15 mai. Il était juste midi et le soleil tapait déjà fort sur les verrières du palais de l'industrie. On se serait cru à l'intérieur d'une serre tant il faisait chaud malgré les stores qui tamisaient la lumière. Je transpirais sous le chapeau à mantille noire qui voilait mon visage. Le catalogue que j'avais acheté au guichet donnait un plan de l'exposition, mais je préférai me lancer au hasard dans la cathédrale de verre sous laquelle, dans les hauteurs, des essaims de moineaux voletaient entre les arcades de fonte de la charpente.
Olympia n'a pas quitté l'atelier de Manet jusqu'à sa mort, en 1883. Suzanne Manet, propriétaire du tableau après le décès du peintre, tenta de le vendre à un collectionneur américain. Mais le projet n'aboutit pas. En 1890, Monet lança une souscription à laquelle répondirent favorablement, entre autres, Fantin-Latour, Degas, Renoir, Pissaro, Toulouse-Lautrec, Rodin, Mallarme (mais pas Zola qui, curieusement, refusa de participer). Les vingt mille francs qui furent rassemblés permirent d'acheter le tableau à Suzanne et d'en faire donation au Louvre qui le fit accrocher dans ce qui était alors son annexe ou son antichambre, le Musée du Luxembourg.