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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Steak machine" de Geoffrey le Guilcher a reçu le prix du meilleur récit par les éditions Points, à juste titre.

La couverture est provocatrice avec sa couleur rouge sang, son crochet de boucher et la file de vaches, dessinées en mode découpe. Entre le titre et la couverture, l'auteur pose déjà le décor.

Grâce à un CV imaginaire, une identité modifiée et du bon sens, Geoffrey s'est infiltré durant une quarantaine de jours dans l'un des plus grand abattoir industriel de Bretagne.
Comme tous les employés, il a dû subir l'autorité excessive de certains chefs, suivre le rythme épuisant du travail à la chaîne avec tous les aléas que cela comporte. Il a également développé des TMS (troubles musculo-squelettiques).

Au cours de ce reportage édifiant, le journaliste partage et raconte le quotidien de ces hommes et femmes, qui se ruinent la santé pour que les français mangent de la viande.
Le sort des animaux n'est pas laissé de côté et l'on apprend que malgré les formations "bien être animal" mises en place depuis quelques années, pour les employés assommant et donnant la mort aux animaux, il est très difficile de se préoccuper de leur bien être lorsque le profit est plus important aux yeux des industriels.

Ce récit est très immersif et écrit avec une plume très intelligente qui ne tombe jamais dans la critique. Coup de poing magistral dans le monde très fermé de ce que nous cache le secteur agroalimentaire.

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Comme beaucoup d'entre nous, Geoffrey le Guilcher a été élevé autour de repas omnivores. Alors, quand il reçoit un matin un texto de son éditrice lui demandant s'il serait capable de se faire embaucher dans un abattoir, les premiers doutes s'installent…

Le « paradoxe de la viande » ou la dissonance cognitive

La dissonance cognitive est l'incompatibilité engendrée par deux croyances opposées. D'un côté « j'aime la viande » mais de l'autre « je ne veux pas faire souffrir un animal ». La réaction de l'auteur dès la première page en est alors le parfait exemple :

"Je suis un « viandard ». Je vis près du métro La Chapelle, à Paris, où l'indien, le grec (en réalité turc), le japonais (en réalité chinois), le marocain et l'italien (en réalité français) devancent mes attentes de carnivore. Pourquoi irais-je tout gâcher en allant enquêter dans une boucherie géante ?"

Et cela, les entreprises du secteur agroalimentaire spécialisées dans l'abattage des animaux et la transformation des viandes l'ont bien compris. Pour continuer à vendre, il faut matraquer l'audience à grand renfort de publicités montrant des animaux heureux. Cacher la vérité, par tous les moyens.

Lors de son infiltration de plus d'un mois au coeur de l'abattoir, Geoffrey le Guilcher en sera témoin plusieurs fois. Au niveau de la tuerie (l'endroit où les bêtes sont étourdies et que leurs gorges sont tranchées) un mur a été érigé. La raison ? Empêcher les visiteurs de voler des images avec leurs téléphones. Images qui pourraient leur porter préjudice, l'abattage ne se faisant pas toujours dans les règles.

Depuis les vidéos tournées clandestinement dans les abattoirs français et rendues publiques par l'association L214, un vent de panique souffle dans les abattoirs et il est encore plus difficile d'y avoir accès. Armé d'une nouvelle apparence, d'une fausse identité et d'un CV imaginaire, notre journaliste – coaché par l'un des fondateurs de L214 (persona non grata dont la photo est placardée dans tous les abattoirs) – arrivera cependant à y être embauché.

Travail à la chaîne pour les « damnés de la viande »

C'est ainsi que notre journaliste les appelle. Car Steak Machine leur est dédié, à ces travailleurs cachés des abattoirs. Victimes au même titre que les animaux, ils sont nombreux à vouloir y être embauchés au péril de leur santé. Et cela peut se comprendre : places disponibles, salaires acceptables, nombreux avantages… Les abattoirs ont d'ailleurs toujours accueilli les vagues d'immigration qui ont touché la France au fil des années.

Steak Machine offre une réflexion sur un système et ses limites. Une enquête qui fait froid dans le dos et met en perspective nos habitudes de consommation sans mettre tout à fait de côté ces personnes qui, grâce à cela, réussissent à vivre et faire vivre leurs proches. C'est d'ailleurs la pierre angulaire de ce livre. Geoffrey le Guilcher nous dresse des portraits touchants de ses collègues, décrit les moments sincères partagés avec ceux à qui il a été obligé de cacher son identité et ses réelles motivations.
Lien : http://ivredelivres.com/stea..
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À lire impérativement pour découvrir l'univers des abattoirs du côté de ses salariés. Atroce à tous niveaux définitivement. Incontournable aujourd'hui
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La chaine, c'est non seulement l'entrelacs fordien de machineries qui mène le bétail à la barquette, mais aussi ces liens invisibles qui y retiennent les hommes, esclaves contemporains de l'appétit mondialisé pour le steak haché. Ils s'y débattent comme des pantins, déshumanisés, moins lucides encore sur leur condition que les vaches mal assommées de la tuerie gigotant sur leurs crochets. Abrutis par la cadence et l'injonction hiérarchique, ils se brisent littéralement à la tâche avant de s'évader dans l'alcool lors de week-ends passés dans des tunnels éthyliques trop vite terminés. Ces hommes et ces femmes, dont même l'agence d'intérim préfère ne rien savoir de leur carcérale carrière, Geoffrey le Guilcher les rejoint dans un livre salvateur, zolien, addendum du XXIe siècle à La Jungle d'Upton Sinclair. Son récit rouge sang aux articulations douloureuses, tous les petits Européens nourris aux boulettes et saucisses de campagne devraient le lire avant d'être en âge d'arpenter eux-mêmes les rayons viande des supermarchés.
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Une plongée dans le monde d'un abattoir en Bretagne! L'auteur y pénètre grâce à un faux CV. C'est un témoignage édifiant! La souffrance dans cet antre n'est plus qu'animal. Les ouvriers y sont cassés, ne réalisent plus le nombres d'animaux tués. Ils suivent la cadence et restent bien souvent pour la paye et les avantages que l'usine leur offre…
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Pour écrire ce livre, le journaliste Geoffrey le Guilcher s'est fait embaucher (en intérim) dans un abattoir. L'auteur y dénonce la violence faite aux animaux mais également aux hommes dont les conditions de travail sont très difficiles (maladies causées par les gestes répétitifs, détresse psychologique, usure prématurée due aux cadences de travail infernales...). Ce livre parle de sa propre expérience et comporte des témoignages de ses collègues d'infortune. Lecture indispensable.
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