale, sa dépression, ses colères. Elle ne peut que noter ce qu'il raconte pour cacher son désarroi, bouleversée qu'elle est par les confidences de monsieur Viannet et je n'ai pu faire autrement qu'être bouleversée également par son désarroi, sa solitude, son mépris de lui. Sa femme à peu près transparente, également dans le renoncement fait quelques fois le tampon, calme son mari. Elle aussi, aimerait se confier, parler de sa vie, de la spirale qui les entraîne irrémédiablement vers le fond, sans espoir de rebond
Je ne me suis jamais ennuyée dans ma lecture. Véronique le Goaziou, sociologue et romancière, a écrit un livre où les dialogues sont ciselés, l'écriture, très précise, le dialogue tendu. Je verrais bien une transcription théâtrale
Je suis avec eux, dans la pièce enfumée. le désespoir du couple qui n'attend plus rien de la vie, qui attend que cela se passe, vivent en marge de la société, sont enfermés dans la spirale de la pauvreté, du désespoir de l'exclusion, de la marginalisation.
Je ne suis pas sortie indemne de ce livre. J'en ai pris plein la figure. La réalité est âpre. Ce n'est pas un fait divers, bien que la fin du livre puisse être relatée par les journaux, mais une réalité.
Véronique le Goaziou, dessille mes yeux, rend visible ces gens que l'on ne veut pas voir, leur donne la parole, un peu d'humanité,
Un livre bouleversant. Un coup de coeur et un coup de poing.
Lien : http://zazymut.over-blog.com..
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (49) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3689 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}