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Citations sur Electrico W (13)

l'Okavango. C'est un fleuve africain, un fleuve bien plus long et plus puissant que le Tage ou le Rhône et sa largeur, aux rapides de Popa Falls, dépasse le kilomètre. Il prend sa source en Angola, longe la Namibie avant de pénétrer dans le Botswana. C'est là qu'il rencontre le désert du Kalahari. Il s'enroule alors en méandres, il crée une riche forêt tropicale, façonne un immense delta marécageux et salé que peuplent des milliers de flamants roses. Pendant la saison sèche, on compte des myriades d'îles, formées autour des termitières géants, des buissons touffus. Les dépliants touristiques parlent de marais luxuriant, d'un miracle de l'eau, d'un paradis terrestre. Tous les fleuves coulent vers la mer et la mer n'est jamais remplie, dit l'Ecclésiaste. Ce n'est pas vrai : le Kalahari est immense, et toute l'eau de l'Okavango s'évapore peu à peu, disparaît dans la boue et les sables.
L'Okavango n'atteint jamais la mer. Son destin de fleuve ne s'accomplit pas.
p227
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Une goutte fraîche est tombée sur ma main. Je suis retourné m'asseoir près d'Irène. Le trottoir devant nous s'est soudain couvert de petites taches d'un gris sombre. Elles naissaient rondes comme des pièces de monnaie, s'allongeant en larmes sur les pentes. Soudain il y a eu l'éclair, et tout de suite le tonnerre, la brise a fait tinter la ville, l'air lourd s'est coloré de fraicheur. Un bruissement clair est sorti du sol, tout s'est assombri d'un coup et il s'est mis à tomber des trombes d'eau. Vite, elle a envahi la rue, dense et lumineuse, et cette gelée translucide et grelottante reflétait l'argent du ciel. Ç'aurait pu être une de ces pluies de mousson, violentes et douces à la fois, qui lavent la terre. Mais à Lisbonne, nul n'affichait cette nonchalance abattue qui fait les Tropiques. On tentait d'échapper au déluge, on se réfugiait sous les stores des magasins, on rentrait le linge qui pendait aux balcons.
p188
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Quand je suis arrivé en France, j'ai lu le poème de Voltaire sur le désastre de Lisbonne. Je l'ai même appris par cœur :

Direz-vous, en voyant cet amas de victimes :
Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes ?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants ?

[...] Parfois, je me dis que c'est ici en 1755, pendant le tremblement de terre, que Dieu est mort.
p48
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Les tombes sous le soleil ne sont jamais tout à fait mélancoliques. On trouve toujours un peu de vie pour égayer le regard, un brin d'herbe qui miroite, un pinson étourdi qui picore le sol, un scarabée noir aux grosses mandibules qui se traîne sur le gravier. Et puis, quand les tombes ne racontent rien, on ne s'y attarde pas.
p125
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- Je pense même que nous devrions lui avouer, pour Lena et moi.
J'étais très heureux de la trouvaille de ce "nous" complice. Il ne fallait pas en abuser, surtout pas. Les hommes ont du mal avec le "nous", ou plutôt, leur "nous" finit souvent mal, dans des connivences suspectes.
p70
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Une cravate pourpre, un pull jacquard rose et turquoise : Vieira avait beaucoup de goût. Mauvais, mais beaucoup, comme disait je ne sais plus qui.
P162
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Ma grand-tante était morte, quelques jours plus tôt. Tante Odile. Je marchais dans la rue ensoleillée, la rue Lecourbe où je vivais avec mes parents dans un petit deux-pièces, au 19, et j'ai pensé à tante Odile, toujours parfumée à la violette, à cette dame rougeaude et un peu forte que je ne reverrais plus. Une idée m'a foudroyé, pétrifié au milieu du trottoir, mon cartable d'écolier à la main: tante Odile appartenait au passé? Je n'avais que neuf ans et j'avais pourtant un passé, et j'existais désormais parce que j'en avais conscience.
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Le peuple de l'archipel d'Adjiji est persuadé que Dieu, qu'ils appellent Niaka, est très méchant et que le diable, qu'ils nomment Puku, est bon. Ils suivent les règles morales édictées par les prophètes de Puku, qui les exhortent à renoncer à Niaka. Cela ne change finalement pas grand-chose. (p.226)
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António n'avait pas plus voulu retourner vers Canard qu'Ulysse vers Pénélope. Qu'était-ce que l'Odyssée, sinon la chronique d'un aventurier qui a aimé Circé la magicienne, la nymphe Calypso, à qui l'on a promis la main de Nausicaa et qui ne cesse, trompant les apparences, de différer son retour ? Un homme qui, la nuit où les dieux le déposent de force sur la plage d'Ithaque, est si furieux de son sort qu'il se livre au plus inutile et sanguinaire des massacres, quand prononcer son seul nom d'Ulysse eût suffi pour que les prétendants s'inclinent.
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J’ai pour ceux qui échouent une complaisance fraternelle, leurs errances excusent mes faiblesses.
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