L'Anomalie

Le roman s'ouvre sur la présentation de passagers à bord d'un vol Paris New-York. Chacun a sa petite histoire, et je me suis demandée ce que ces différents protagonistes pouvaient bien avoir en commun. Je n'ai quasiment pas pu lacher ce roman, par envie d'en connaître le dénouement. Hélas, l'enthousiasme s'est un peu émoussé sur la fin. A lire si vous avez envie de suspense soupoudré d'une note d'humour.

Je n'ai qu'un mot: "nul", écrit par un écrivaillon qui a l'outrecuidance de refuser l'appellation de roman de science-fiction . Quel mépris! Dire qu'il a reçu le prix Goncourt. Je l'ai lu jusqu'à la fin et j'ai eu alors la certitude d'avoir déjà lu pareille histoire.
La définition du prix Goncourt est à ce titre édifiante : “Le meilleur roman d'imagination dans son fond et dans sa forme.” le premier roman qui l'a reçu fut, en 1903, un roman de science-fiction, Force ennemie de John-Antoine Nau. Aussi, je ne comprends pas la suffisance de ce mauvais écrivain de la "littérature dite blanche", car il ne veut surtout pas être confondu avec les auteurs se réclamant de l'Imaginaire. Il me fait penser à ma professeur de français de lycée qui n'avait que mépris pour la la littérature populaire et pour la classe ouvrière. Son roman est mauvais, mal écrit, bien loin du "Maître du haut château" de Philippe K. dick et de nombreuses nouvelle de Matheson.

Quand l'impossible devient possible. Quand ce qui était un protocole "blague" s'avère arriver. Quand on doit faire à un soi qui n'est pas totalement soi.
L'Anomalie est une anomalie littéraire, on ne peut pas le nier ! le Tellier déploie l'esprit Oulipo dans cet ouvrage, la littérature se fait mathématique et pose des questions à l'impossible. Drôle, exubérant, pastiche de différents genres, les nombreux personnages sont exploités dans des psychologies individuelles prises dans un événement commun. Oulipo retourne les esprits...

Lors d'un vol transatlantique, une anomalie est détectée. Une énorme anomalie. On suit alors le destin de plusieurs personnages, passagers de ce vol, avant et après l'incident.

Je dois dire que je ressors de cette lecture assez déçue. L'intrigue avait tout pour me plaire mais c'est la façon dont ça a été traité qui ne m'a pas plu. L'idée de l'anomalie est intéressante, mystérieuse et on a vraiment envie d'en savoir plus et de comprendre. Mais l'auteur s'attache à décrire des personnages sans vraiment de profondeur, plutôt lisses et froids, avec des caractères assez souvent antipathiques. On passe beaucoup de temps à avoir des avis plus ou moins élaborés sur cette anomalie à travers les médias, la religion, et ça prend une place énorme dans le livre. Tant de suggestions qui ne trouvent finalement pas vraiment de sens. J'avais l'impression que l'auteur s'est vraiment plu à étaler sa science et à nous inonder de théories, ce qui m'a plutôt embourbée dans ma lecture plus qu'autre chose.
C'est dommage car ce livre suscite beaucoup de questions quand même : la place de l'inconnu dans nos vies, nos réactions face à lui, et tout ce que ça peut engendrer au niveau sociétal. Malgré tout je l'ai trouvé lent, contemplatif, parfois certains passages m'ont semblés inadéquats. Bref pour moi ce livre tenait une idée du tonnerre mais ça a fait un flop au fur et à mesure de ma lecture.

Depuis longtemps dans les romans à lire, je reste dubitative sur ce Goncourt
Enthousiasmée par une première partie qui nous présente de façon originale les protagonistes, je me suis complètement laissée distancée quand sont apparues les digressions physiques et philosophiques…pour retrouver plus d'intérêt pour la fin de l'ouvrage.

