Je ne pensais pas autant aimer ce livre. C'est un gros pavé, où on suit l'histoire de toute la vie de Umo qui grandit et évolue dans ce nouveau monde utopique où les principes appliqués sont ceux de la Déclaration d'Antonia (en gros : salaire à vie, propriété uniquement d'usage, principe de l'équilibre entre la planète, les animaux et les humains, égalité réelle, et le plus étonnant à mes yeux : abolition de la famille). Je m'attendais à trouver l'ennui dans un si gros livre où l'action et les rebondissements ne sont pas très présents.
Et bien non. Je me suis trompée. Je n'ai pas pu m'arrêter une fois que je l'ai commencé.
C'est formidablement écrit (même si pour ma part, je suis gênée par le choix de l'auteur de féminisation de la langue française - ce qui n'a rien à voir avec l'écriture inclusive, là il s'agit accorder en genre et nombre les participes présents par exemple, mais aussi de feminiser quelques mots tels que "les gens"). J'ai pleuré (à de nombreuses reprises) et ri tant les émotions du personnage se font ressentir.
On va donc lire le récit de vie d'Umo. Ses amours, ses expériences, ses voyages, ses amitiés, ses découvertes. Et tout cela donc basé dans un monde meilleur où personne ne meurt de faim, ou personne n'est à la rue et où les personnes se respectent.
C'est aussi un beau clin d'oeil à
Bernard Friot et Réseau Salariat qui parlent du salaire à vie. À travers cette histoire, on constate que malgré le fait que tout le monde perçoit un salaire de sa majorité à sa mort, les gens ont tout de même envie de travailler, d'entraider et de faire vivre le collectif. C'est une bonne réponse à ceux qui s'opposent à ce principe en prétextant que les gens finiraient pas "ne rien faire" et que la société irait à sa perte...
La seule chose qui m'a mis mal à l'aise, mais visiblement je ne suis pas seule puisque Gob, une des personnages (très importante) de ce roman est aussi dérangée par cela : la disparition de la famille. Dès qu'un bébé est sevré, à ses 3 ans, il quitte ses géniteurs et part grandir chez différents adultes au grès de ses envies. Je comprend l'argument de ceux qui defendent cela : lutte contre le inégalités entre les enfants selon leurs familles (milieux sociaux, culturels...) et protection des enfants face aux parents maltraitants. Mais j'ai vraiment du mal à comprendre qu'on puisse réellement souhaiter la fin de la famille, car par la famille il y a un lien que les enfants ressentent, il y a de l'amour, bref je trouve ça triste. Je n'en tiens absolument pas rigueur à l'auteur et ça ne change rien à ma note car chacun est bien libre d'imaginer l'utopie qui lui correspond.
Bref, une magnifique histoire qui m'a touchée profondément.