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EAN : 9782710328001
208 pages
La Table ronde (16/08/2018)
3.76/5   21 notes
Résumé :
Monsieur Viannet a cinquante ans. Il vit avec sa femme dans un minuscule appartement glacial, du côté de Bastille, où les courants d’air ne chassent plus l’odeur du tabac. Monsieur Viannet a autrefois été bel homme. Monsieur Viannet a autrefois été sportif. Monsieur Viannet a fait l’armée. Monsieur Viannet a des enfants qu’il ne voit plus. Monsieur Viannet, surtout, a été acquitté après avoir été accusé du meurtre de son père.
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Une enquêtrice est chargée d'interroger Alexandre Viannet en vue de son réinsertion. Dans ce huit clos oppressant, au rythme de questions-réponses, c'est le portrait de la misère et de la déchéance humaine que dresse Veronique le Goaziou, sociologue. Un roman qui flingue tous les stéréotypes du bonheur et de la vie rêvée. Monsieur Viannet a tué son père, il insulte sa femme, il ne sort jamais de chez lui, sa télé est allumée H24, son ventre explose de toutes les bières qu'il ingurgite en continu, il parle mal, il voit tout en noir, il ne s'aime pas et n'aime personne.

Pas convaincue par le procédé narratif choisi par l'auteure à travers ce huit-clos questions/réponses. J'aurai davantage adhéré à l'histoire si déjà il y en avait une.

C'est noir, troublant, asphyxiant, anxiogène. Ça pue la misère noire, ce matelas à même le sol, cette taule sans chauffage, ces canettes de bières empilées par terre, puis ça fume et ça fume qu'on en étouffe tellement il fait bleu.

Monsieur Viannet ne m'a guère intéressée j'avoue, mon côté fleur bleue est toujours à la recherche de lumière, trop noir pour moi...
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« Des pauvres, oui. Des pauvres, merde ! Elle en voyait défiler un paquet dans son bureau, elle savait ce que c'était, non ? Des pauvres, voilà ce qu'on est. C'est important, les mots, non ? Il faut dire ceux qui existent, non ? Ceux qui existent, merde ! »

Une claque ce roman.
Retentissante, douloureuse et âpre.

Véronique le Goaziou est sociologue; elle s'intéresse à l'humain.
Elle porte sur Monsieur Viannet, sur le couple Viannet, des gens simples, blessés par la vie, un regard à la fois tendre et impuissant.
Avec un style simple, dénué de pathos, elle nous embarque dans le monde de la précarité, une précarité bien réelle, celle des exclus de la société, des lassés pour compte, des pauvres gens aux vies de chaos. Ils ont à un moment ou un autre, pour une raison ou une autre, glissé, dévié, n'ont jamais pu se relever.

- [...] Y a des gars, ils portent depuis qu'ils sont tout petits.
J'écarte mon stylo. Je hausse les sourcils.
- Ils portent ... ils portent quoi ?
Il secoue la tête. Il boit. Peut-être a-t-il l'impression que je le fais exprès.
Exprès de ne rien comprendre.
- Vous me posez vraiment la question ?
- Oui...
Il souffle, presque excédé.
- Ils portent leur vie, madame, quoi d'autre ?
Et y a des vies plus lourdes que d'autres, vous ne pensez pas ?

L'atmosphère y est oppressante.
On ne sort pas indemne d'une telle lecture, de ce dialogue poignant, de ce huis-clos étouffant.
Touchant. Terriblement émouvant.
Ils ne vont pas me quitter.
Nécessaire. À lire.

« Ce n'est pas une vie. Ce n'est pas une vie mais c'est sa vie. C'est ce qu'il m'a dit. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Tout d'abord, je remercie l'équipe de Babelio car c'est en me déplaçant sur invitation à la liquidation des stocks de bouquins que j'ai pu choisir ce roman.

Un couple, Monsieur et Madame VIANNET. C'est monsieur qui est interrogé par une sociologue et chercheuse car c'est sur lui que porte l'étude mais il arrive parfois que madame prenne la parole et qu'elle ait également à répondre à des interrogations de la part de la sociologue. Elle se déplace chez eux et pose des questions, des questions et des questions dans le cadre de sa mission, réponses qu'elle consigne dans son carnet. Deux vies brisées, sinistrées, fracturées. Mr VIANNET n'a pas toujours été ce qu'il est devenu aujourd'hui. C'est un roman à huis-clos, l'atmosphère dans ce tout petit logement est étouffante. Pourquoi ? A cause de la promiscuité, de l'historique de cet homme et de son épouse, des questions posées par la chercheuse avec la gêne qu'elles entraînent. Etouffante aussi avec la fumée de cigarette. On arrive à ressentir aussi l'odeur de la bière qu'Alexandre VIANNET descend quasiment à la chaîne. On touche la douleur, l'enfance malheureuse, les mauvaises rencontres, la tristesse...
M. VIANNET sait aussi reconnaître que certains mauvais choix sont de son fait. Et je ne vous raconte pas la fin de l'histoire...

