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EAN : 9782070315345
256 pages
Gallimard (10/06/2004)
4.05/5   19 notes
Résumé :

Au Faou, petit village situé tout au fond de la rade de Brest, au rythme d'une scansion mystérieuse, les marées envahissent ou désertent le port. Elles remplissent le lit dela rivière qui arrive de la forêt toute proche. C'est là, entre l'océan et les bois, qu'est né le narrateur. La maturité venue, il revisite les lieux de son enfance - les maisons familiales, l'église, les grèves, la forêt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Gabriel s'en est allé juste au moment où Philippe se trouvait à l'étranger, à Saint-Pétersbourg. le dernier de ses grands-parents est parti pour des contrées inconnues alors qu'il était absent.

Il est des instants de la vie qui nous font prendre conscience de l'importance, de l'impact de l'amour de nos grands-parents sur notre construction d'homme ou de femme. La maturité aidant, nous percevons la vie avec plus de discernement et d'acuité. Si nous avons eu la chance de connaître ce bonheur, c'est un flot de souvenirs, de récits, d'images, nichés au plus profond de notre intimité qui se rappellent à nous instantanément venant tous nous bousculer. Ils apportent avec eux la tendresse, la chaleur, la lumière, des saveurs, des joies simples, que chacun de nos mémé, pépé, papy, mamy ont su nous apporter.

Philippe, à partir de ce moment, éprouve la nécessité d'écrire sur Gabriel, Anne, Jean et Marie. C'est un besoin impérieux pour se rapprocher d'eux, leur rendre « un hommage fervent, la reconnaissance publique d'une dette que l'on ne finirait pas de payer », et coucher sur le papier tous ces merveilleux instants d'une époque révolue mais qui parlent d'eux, de leur histoire, de leur culture et de cette ensorceleuse Bretagne éternelle.

Philippe raconte le brun mordoré des flancs du Menez Hom, l'épaisse, la ténébreuse forêt du Cranou, la légendaire Ville d'Ys, les bords de l'Aulne et la maison du passeur, les récits familiaux parlant de landes, de brumes, de mauvaises rencontres, de croque-mitaine, de voyageurs dévalisés, disparus dans cette mystérieuse auberge rouge, de grenier interdit où il est plaisant de se cacher afin de pouvoir feuilleter les vieux Paris-Match, les Chasseurs Français, du chien Sultan, de l'égrégore de certaines messes et des disparus que la mer a emportés. IL n'en faudra pas plus à un enfant hyper sensible, romanesque, rêveur, pour alimenter son imaginaire et faire de lui un écrivain.

Sous sa plume, les « Pardon » s'animent, les femmes portent la coiffe, les bannières flottent au vent, que ce soit celui de Rumengol ou de Sainte-Anne-la-Palud, tout un monde d'un autre temps prend vie sous nos yeux.

Il y a de drôles d'anecdotes comme celle des prénoms. Elle était née un 26 mars, jour de l'Annonciation faite à Marie et ses parents avaient jugé bon, selon les préceptes de l'Eglise catholique, de la nommer « Annonciat ». – Ne riez pas, mon compagnon a eu un patient qui se prénommait « FêtNat » et il n'était pas breton. –

A la lecture de ce récit, la mémoire fait ressurgir ces matins de pêche imprégnés de l'odeur du goémon, où selon l'horaire de la marée, équipé de bottes, de paniers, de vieilles cuillers à palourdes, le regard s'arrête sur le courant que vient strier l'eau de petites rides chatoyantes et où les pieds s'enfoncent dans le sable mouillé parsemé d'algues échouées.

Philippe le Guillou possède une écriture élégante, classique, que j'ai savourée en cette période de confinement, je me suis échappée. C'est un homme qui aime les mots ! Au cours de ma lecture, j'ai eu, en un éclair, l'impression vive de lire Marcel Proust.

Il y a de merveilleux instantanés d'une Bretagne légendaire, d'autres instantanés d'une Bretagne pauvre, laborieuse et rude, d'autres instantanés d'une Bretagne catholique et c'est une belle promenade dans les brumes celtiques et une remontée dans le temps.

Je continuerai ma découverte de Philippe le Guillou mais je voudrais découvrir plutôt ses récits de légende comme « Livres des guerriers d'or », je trouve que la tonalité de son écriture s'y prête parfaitement.

