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Citations sur Livres des guerriers d'or (16)

Alors les terres sont entrées dans la nuit. Les hautes terres du Nord que battent les vents, le rythme fou des lames, les terres bordées de rivages noirs aux longs festons d'écume. Les grands plateaux de l'île du Saumon et du Cerf. Des forts des temps anciens, arc-boutés sur les falaises, défiaient encore les bourrasques de l'hiver. Ils descendaient en dégradés de lames courbes et usées par la mer. À les regarder longtemps, dans la perspective de la lande que rasaient les vents, on se disait que les habitaient peut-être des guerriers minéraux, tassés sous l'aplat des murailles, des guerriers aux javelots corrodés par le sel.
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[C'est Merlin qui parle]

- Cette nuit, dès que je t'aurai quitté, je m’enfermerais dans mon esplumoir. On désigne de ce nom la cage où l'on enferme les oiseaux pendant la mue. Sous ma robe verte, je vais me parer des robes du phénix. Je vais retisser la geste des rois d'or. Il n'y aura ni sang ni flamme. Seulement des mots dont je serais le maître. Des mots de douleur, de nostalgie, des mots de prophétie aussi, car qui écrit fait oeuvre d'incarnation. Sous ces mots rouleront des flux de vent et de lumière. C'est un autre or que je vais quêter. Je n'aurai plus besoin de sanctuaire, ni de rites. Je t'ai donné ta mission. Veille sur Excalibur et le Graal. Quant à moi, je vais transporter mon esplumoir au bord des lochs et des tourbières de mon origine. Et j'attendrai l'envoyé lumineux, à qui je dicterai la geste de la quête. Mon entombement, ce sera l'écriture. J'ai prophétisé. Je veux écrire. Je veux connaître ce lieu d'épreuve et de passage, d'origine et de secret...
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Je me redis cette prédiction cosmogonique : «Il ira, vêtu d'espace, le roi des eaux, des vents, des rivages et des îles. Son royaume sera l'espace. Il ira nu. Il portera parfois le galet des rivages des confins. Il sera homme et femme, jour et nuit, il n'aura pas de nom, il vivra et ira sans fin.»
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Cette royauté d'Arthur, comme posée par accident sur cet éperon, s'étendait sur d'immenses domaines, des plaines, des prairies, des forêts, des seigneuries, des îles aussi, elle était au cœur d'un monde qui n'était pas seulement de rusticité élémentaire ou de violence guerrière, de sang et d'embrun : tous ceux qui foulaient les pavages et les tais somptueux de la haute salle du roi souscrivaient du même coup à un même substrats de valeurs et de rites essentiels qui avaient nom la fidélité, la prouesse, l'aventure, la foi et le faste.
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[Extrait d'un dialogue entre un évêque et le maître architecte qui a dirigé la construction d'une cathédrale]

- [...]. Oui, vieux maître, je crains que vous ne soyez resté par trop fidèle aux superstitions des temps anciens...
- Je n'accepte pas ce mot de superstition, répondit le maître avec vigueur. on croyait aux temps de la Grande Reine, de Fern et de Luin Gor. Je suis resté fidèle à un visage, à une incarnation de la vérité...
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Le livre de Bretagne est une géographie d'arbres que découpent les mers. Celui qui, entre de longues prières cosmiques et l'observation des feux du large, y consigne les pas du frère Jean, de la cité sous les eaux aux schistes rouges de Bréchéliant [NB : l'un des anciens noms de Brocéliande], est avant tout mû par une passion pour ce cavalier de l'orage, ce voyageur immortel et tardif que chemine, seul et nu, selon le mot des textes anciens, «vêtu de l'espace».
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- Frère Jean, me dit-elle, d'où vous vient cette passion des côtes ? Vous ne tenez pas en place. Vous marchez sans cesse. Ma servante me rapporte que même la nuit, vous allez sous les remparts.
Je savais bien que j'étais épié depuis mon arrivée. Je répondis :
- J'ai passé trop de temps dans la cellule de mon monastère. Dieu, c'est un infini de pas, de mers qui roulent, de passes dans les forêts, de clairières, de châteaux, de douves et de cités marines. Je voudrais cartographier Dieu, inscrire son corps sous un fouillis d'enluminures.
Le moine bougonnais. Je poursuivis :
- Princesse, je suis un errant. J'errais déjà avant de rencontrer le Dieu des Évangiles. Je chemine depuis. Mais je suis condamné au mouvement...
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Ainsi enfermé, je n'entends pas mon sang, le bruissement de ma vie, mais les mouvements, les murmures, le langage secret de tout ce qui m'entoure. J'entends courir les rivières, les fougères crépitent, avec leurs ongles, leurs aigrettes, leurs ombelles, et cette épaisseur de racines, de filets aquatiques, de sédiment de tourbe, de forêts souterraines aussi - car la forêt n'est jamais qu'un empilement de forêts qui descendent au creux des terres - s'inscrit sur mon armure, je suis, dans la cuirasse, une rumeur d'eaux, de sèves de feuilles et de racines qui percent, et, à l'extérieur, pour le regard des rares vivants que je rencontre, un entrelacs, une illusion, une écriture...
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J'ai avoué, Monseigneur, m'appeler Fern, mais je n'ai pas de nom. Je suis l'homme sans nom, l'orphelin qui a parcouru la mer ; un soir d'orage, à la limite de mon île, là où les forts, les sentinelles et les oiseaux regardent vers le nord,
je suis descendu sur des pas,
des pas comme de larges pétales qui constellaient la mer,
des pas de dieux ou de géants ou de divinités fulgurantes, des pas qui m'appelaient,
jusqu'alors j'avais un nom, un nom que m'avait donné ma mère, car je crois que je n'eus jamais de père,
on m'a raconté que j'étais fils de reine, ou alors peut-être me le suis-je dit dans mes songes, dans mes jeux d'enfant, jusqu'à ce que, des remparts où j'avais été élevé, je tombe dans la mer, l'eau était violente, peuplée de monstres, de dards, de glaives froids, de furies, d'armées pétrifiées, mon corps était un vaisseau broyé par les lames, dans la tempête dans la roue des courants, mes os craquaient.
Regardez : le sel, le vent, le froid m'ont vieilli,
l'enfant et le nom que j'étais sont restés sur l'autre rive, je m'offre à vous, orphelin, dépossédé, vos terres glacées,
vos splendeurs m'éblouissent,
le luxe de vos rites,
la magie et le manteau sacré du Vieux Conseiller.
Je vous ai dit ce nom que j'avais entendu dans le temps du passage,
je reconnais et j'admire votre royauté, Monseigneur,
je vous rends le manteau et l'épée,
pour vous servir.
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Je ne saurais me satisfaire d'une terre d'apparence finie. C'est pourquoi, enfant, je rêvais d'un au-delà du large. C'est pourquoi j'ai bandé l'arc de pierre. Mais toujours je garderai la nostalgie de ce monde d'avant où les guerriers brutaux creusaient la neige et la boue, puis partaient sur la mer, dans des barques lourdes comme des auges. Le soleil, la pluie, le gel, le grain des pierres ont sculpté mon visage.
Les cathédrales que j'ai construites, je les ai levées en souvenir des pierres et des sépultures dressées dans un royaume invisible dont la terre des Angles n'est qu'un appendice.
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