Citations sur La bourse et la vie : Economie et religion au Moyen Age (9)
Une hirondelle ne fait pas le printemps. Un usurier en purgatoire ne fait pas le capitalisme. Mais un système économique n’en remplace un autre qu’au bout d’une longue course d’obstacles de toutes sortes. L’histoire, ce sont les hommes. Les initiateurs du capitalisme, ce sont les usuriers, marchands d’avenir, marchands du temps que, dès le XVe siècle, Léon Battista Alberti définira comme de l’argent.
La contrition n’est pas dans les larmes mais dans le mouvement du cœur dont les larmes des yeux sont le signe mais le cœur aussi a ses larmes.
Le jour, c’est la lumière, le milieu qui rend possible l’usage par l’homme de son sens visuel mais qui exprime aussi la matière lumineuse de l’âme, du monde et de Dieu. La nuit c’est le repos, le temps de la tranquillité, de la récupération (à moins d’être troublé par les songes) pour l’homme. C’est aussi le temps mystique de l’absence d’instabilité, de trouble, de tourment. Le jour et la nuit sont les doubles terrestres des deux grands biens eschatologiques, la lumière et la paix. Car à côté de la nuit infernale, il y a une nuit terrestre où l’on peut pressentir le paradis. Ce sont ces deux biens suprêmes que vend l’usurier.
Les usuriers sont des voleurs car ils vendent le temps qui ne leur appartient pas et vendre le bien d’autrui, contre le gré du possesseur, c’est du vol .
L’argent qui dort ne produit naturellement aucun fruit, mais la vigne est naturellement fructifère.
L’argent est infécond. Or l’usure voudrait lui faire faire des petits.
La justice est par excellence la vertu des rois. Les miroirs des princes qui tracent un portrait du roi idéal insistent sur la nécessité qu’il soit juste. Justice qui s’accompagne d’un progrès des pratiques et des institutions judiciaires : enquêteurs royaux, parlements.
Usure et intérêt ne sont pas synonymes, ni usure et profit : l’usure intervient là où il n’y a pas production ou transformation matérielle de biens concrets.
L’usure est un péché. Pourquoi ? Quelle malédiction frappe cette bourse que l’usurier emplit, qu’il chérit, dont il ne veut pas plus se séparer qu’Harpagon de sa cassette et qui le fait tomber dans la mort éternelle ? Lui faudra-t-il pour se sauver lâcher sa bourse ou bien trouvera-t-il, trouvera-t-on pour lui, le moyen de garder la bourse et la vie, la vie éternelle ? Voici le grand combat de l’usurier entre la richesse et le paradis, l’argent et l’enfer.