Le dernier voyage d'Alexandre de Humboldt, tome 2 : Seconde partie

[Cette critique concerne les deux tomes de ce diptyque]
Dans ce récit à mi-chemin entre exploration scientifique, expérience mystique et fantastique, les deux auteurs montrent un très grand talent à nous plonger dans le milieu du 19e siècle en s'appuyant à la fois sur l'imaginaire autour de cette époque et sur une évidente riche documentation préparatoire. Celle-ci se laisse deviner au fil de certaines pages aux dessins très détaillés, qui semblent reproduire des extraits de livres scientifiques du 19e siècle. Au delà de cet exemple, les dessins sont impressionnants pour ce qui est des paysages, que cela soit en pleine mer, dans la forêt ou sous terre. La palette de couleurs choisie crée une ambiance à la fois datée, sombre, salle et fantastique. Pour en revenir au récit, celui-ci s'appuie dans le premier tome sur un souci de réalisme puis peu à peu va s'en écarter pour basculer dans le deuxième tome dans une quête intérieure nourrie d'un imaginaire symbolique. de la quête d'un "trésor" scientifique, on passe à la quête de soi-même. le changement est progressif mais devient à un certain moment radical. Il m'a laissé un peu sur le côté, même si je reconnais qu'il est très bien réalisé visuellement et dans son déroulé. A découvrir.

"J'ai été pourchassé, j'ai fait naufrage, saigné, contemplé l'abîme..." (79)

Le premier tome était beau, original, surprenant. Cette seconde et dernière partie est enchanteresse.

Là où les tomes 2 sont souvent la continuité d'une première idée jaillissante avec pour finalité un final, cette série offre une suite en pleine envolée. Elle se libère du carcan du premier jet pour s'épanouir dans une créativité en liberté.

La poésie de Dark Crystal, un clin d'oeil à M.C. Escher, des techniques graphiques étonnantes, composent un monde flottant, onirique, féerique, grave et léger à la fois. L'humour, décalé, mais bien présent, crée un lien de connivence, une conscience de l'aspect dérisoire aussi bien que profond des multiples méandres de l'esprit et de son cinéma personnel ou partagé.

Une des plus belles bandes dessinées qu'il m'ait été donné d'avoir entre les mains.

Cela fait quatre mois que Luise, Humboldt et l'insupportable von Ritter campent aux pieds d'une mine désaffectée. Leur objectif étant de trouver l'huphrahomen, la source de vie qui devrait se trouver selon leur vieux manuel, dans une salle au coeur même des galeries souterraines. L'expédition se monte dès qu'ils commencent à sentir la révolte des locaux. Il n'y a plus de temps à perdre ! Les voilà s'enfonçant gaiement dans les entrailles profondes et mystérieuses jusqu'à ce que la nature laisse la place au surnaturel. Chacun échouant dans des contrées inconnues et différentes. Seuls, obligés d'accomplir leur propre périple ...

Paradoxalement, alors que j'avais regardé d'un oeil plutôt sombre le personnage de von Ritter dans le premier tome ... c'est lui qui m'a le plus interpellé ; par ses choix et son évolution. Un revirement auquel je ne m'attendais pas et j'apprécie toujours autant d'être surprise lorsque je lis une histoire surtout lorsque j'ai déjà commencé à prendre mes marques.

L'écriture est toujours aussi belle et agréable teintée d'une grande poésie. Quant au graphisme, il est encore plus époustouflant que dans le premier tome. Je l'ai trouvé particulièrement beau et agréable (de toute façon je fonds complètement sur les volutes et les spirales) sans compter l'harmonie des couleurs. le petit bémol concernera l'aventure vécue par Luise ; elle aurait mérité quelque chose d'un peu moins ordinaire, plus recherché, ... mais je reste sur un très beau diptyque !

Lien : http://depuislecadredemafene..

L'exploration de Alexandre de Humboldt, Louise Amadilla et Karl von Ritter se poursuit.
Les planches sont toujours aussi intéressantes mais l'histoire bascule franchement dans le fantastique et le symbolique ... et là je me suis un peu perdue à l'image des trois personnages principaux.