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sur 10722 notes
Ça ne m'arrive pas souvent ! Quand un livre me surprend et m'enthousiasme, je le lis deux fois coup sur coup. Et à la deuxième lecture de L'Anomalie, j'ai découvert des détails qui m'avaient échappé et j'ai trouvé de quoi encore m'enthousiasmer. L'Anomalie est un livre dont on parle et je ne l'avais pas choisi par hasard. Sans en savoir plus, j'avais capté qu'il s'agissait d'une fiction sortant de l'ordinaire et que j'allais être secoué.

Secoué, je l'ai été, mais pas autant que les passagers d'un Boeing 787 assurant le 10 mars 2021 une liaison Paris – New York, pour le compte d'Air France.

Premier chapitre, portrait d'un tueur… Serais-je dans un polar ?... Ce ne sera pas la seule fausse piste, car l'auteur sait y faire pour promener son lecteur. Il s'agit en fait du premier tableau d'une galerie de portraits. Des personnages, tous différents, dont la complexité intime est exposée d'une manière qui éveille la curiosité. Parmi eux, un écrivain, dont on pourra penser qu'il est un double de l'auteur ; chacun, d'ailleurs, aura son double. Qu'est-ce qui peut bien les relier, ces personnages qui n'ont apparemment rien en commun ? Il est clair qu'ils étaient tous à bord de cet avion bousculé par des éléments déchaînés, dans lequel ils ont bien cru laisser leur peau…

Quel rapport avec le mystérieux protocole de sécurité nationale qui vient de se déclencher aux États-Unis ? Ce protocole portant le numéro 42 avait été élaboré vingt ans plus tôt dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, par un étudiant en mathématiques génial, facétieux et amateur de films SF, ressemblant de surcroît à un acteur hollywoodien, – mais lequel ? –. Un ensemble de dispositions administratives et militaires ayant pour finalité de réagir à une situation inattendue, je dirais même plus, inconcevable, au sens propre du terme : impossible à concevoir.

En cause, une anomalie, une divergence survenue lors du vol transatlantique du 10 mars 2021, très précisément à 16 heures, 26 minutes, 34 secondes. Un phénomène dont la compréhension et les conséquences vont nécessiter l'intervention de mathématiciens, de scientifiques, de religieux, de philosophes, de psychologues pour des débats de haut niveau… qui finiront par se diluer dans les commentaires de milliers de soi-disant experts de par le monde, comme nous avons pris l'habitude d'en voir au quotidien sur les médias et les réseaux sociaux.

Le roman est aussi captivant qu'un thriller. Au fil de la narration, très imaginative, qui fait tour à tour la part belle à l'humour, à l'émotion et à la tragédie, l'auteur a placé des indices subtils, que je n'ai parfois relevés que plus tard. La construction, précise et cohérente, impose le respect, au point que même dans les passages qui m'ont semblé confus, je me suis reproché de n'avoir pas tout compris.

Je ne connaissais pas Hervé le Tellier, un homme de lettres à l'oeuvre un peu hétéroclite : des romans, des essais, diverses sortes de chroniques et beaucoup de participations à des émissions radiophoniques. J'ai pris note de sa formation de mathématicien, ce qui lui a certainement donné le sens de l'abstraction, et du fait qu'il est l'actuel président de l'Oulipo, l'Ouvroir de la Littérature Potentielle, ce fascinant groupe littéraire inspiré du surréalisme, où la pratique de l'écriture avec contrainte que s'imposent ses membres ne peut que développer leur virtuosité d'écrivain.

Virtuosité et sens de l'abstraction, il fallait bien cela pour écrire un livre comme L'Anomalie. Ajoutons-y des références ébouriffantes puisées dans l'air du temps culturel et géopolitique des trente dernières années, sans oublier des poèmes et des chansons en anglais que l'auteur semble avoir écrits lui-même. Et quand il s'accorde des respirations, le Tellier contemple « une brise d'été qui fait vibrer l'argent des feuilles », cite des mots de l'Ecclésiaste ou évoque une blague juive.

Une lecture éblouissante et riche, qui échappe à la raison courante et qui incite cependant à la réflexion. Que ferions-nous si nous nous trouvions face à nous-mêmes ? Et si nous n'étions que les avatars d'une simulation d'une autre dimension, conçue par une intelligence supérieure du futur ?