Est-il nécessaire de préciser que ce roman est original. Bien évidemment par le postulat autour duquel il est construit, mais aussi par sa structure. le premier quart du roman accorde un chapitre à un personnage dont on comprend vite qu'ils ont vécu la même situation, mais sans que celle-ci les ait perturbés plus que cela. Au moins dans cette première partie.
Une fois l'anomalie exposée, on part dans des théories scientifico-religieuses un peu étonnantes et qui surtout cassent le rythme.
En fin de roman, on se rend compte que la théorie privilégiée est aussi celle qui pourrait expliquer pourquoi l'auteur n'accorde pas plus de place à ses personnages et à leur psychologie. Dès le début, il s'est fait une idée de leur existence qui justifie de ne pas trop s'y intéresser. C'est peut-être la philosophie derrière ce roman et ma quête d'empathie m'a fait passer à côté, à cause d'un choix imposé par l'auteur.

Le même avion, exactement le même, atterrit deux fois à 106 jours d'intervalle sur le sol américain. le premier est un vol régulier en mars, le second une duplication inattendue et incongrue de ce premier vol.
Que faire de tous ces passagers dont le double existe déjà ?
Comment cela se passe t il quand on rencontre son autre soi ?
Comment expliquer cet étranger phénomène ?
Sur une idée complètement absurde, l'auteur nous emmène dans un propos surréaliste certes, mais tellement bien amené qu'on y croirait presque. Les rencontres entre les différents doubles sont intéressantes et posent la question du regard que l'on pose sur soi. Aimerais-je me rencontrer moi même ? Que ferais je de cet autre moi ?
J'aurais aimé plus de rencontres entre doubles, par exemple un couple qui doit se confronter à son couple doublé.
Des réflexions intéressantes, une caricature de l'arsenal américain de surveillance, une critique du fanatisme religieux, un clin d'oeil à l'opacité de ce qui se passe en Chine, un clin d'oeil à E Macron, bref tout ça faisait un roman court et plutôt prenant, jusqu'à la toute fin qui m' a surpris autant que déplu. Et que je ne comprends pas. Déception, donc, car c'est bien la dernière page qui conclut tout un ouvrage !

Après nous avoir présenté une galerie d'une dizaine de personnages, tous plus différents les uns que les autres, mais qui ont tous en point commun le fait d'avoir emprunté un vol Paris - New-York qui s'est assez mal passé, l'écrivain nous entraîne dans un roman d'anticipation totalement vertigineux. En effet, ce vol, parti de Paris un 10 mars, va traverser une énorme turbulence, avant de se poser, un peu abîmé certes, mais entier, sauf que... l'avion atterrit en fait le 26 juin....sauf que...ce même vol s'est bien posé à New York le 10 mars...Cette "anomalie" met en alerte toutes les autorités américaines, FBI, NSA, l'armée, toutes les sommités aussi, Prix Nobel, mathématiciens, physiciens, philosophes...
Même s'il s'attache à écrire un roman humaniste, H. le Tellier ne boude pas l'action, trouve des rebondissements sans cesse surprenants, truffe son récit d'une ironie mordante, le protocole 42 en est un bel exemple, nous dit en substance que l'homme du "peuple" sait trouver des solutions à ses problèmes, ce que le politique est bien incapable de faire... Ou que confier la direction de monde à des tarés ne peut que mener à la catastrophe...Sans jamais être pédant, l'auteur fait preuve d'une belle érudition, qui va de la mécanique quantique aux sorts réservés aux enfants jumeaux dans les différentes ethnies nigériennes...Il y a du M. Tournier là-dedans et ce livre est un régal de lecture. Incontournable.

Comment parler de ce livre sans en dire trop, sans déflorer sa substantifique moelle ?
C'est une histoire passionnante à plusieurs titres, dans le récit et l'intrigue, mais aussi dans l'analyse psychologique très fine des personnages et, de plus, non dénoué d'humour.
La meilleure critique ? Lisez-le à tout prix !