« D'autres fois encore, si la marée était haute vers cinq ou six heures, il (Gabriel) allait s'asseoir près de l'église, sur la terrasse circulaire qui surplombait les flots et qu'il appelait, lui, toujours le « cimetière » parce que, comme à Landévennec ou en Irlande, les tombes avaient longtemps entouré la nef jusqu'à ce que l'on estime, essentiellement pour des raisons d'hygiène, qu'il était préférable d'inhumer les morts un peu plus loin du village. IL s'installait sur un banc, il regardait le large, seul ou en compagnie de quelques anciens de la Marine qu'il trouvait là, cette petite société parlait peu, elle contemplait, jusqu'à l'hébétude, les rouleaux d'écume et les courants qui ridaient le flot ».
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C'est écrit d'une façon bien classique et pas désagréable, encore que parfois lassante.
Mais c'est empreint d'une nostalgie d'un passé idéalisé et d'un culte des traditions qui me paraissent un tantinet réac'.
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Un bel ouvrage. Philippe le Guillou, dont la plume est d'une extrême délicatesse, nous offre une partie de sa jeunesse passée dans la Bretagne profonde. Il nous permet d'entrevoir la belle relation qu'il entretenait avec ces 4 grands parents et l'héritage qu'ils lui ont transmis. Nous sommes très vite embarqués à travers ces chapitres courts respirant de vie. Une ode à la Bretagne, à la vie simple.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Des tombeaux livresques et des autels.

Les tombeaux à la mémoire de Gabriel, mes lecteurs les visitent. Les autels, seuls mes intimes ou mes visiteurs les connaissent. Dès mon installation, en août 1998, j'ai fait de la petite entrée de mon appartement parisien une chapelle dévolue au souvenir de mon grand-père maternel. Sur une console, auprès d'une statue de Notre-Dame de la Garde, la Madone des mers et des missions, et juste sous une photographie qui montre Gabriel sur le pont du torpilleur "Cyclone", entouré de ses frères marins, j'ai disposé un carnet de navigation qui lui appartint au temps de sa formation, des sphères armillaires, un petit guerrier chinois exhumé d'un hypogée impérial, le couteau à l'aide duquel il pelait ses poires à l'épaisse peau hivernale, des azulejos avec des emblèmes maritimes. De la même manière, j'ai raccroché au-dessus de la porte du salon le plan très précis d'un navire, le "Jules-Michelet", dessiné par lui dans les années vingt.
Il est là ainsi, au cœur d'une ville qu'il ne connaissait pas, tout près de l'ancien ventre de Paris, et il me regarde dans l'accomplissement de ma vie quotidienne.
Sur le buffet du salon, tout près de la collection d'assiettes de Quimper, j'ai déposé sur un petit chevalet un cours de timonerie à la couverture rouge usée. On dirait presque un traité de mathématiques mais, ce qui m'émeut, ce sont les annotations de la main de Gabriel et la mention, par lui tracée, de son matricule

Martin Gabriel
Matricule 116 095.
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.
[...] un charmant chemin creux aux flancs tapissés de mousses et de fougères naines descend jusqu'au grand porche de l'église .
[...] non loin de là , sur le palud , habitait un vieil homme acariâtre surnommé Poupoulic parce qu'il chantait immanquablement dans les banquets :
" ♫ Viens poupoule , viens poupoule , viens ! ♫ "

Ses relations avec son épouse étaient à ce point détériorées qu'un jour , il profita de son absence pour déposer dans le savoureux pot-au-feu qu'elle mitonnait une offrande fécale par lui amoureusement façonnée .
L'histoire se racontait ...

P. 145
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Je hais ceux qui ont vendu les stalles, les ostensoirs, les chapes, les manipules et les encensoirs, toutes ces splendeurs qui avaient enchanté le regard de nos aïeux, en nourrissant leur foi et en les éveillant à la beauté, je hais ceux qui ont remplacé l'orgue et l'harmonium par la guitare des chants de scouts, je hais ceux qui ont mis à la place de l'orfèvrerie religieuse des plats et des gobelets en grès parce qu'il s'agissait de faire simple, comme chez soi, je hais tous ceux qui ont bradé le mystère en vendant les saintes tables, en supprimant la distance qui est l'essence du sacré, en livrant aux marchands du temple des objets, et bien plus, qui étaient comme tissus au génie du christianisme, je hais tous ces destructeurs, ces profanateurs patentés qui ont oublié l'engagement de leur ordination et le sens des étoiles qui constellaient les voûtes bleues de leurs églises, aveuglés par l'horizontalité sociale, aux dépens du nécessaire service de la triple gloire du Créateur, du Sauveur et de l'Esprit. Je les hais et j'espère que là-haut il leur aura été demandé des comptes pour leurs funestes agissements.
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Vidéo de Philippe Le Guillou
https://www.laprocure.com/product/1495062/le-guillou-philippe-brest-de-brume-et-de-feu
Brest, de brume et feu Philippe le Guillou Éditions Gallimard
©Philippe le Guillou pour la librairie La Procure Animation par Mathilde, libraire à La Procure de Paris
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