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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♫ Il a tourné sa vie dans tous les sens
Pour savoir si ça avait un sens, l'existence
Il a demandé leur avis à des tas de gens ravis
Ravis, ravis, de donner leur avis sur la vie
Il a traversé les vapeurs des derviches tourneurs
Des haschich fumeurs et il a dit
La vie ne vaut rien, rien, rien, la vie ne vaut rien♫
Alain Souchon - 2001 -

Une chanson qui évoque la brutalité et les difficultés dans la vie, mais malgré tout, l'importance de garder espoir dans la vie.

Ne pas tenter d'expliquer
Témoigner avec simplicité...
Ne retenir l'avis que de onze personnages
L'air ravi des visages
les ravis soeur dévisagent
les envahisseurs on l'envisage
un homme averti en vaut deux
déclencher protocole 42
Nous sommes nés de la mème mère, la même année, le même mois, le même jour et à la même heure. Pourtant nous ne sommes ni jumeaux, ni jumelles !!?
Pas de lumière collective même en additionnant nos obscurités individuelles !!
Rencontre du 2em type
Inquiétante etrangeté du double narcissique
convaincre tous ceux qui veulent bien l'être
qu'on est celui qu'on prétend être
"I am 1, U are 2, we are free"
L' improbable aux conséquences infinies
Le plus noir des scénarii , un memento mori
On obtient plus de choses en étant armé et poli
qu'en étant simplement poli !
Ça c'est Al Capone qui l'a dit.
Savoir une chose, ce n'est pas la vivre
Les vérités sont des illusions
notre vie qu'une pâle simulation...

Bien faire et laissez braire
j'en ris j'en parle je lis"braire"
Là c'est moi qui vous le dit
Qui dit "si mule à Sion", dit "Âne au Mali"
Une situation unique n'est pas vraiment dans un sens interdit
♪Là je dis Rien, rien, rien, Rien ne vaut la vie♪

stop Ou lipo, là je dis Chapeau !
Quand on a le marteau, tout ressemble à l'enclume
Heureux de vous décerner , Mr le Tellier,
ce 5* à titre anthume...💖💖💖💖💖
Merci à Masse critique
et aux Ed Gallimard pour ce pertinent hasard






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Plusieurs personnages sont successivement présentés, chacun en un ou deux chapitres. Un lien entre eux apparaît rapidement, mais a priori sans grand intérêt. Dans une seconde partie, ce lien se précise, et le moins que l'on puisse en dire (sans spoiler) est qu'il exceptionnel ! Les scientifiques les plus renommés sont eux-mêmes sidérés ; ils avancent quelques hypothèses, mais peu convaincantes.

Ce roman de science-fiction met ironiquement et habilement en scène quelques travers de nos sociétés (émissions de télévision à grand spectacle, fonctionnement du monde de l'édition…) et personnages célèbres (Trump, Macron). Les religions sont également moquées, à juste titre. L'auteur nous invite aussi à réfléchir à notre propre existence, à ce qui peut, ou pas, lui donner de la singularité.