Avis : cette confession est touchante, bouleversante et tellement actuelle. Ce récit est sombre et lorsque l'on termine la lecture on se retrouve impuissant, on voudrait tellement faire quelque chose pour lui, pour elle mais comme dirait Mme le GOAZIOU, il faut savoir retenir ses émotions, il faut rester neutre, il faut être professionnelle.
Janvier 2019 - Editions La Table Ronde / Prix : 16 euros.
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Véronique le Goaziou est sociologue de métier mais elle a déjà écrit plusieurs romans. C'est avec "Monsieur Viannet" que je découvre son écriture qui m'a procuré une grande émotion.
C'est son expérience qui l'a inspirée et je suis impressionnée par son talent ; elle dit simplement des choses essentielles et graves. Faire une fiction de la rencontre avec "Monsieur Viannet" est une excellente idée car c'est une autre façon de témoigner de la misère sociale.
La narratrice est cadre dans un cabinet d'études qui réalise des sondages et enquêtes sur des faits de société. Elle a été contactée par une association nationale de réinsertion sociale spécialisée dans l'hébergement de personnes en grande difficulté. L'enquête consiste à savoir ce que sont devenus les anciens résidents.
Elle va donc se rendre chez monsieur et madame Viannet à Paris pour tester le questionnaire avant d'envoyer de jeunes enquêteurs sur le terrain. Dans un huis clos oppressant des liens vont se tisser au fil des visites et c'est l'humain qui va apparaître plus que le marginal.
D'ailleurs, rien qu'avec le titre, on comprend qu'Alexandre Viannet a le droit au respect. Il boit, il fume, il a fait de la prison et ne sort plus de chez lui mais il accepte une nouvelle fois de répondre aux questions de l'enquêtrice même s'il constate que ceux que l'on appelle les nécessiteux sont toujours dans l'obligation de répondre aux questions, celles que posent les services sociaux, les éducateurs, les juges, les flics...
Véronique le Goaziou nous entraîne dans une intimité dérangeante de la pauvreté mais si ce n'est pas une vie c'est la vie de Monsieur Viannet et il faut l'écouter.


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Ah ! Monsieur Viannet ! Il est vraiment au bout du rouleau !
Affalé sur son matelas, il fume cigarette sur cigarette, boit bière sur bière, devant l'écran de télé allumé en permanence.
Et cette enquêtrice qui travaille pour une association d'insertion se prend d'un intérêt particulier pour ce cinquantenaire qui n'a plus de ressort.
Ecrit principalement sous la forme de questions/réponses, ce roman pointe du doigt tous ces hommes et ces femmes en rupture sociale qui, après avoir subi épreuves sur épreuves, finissent par baisser les bras.
Reflet d'une cruelle réalité qui touche de trop nombreuses personnes, c'est une lecture qui remue et ne peut laisser indifférent.
La société n'est pas tendre envers tout le monde et nombre d'individus en payent les frais.
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critiques presse (2)
Liberation
01 octobre 2018
Vous entrez dans ce livre, et ensuite vous aurez du mal à vous en extraire, vous resterez sur une chaise dans une pièce qui compte un matelas, un pouf et un guéridon, un écran plat au milieu, rien d’autre.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeMonde
07 septembre 2018
A l’origine de « Monsieur Viannet », d’intenses entretiens menés par Véronique Le Goaziou, sociologue. Et dont la romancière en elle a tenu à faire une fiction.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Je bois parce que je ne fais rien. J’ai besoin de sortir et si je ne sors pas, je vais mourir. Je ne supporte plus d’être enfermé. Mais quand je sors, je ne sais pas où aller et je bois. Je finis dans un bar. Des bars. Alors je reste chez moi. Et chez moi, je bois…
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Sous l’un d’eux, dépasse un bras de veste de pyjama ou de chemise de nuit.

Il est vêtu d’un complet défraîchi, pantalon de tergal gris et veston assorti. Et à ses pieds il porte de grosses chaussettes de tennis. Il se tient droit, au bord du matelas. Ses jambes sont repliées, ses coudes sur les cuisses, ses mains jointes et les doigts croisés.

Sur la moquette, près de lui, un paquet de cigarettes et un cendrier. Puis un pack de bières un peu plus loin. Devant lui et presque au centre de la pièce, un poste de télévision allumé. Derrière le poste, un mur nu puis dans le prolongement du mur une fenêtre qui donne sur la cour de l’immeuble. Une haute fenêtre à l’anglaise aux petits carreaux sales et certains rayés.


Mon cahier de nouveau ouvert. Alexandre Viannet me parle. J’écris.

— Savez-vous que lorsque je sors de chez moi…

Il s’arrête. Baisse la tête. Ses bras entre les jambes. Les épaules voûtées.

— Non. Je dois être concentré. Dire les mots justes. Dire ce qui est.

Il se redresse.

— Je ne sors plus de chez moi aujourd’hui… Le moins possible.

Il attrape son verre posé sur la moquette entre ses pieds. Il boit. J’écris.

