Je n'avais encore jamais lu
Ursula le Guin, autrice célèbre et reconnue à plus d'un titre, pour son talent à créer des univers et des histoires en Fantasy comme en SF.
Dès les premières lignes, j'ai été émerveillée et emportée dans
Terremer, ce chapelet d'îles imaginaires fleurant bon la bonne vieille fantasy à la
Tolkien mais sans tous les défauts de ce dernier. Je trouve que
Tolkien noie son lecteur dans des descriptions et des informations (inutiles au récit) sur des chapitres entiers. Il s'est cassé le bonbon à créer un monde de A à Z et on sent bien qu'il veut nous en faire profiter même si, là, on n'en peut plus, on ne sait plus où on est, ni avec qui, ni pourquoi.
Le Guin, c'est tout l'inverse et c'est là que ça peut être frustrant aussi.
Je titille un brin
Tolkien mais il a transmis une toile complète et minutieuse de son monde jusqu'au moindre petit brin d'herbe.
Le Guin, elle, nous partage sa palette de couleurs, les grandes lignes fondatrices et c'est tout. Débrouille-toi pour combler les vides. Tout ce qui ne concerne pas directement son récit est laissé vierge. Et que c'est frustrant ! Oui, ça laisse une folle liberté et cela ajoute grandement au plaisir de lecture, car, par tous les vents, la dame sait écrire ! C'est beau, plein de poésie (sans s'écouter écrire non plus) mais ça m'a laissé un immense goût de pas assez.
Pareil au niveau des personnages. le point de vue externe devrait nous éloigner d'eux et de ce qui leur arrive… mais non ! Elle est arrivée à m'attacher à tous les personnages même ceux de 3è plan. le temps que je réalise qu'en fait je ne les reverrai plus, je me sentais toute abandonnée. J'aurai tellement voulu en savoir plus sur eux ! Et maintenant qu'elle n'est plus là, je ne peux même pas la harceler pour savoir… À moins de jeter un certain sortilège et la ramener de derrière le mur… (ne faites pas ça chez vous )
Le cycle commence par le roman initiatique de Ged, un gamin avec de grandes facilités en magie qui va vite être envoyé à l'île de Roke et sa grande école de magie. Là, il se confrontera à lui-même, se liera d'amitié et embrassera sa destiné. C'est hyper classique racontez comme ça et, en effet, ce 1er tome est classique, mais l'écriture de le Guin donne un tout nouveau souffle au récit et l'envie de dévorer la suite, qui poussera ledit classique dans ses petits retranchements. Et sans vouloir me répéter, il y a aussi ce monde fabuleux à la mythologie passionnante qui se dévoilera à nous au fil des tomes ainsi que tout ces personnages attachants.
Si Ged porte ce 1er tome, d'autres viendront partager leur histoire dans les suivants, complétant ce foisonnant puzzle à la fois dans le temps et dans l'espace. Ged refera des apparitions mais plus en soutien et comme fil conducteur qu'autre chose.
Chronologiquement parlant, les tomes 1-3 et 6 se suivent. le tome 4 se déroule en même temps que le 3 et le tome 5 est un recueil dont les histoires se déroulent avant le tome 1 et qui expliquent certaines parties du lore et c'est juste passionnant !
Enfin, j'aimerai abordé un point qui me tient à coeur. Là où Le Sorcier de
Terremer est très masculin-centré (mais elle met en avant des personnages de couleurs, ce qui est déjà énorme pour l'époque et ce malgré le whitewashing des couvertures et des adaptations au petit et grand écran),
Le Guin nous offre dans les suivants une très belle représentation de personnages féminins variés, complexes et intéressants. Je pense très fort à
Tehanu qui est mon tome préféré et dont l'héroïne est une femme d'une cinquantaine d'années. Cela change pour le mieux et ça fait bien plaisir. Elle ira plus loin dans les suivants, bousculant quelques dogmes au passage. Donc, question ouverture d'esprit et représentation, je trouve que le Cycle de
Terremer se pose.
Vous l'aurez compris, cette intégrale est un véritable coup de coeur et j'ai hâte de lire le reste de l'oeuvre de cette immense dame que j'aurai aimé découvrir beaucoup plus tôt. Peut-être pas pour la harceler mais juste pour la remercier.
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