Ce roman, agréable à lire, peut être qualifié d'inattendu, tant son propos et les situations présentées sont singuliers. Je le recommande donc vivement aux amateurs de SF, mais aussi et surtout aux autres qui pourront se réconcilier avec ce genre littéraire.
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Bonjour à toutes et tous
Dans une critique du roman d'Hervé le Tellier, L'anomalie (excellent et j'en parlerai plus tard), publié par le membre Ninosairosse, je pose dans les commentaires une question (effacée depuis, comme notre échange, par cet individu) à propos de l'énigme de Stanford et sa formulation.
Voilà ce qu'il me dit dans les commentaires : "C'est quoi cette masturbation intellectuelle !? Ta syntaxe tu te la mets dans le forum et pas dans les commentaires...à "toutes" .
Donc, il suppose (sa formulation syntaxique l'indique clairement) qu'en tant que FEMME, j'ai un forum (un orifice) et que je peux "m'y mettre" ma syntaxe. Alors les filles (et les garçons) : n'est-ce pas là un parfait exemple de la misogynie la plus basique subie par nous les femmes, par des individus comme Nino, parce-que nous sommes des femmes ? Et ce n'est pas une énigme...
Je publie ça ici car notre ami efface nos échanges où il se sent bien mal et dévoilé dans ses préjugés.
Je publie ça ici car ça ne nuira pas à Hervé le Tellier, Oulipien adepte de bifurcations.
Cette bifurcation est politique parce-que sur un forum de lecture, cette référence violente à la pénétration proférée à une femme par un homme est une agression.
Je ne demande ni pardon ni "rien" justement (énigme de Stanford).
Je tiens juste à ce que ça soit su et non effacé comme il'a fait.
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Au commencement, le livre est clairement un thriller : un personnage mystérieux, organisé, qui calcule bien ses déplacements, cela nous fait presque frissonner alors qu'on est en Mars.
Puis nous passons à d'autres vies, d'autres trajectoires et on se demande quelles cordes vont bien pouvoir unir tous ces personnages.
L'auteur utilise une petite dose d'humour savamment distillée aux bons endroits, lorsque la température le permet, et c'est toujours un petit bonheur.
Au commencement, le livre est aussi un thriller : le personnage mystérieux, organisé, qui calcule toujours bien ses déplacements, cela nous fait encore frissonner alors qu'on est en Juin.
Puis nous continuons les autres vies, les autres trajectoires et on se demande quelles cordes vont bien pouvoir faire vibrer tout ce personnage.
L'auteur utilise une petite dose de science, mesurée, lorsque le matériel littéraire le permet, et c'est toujours précis.
Au commencement, le livre est aussi un thriller : le personnage... Mais non, ça peut pas continuer comme cela cette critique !
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Blake : tueur à gages
Miesel : auteur
Lucie : mère célibataire et monteuse (ciné)
André : amoureux de Lucie
Sophia : petite fille intelligente et curieuse, passionnée par les batraciens
Slimboy : chanteur au Nigeria...
J'en passe, il y a pléthore de personnages, présentés en alternance sur près de 130 pages.
Si on manque de patience, d'attention, c'est vite lassant et on se demande quand l'auteur va passer à l'intrigue, ou s'il va poursuivre en mode catalogue (je ne lis pas les 4e de couv)...
Pour nous distraire ou étoffer, il nous éduque (vacances apprenantes, les amis, merci), à grand renfort d'anecdotes, d'énigmes, de mini-cours de géopolitique, et ça fait parfois ajout artificiel, cop-coll Wiki, même si je ne doute pas des connaissances et de la culture d'Hervé le Tellier, oulipien.

Deuxième partie du livre : ayé, on décolle enfin. Gare aux turbulences, ça va secouer, et plutôt deux fois qu'une.
Les amateurs de SF apprécieront - ou pas ? peut-être trouveront-ils cela simpliste ?
L'idée m'a plu, mais j'ai été souvent perdue dans les hypothèses scientifiques.
Les réflexions philosophiques suscitées m'ont ravie, en revanche. Et par-dessus tout, l'auteur m'a (tristement) amusée avec ses critiques sur la religion et sur les "grands" hommes d'Etat de la planète. Les médias en prennent aussi pour leur grade - leur course à l'audimat et ses conséquences désastreuses.

Je conseille, notamment aux adeptes des premiers ouvrages de Bernard Werber (H. L.T. écrit beaucoup mieux, ses personnages sont plus complexes donc plus crédibles).
Vertige assuré !

• Merci Babelio, merci Gallimard !

******* rentrée littéraire 2020 - n° 1 *******
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Tout commence comme dans un film catastrophe américain : présentation des personnages, très différents les uns des autres, avec des détails qui accrochent et initient chez le lecteur la curiosité d'en savoir plus. Alors se pose une première question : quel est le point commun qui les rassemble au coeur de cette fiction? Un simple orage, fut-il d'une violence inouïe, au cours d'un vol Paris New-York en mars 2021? Et pourquoi se font-ils cueillir les uns après les autres par différentes autorités gouvernementales? Autant de questions dont je ne dévoilerai pas la solution ici!

Mais sans cela comment parler du fond de ce roman étonnant, à mi chemin entre science et philosophie. Avec des questions fondamentales, des mises en abyme et des impasses logiques qui rendent nos méninges aussi déboussolées que ce boeing malmené? Tant pis, je me tais. Trop en dire serait un véritable divulgachage.

Par contre je peux sans arrière-pensée et avec bonheur louer la qualité de la narration, la richesse du langage et la maîtrise de différents niveaux de discours, qui fut celle des Papous dans la tête, que je regrette tant.

J'ai réellement adoré ce récit d'anticipation proche (même le COVID y est abordé - a-t-il fallu des corrections ultimes pour l'inclure ou le roman a t-il été écrit après que l'épidémie nous sidère dans un confinement que rien ne laissait attendre un an plus tôt?). Et j'ai aimé autant pour l'histoire qui suscite des réflexions passionnantes que pour l'écriture que j'admire.