— À l’époque où je sortais de chez moi, quand je rentrais et que je voyais cette pièce, je me demandais qui était le type qui vivait ici.

— Le type qui vivait ici ?
Il fait tourner son verre de bière entre ses doigts.

— C’est ce que j’ai dit.

— Et qui était-ce ?

— Moi, madame. Qui voulez-vous ? Moi.


Cadre dans un cabinet d’études qui réalise des sondages et des enquêtes sur des faits de société, j’avais été contactée par une association nationale de réinsertion sociale. Spécialisée dans l’hébergement de personnes en grande difficulté, cette association souhaitait mener un travail sur ce qu’étaient devenus ses anciens résidents. Avant d’envoyer de jeunes enquêteurs sur le terrain, j’avais décidé de réaliser moi-même quelques entretiens. Je voulais me faire une idée du public et tester les questions qui devaient ensuite figurer dans un guide remis à l’équipe. Je devais commencer par Paris, aller ensuite en région Centre et finir par le Sud-Est, où je réside. L’un de mes collègues serait chargé du Nord et du Grand Ouest.

La direction de l’association avait prévenu Monsieur Viannet de mon appel après m’avoir fourni une liste de personnes qui avaient été hébergées dans un de ses centres franciliens et acceptaient de me parler de cette période de leur vie.

J’ignore comment il avait été choisi et ce qu’on lui avait dit. Il était le premier sur la liste. Et au téléphone, il n’avait posé aucune question.
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Son logement est composé d’une petite entrée qui dessert la cuisine, une salle d’eau sans porte où j’aperçois des toilettes et, dans le fond, un bac de douche fermé par un rideau de plastique, et la pièce principale.

Les murs de la pièce sont recouverts d’une feutrine jaunâtre noircie par l’humidité au-dessus des plinthes. Au sol, une épaisse moquette de laine grise sauf à certains endroits où le tissu est élimé. Des trous de cigarette dans la moquette. Et des taches. Un halogène cassé dans un coin et deux lampes sans ampoule. La seule ampoule allumée pend du plafond, depuis une moulure en forme de coquillage.

Alexandre Viannet est assis sur un matelas double posé à même le sol et poussé contre un mur sur une de ses longueurs. Sur le matelas, un drap gris, des couvertures et à sa tête deux oreillers.
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— Mon père, j’ai fini par le tuer, un soir comme les autres où je voulais juste qu’on dîne en paix. Mais ça n’a pas été possible. Mon père a crié. Comme tous les soirs, il a crié. Alors je me suis levé, je l’ai tué et avec mes frères on a roulé son corps dans un tapis. On a poussé le tapis dans un coin de la pièce et on a fini de dîner. Ma mère a débarrassé la table, elle a fermé les volets, éteint les lumières, on est allés se coucher. Le matin, en préparant le petit déjeuner, ma mère, mes frères et moi on faisait gaffe de ne pas buter dans le tapis.

Il tourne la tête vers moi. Assise sur une chaise, mon cahier ouvert sur les genoux, j’écris ce qu’il me dit.

— On est restés deux jours avec lui. Le tapis. Ça vient de loin tout ça, vous comprenez ?

De nouveau un regard vers moi. Je continue d’écrire. Il soupire, poursuit :

— Mon père avait essayé d’arrêter de boire. Sa vie à essayer. Mais c’était trop tard. Sa vie, il l’a passée dans les bistrots à se battre.

Ma première question, d’une voix enrouée :

— Se battre pour quoi ?

Son premier sourire.

— Pourquoi ? Pour un mauvais regard, une expression qui ne lui plaisait pas, un geste qu’il n’aimait pas, ce genre de choses, vous voyez ? Ou une histoire de femmes.
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Vers la fin septembre, quelques jours avant cette première rencontre, au téléphone il m’avait indiqué comment me rendre chez lui. À deux pas de l’Opéra Bastille, quasi au centre de Paris il avait dit, une rue perpendiculaire au boulevard Voltaire.

Au numéro vingt-six, passer le porche, traverser la cour et prendre l’entrée en face. Pas la peine de chercher son nom dans les rangées de boîtes aux lettres, il n’y était pas. Monter directement au cinquième étage. La porte de droite. Ce serait ouvert.

Les murs du couloir, de l’escalier et des paliers sont sales et la peinture d’une vague couleur marron. Dans le hall ça sent l’humidité,comme une odeur de vase, jusqu’au premier étage. Au second, ça sent un plat très épicé, comme du poulet massalé. Ensuite, ça sent le potage.

Dans l’escalier les marches s’affaissent, un coup à dégringoler. Et certaines sont effilées comme des lames.

Une lumière pâle de l’extérieur, à chaque étage, par une lucarne. Des gouttes de pluie contre les vitres. Temps d’automne et ciel gris.

Au cinquième, derrière la porte de gauche, la voix très forte d’un poste de radio.

La porte de droite est ouverte. Pas besoin de frapper, avait-il précisé.
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