Ledun Marin, "
La guerre des vanités" – Gallimard, 2010 (ISBN 978-2070125180)
Disons-le d'emblée, en tant que récit littéraire, c'est mauvais, vraiment mauvais, avec quelques circonstances atténuantes, en ce qui concerne l'écriture ampoulée et les formules usées jusqu'à la corde : il faut se montrer indulgent avec l'auteur, car – pour survivre, sans doute – il écrit des pièces radiophoniques pour "France Culture" dont on connaît le ton snobinard constipé.
En ce qui concerne en revanche l'intrigue totalement invraisemblable (une série d'adolescents qui décident de se suicider par des procédés violents), l'auteur ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Il en remet, il en remet, il en remet jusqu'à plus soif, sa théorie étant que c'est cette petite ville de Tournon (au Sud de Lyon, le long du Rhône) qui étouffe ses jeunes et protège ses notables (décidément, je n'apprécie vraiment pas ce racisme social germano-pratin envers la France profonde des petites bourgades), théorie doublée bien entendu du cliché archi-usé de l'enquêteur sur le point de rendre l'âme tant il fume mais se montre capable de courir comme un lapin dès que la situation l'exige.
Bref, encore une fois c'est très mauvais : ces gens-là devraient lire et relire les romans de
Pierre Magnan.
Pourtant, le sujet constituait à lui seul non seulement ma motivation d'achat, mais surtout un thème intéressant : comment en est-on arrivé à une jeunesse aussi obnubilée par les écrans, les réseaux, aussi éloignée de tout contact avec la réalité, même dans les petites villes, et comment ces petites villes sont-elles en train de mourir, asphyxiées par leur désertification ? Sur ce thème, l'auteur fournit des portraits bien brossés (voir citation).