A recommander sans modération.

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour ce partenariat très apprécié.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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On peut dire, à ce stade, que je suis devenue une adepte des écrits de Hervé le Tellier. J'ai en effet lu Assez parlé d'amour, son Moi et François Mitterand, et Toutes les familles heureuses. Membre de l'Oulipo, Hervé le Tellier sème dans ses romans des sortes de jeux d'écriture que, pour être honnête, je ne repère pas toujours, mais qui donnent je pense à sa narration cette structure qui me plaît, souvent très originale. J'ai donc été ravie que l'on me propose de recevoir, dans le cadre d'une opération Masse critique spéciale de chez Babélio, son roman de rentrée littéraire. En juin 2021, les passagers d'un vol Paris-New York subissent de violentes perturbations. Lorsque la phase critique est dépassée, ils sont tous soulagés et ont hâte d'atterrir, avec l'intime conviction d'avoir connu un événement hors du commun. Ils ne vont pourtant pas être au bout de leurs surprises… Par ailleurs, de par le monde, de nombreux voyageurs d'un autre vol Paris-New York sont peu à peu emmenés par les autorités. Ils vont bientôt être confrontés à l'inimaginable. J'essaye de ne pas trop vous dévoiler cette intrigue qui tient sur sa révélation de milieu de livre. Nous faisons au départ connaissance avec une ribambelle de protagonistes qui ont tous comme point commun le même vol Paris-New york. Et j'ai aimé cette ambiance de roman choral, qui m'avait déjà plu dans Assez parlé d'amour. Parmi les centaines d'hommes, de femmes et d'enfants du vol, le narrateur va particulièrement s'intéresser à quelques familles plus ou moins bancales, des personnalités et un auteur, Victor Miesel, l'auteur d'un ouvrage intitulé L'Anomalie (tiens tiens) et qui s'est donné la mort sans explications. Hervé le Tellier, dans une année 2020 déjà bien particulière, nous propose d'imaginer une année 2021 encore plus extraordinaire, le jeu d'événements inexplicables, et à même de remettre en cause le principe même de notre humanité. Et c'est assez jouissif, intelligent et perturbant !
Lien : https://leslecturesdantigone..
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GIGA COUP DE COeUR. ♥️

Un ovni littéraire. Je suis absolument ébloui/choqué/fasciné par ce que je viens de lire. L'auteur est un virtuose de l'écriture, ses mots sont d'une puissance vertigineuse et son intrigue est sidérante. J'aimerais oublier ma lecture pour réitérer l'expérience.

À mi-chemin entre les 4400 et Black Mirror, si vous aimez les ambiances qui sentent l'apocalypse et qui ancrent la science-fiction dans la réalité, foncez. C'est absolument excellent et jouissif. Hervé le Tellier signe ici le meilleur roman de la rentrée littéraire.
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Patrice Lecomte, avant de réaliser des films, faisaient des BD. Et je me souviens de l'une d'elles où un compositeur affolé s'apercevait que toutes les manières possibles de combiner les notes avaient été imaginées et que toutes les musiques avaient désormais été écrites.
J'ignore si les auteurs s'inquiètent de la réduction des histoires possibles au fil des productions cinématographique et romanesque, mais seul un adepte de la littérature potentielle pouvait tirer aussi magistralement les leçons de ces inspirations croisées: son livre est une compilation de références, des plus érudites aux plus populaires, du Nom de la rose à Men in black, qui peut se lire à tous les niveaux, roman d'aventures palpitant et méditation métaphysique désabusée.
Hervé le Tellier nous refait le coup de Six personnages en quête d'auteur: un personnage a-t-il une vie propre? Et nous-mêmes, existons-nous vraiment ou ne sommes-nous que les avatars d'un geek asocial enfermé dans sa chambre pour mieux se consacrer à la dernière version des Sims?
Si l'apocalypse nous attend (et avec Trump aux commandes, elle risque d'arriver encore plus vite que prévu), du moins sera-t-elle infiniment poétique et nous disparaîtrons comme un livre se referme à regret, reposé par un lecteur à la fois nostalgique et pressé d'en ouvrir un nouveau dont les variations infimes seront pourtant les promesses d'un autre monde.
Il est difficile de parler de L'Anomalie car il serait dommage d'en dire trop. Mais trop ne serait pas assez tant ce roman est riche, mélancolique et malin. Et que Dieu soit ou non aux manettes, j'espère que des prix sont au programme...
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