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3,42

sur 85 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand cinq adolescents se suicident le même jour dans la petite ville de Tournon, les autorités entendent bien répondre à l'émoi provoqué dans la population. D'autant plus que l'on s'aperçoit rapidement que ces suicides ont été filmés. C'est le lieutenant Korvine qui traverse le Rhône depuis Valence et vient enquêter sur place. Korvine qui a quitté la ville il y a bien longtemps et entendait bien n'y jamais revenir.

C'est un étonnant roman noir qu'a écrit Marin Ledun avec cette Guerre des vanités. Un roman dont, quelques jours après la lecture on peine encore à savoir s'il s'agit d'un livre très malin ou si, au contraire, l'auteur s'est contenté de balader le lecteur en lui donnant cette illusion.

Je m'explique. Marin Ledun nous raconte une enquête qui, au fond, pourrait n'être que routine impuissance. En effet, tout au long de ce roman et jusqu'à son dénouement Korvine fait la preuve de son inutilité. Non seulement les suicides continuent, mais, de plus, on ne saura jamais vraiment pourquoi ils ont eu lieu. C'est d'ailleurs sans aucun doute là que réside la plus grande faiblesse de ce roman : une véritable carence dans l'explication, trop courte, peut-être trop simpliste… à moins bien sûr qu'elle ne dissimule autre chose, ce qui fait penser que Ledun aurait alors pu commencer un autre roman dont celui-ci n'aurait été qu'un (long) prologue.
Il ne faut toutefois pas, à mon sens, se focaliser sur cette faiblesse ou même sur l'enquête de Korvine qui n'est finalement là que pour révéler partiellement la manière dont Tournon semble dévorer ses enfants. Car c'est bien Tournon la cannibale , la petite ville de province vaguement chabrolienne, avec son chirurgien-notable-tout-puissant, qui en est le personnage principal et qui se meut, dissimulée sous les cadavres ou les eaux tumultueuses du fleuve, pour mieux échapper au regard de l'étranger indésirable. Exorciste impuissant confronté à une ville dont il comprend peu à peu le fonctionnement vicieux de liens sociaux corrompus par la peur du regard des autres qui pousse à dissimuler les petits travers comme les pires avanies jusqu'à de libératrices explosions de violence à l'égard de boucs émissaires, Korvine part perdant malgré son opiniâtreté.

Conte cruel et retors, La guerre des vanités est-il alors, si l'on doit user de superlatifs, un roman génial ou une escroquerie ? Ni l'un ni l'autre, sans doute. Ce qui est certain, en tout cas, c'est que la légèreté de sa conclusion, frustrante à bien des égards, ne doit pas faire oublier la façon dont Ledun réussit à créer avec brio cette atmosphère trouble, à donner vie à ce personnage de ville hantée par un mal diffus et à rendre passionnant le parcours d'un policier en bout de course constamment dépassé par les événements. C'est malin donc, et agréablement malsain.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Paru en 2010, assez loin de l'univers que développe l'auteur dans ces trois derniers ouvrages mais tout aussi fouillé et une bonne occasion pour Marin Ledun d'explorer les consciences des habitants d'une petite ville de province. En effet Tournon, ville jumelle de Valence mais néanmoins en Ardèche, pour ne pas être exactement la France profonde n'en est pas moins isolée. Certes internet et les réseaux sociaux planent sur cette vague de suicides d'adolescents, mais pas que. L'enquêteur qui s'y colle c'est Korvine, malade en répit, va s'investir au-delà du raisonnable avec son adjoint. Tous les travers de la micro société vont se révéler autant de pistes que nous allons investiguer en même temps que les pros, au cours d'une traque impitoyable de trois jours.
Un très bon moment de lecture, encore une découverte.
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Je n'ai lu de l'auteur que « les visages écrasés » que je recommande vivement. Ici, c'est un policier puisqu'il y a un policier maladivement accro à la cigarette, bien tourmenté mais intègre et allant au bout de ses convictions. Rien d'original dans ce personnage. Pourtant, je me suis attachée à ce lieutenant Korvine qui revient sur Tournon, petite ville de province, où il a passé son enfance. Nous sommes en 2010, déjà les réseaux sociaux et ses dérives, la depression et les essais thérapeutiques.
Le mérite de ce livre, c'est le rythme. Toute l'histoire se déroule en une petite semaine et l'action ne cesse pas. Il faut dire que le nombre de suicides d'ados non plus. Cinq, six, sept, huit… cela n'arrête pas et les policiers Korvine et son aide Revel voient leurs cernes sous les yeux devenir noirs. Arrêter cette épidémie, comprendre le pourquoi. Petite ville où tout le monde se connait, où l'on protège les secrets, où les coupables ne sont pas ceux que l'on croit. Donc, rien de vraiment nouveau, pas littéraire du tout mais pourtant efficace dans le ton, le rythme et j'ai vraiment vu un film se dérouler dans ma tête. Je ne l'ai pas lâché et c'est ce que je demande à un roman policier.
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Des secrets gardés par tout un village, des enfants qui taisent leurs peurs et leurs envies, et les drames qui s'accumulent ... ce pourrait être une petite ville comme la mienne, ou comme la votre, mais dans celle-ci les courants souterrains charrient une boue sombre ... et en même temps une innocence terriblement fragile ...
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Une certitude Marin Ledun est un bien un auteur de romans noirs . Ses récits sont des contes cruels à l'atmosphère trouble, sans beaucoup d'espoir et souvent malsain. Celui-ci ne fait pas exception à la règle.
Le sujet abordé est grave puisqu'il parle du suicide chez les jeunes ados et Ledun le fait sans être spécialement glauque tout en laissant le côté voyeurisme de notre société actuelle sur le côté .
Des phrases courtes, sèches pas vraiment littéraire plutôt du langage oral reproduit et qui accrochent ( ou rebutent ...) dans un scénario rythmé . Ledun frappe fort et juste même si le final du récit laisse le lecteur dans le doute avec comme un petit arrière-goût d'inachevé.
Ce n'est pas le meilleur roman de l'auteur ni celui à lire en premier pour découvrir cet excellent auteur contemporain mais " La guerre des vanités " mérite qu'on si attarde , sa lecture nous dévoilant une des facettes de Ledun.
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La petite ville de Tournon, 10 milles habitants, dans l'Ardèche, est bouleversée par une vague de suicides d'adolescents : 5 en une seule journée, dont certains ont été filmés par webcam. Evidemment, tout cela est trop gros pour n'être qu'une simple coïencidence : un élément déclencheur, voire une tierce personne, est forcément derrière ce phénomène.
Le lieutenant Alexandre Korvine, chargé habituellement de traquer les dealers de Valence, est sommé de se rendre à Tournon pour enquêter sur place. Fumeur invétéré, secoués par d'impressionnantes quintes de toux, il va devoir fouiller dans les mystères et les zones d'ombres de la ville et faire parler ses habitants, peu enclins à s'épancher, afin de faire éclater la vérité au bout de trois jours d'une enquête menée à un rythme d'enfer.

Une fois refermé la dernière page de ce roman, deux évidences s'imposent : la première, c'est que l'office de tourisme de Tournon n'a pas du promouvoir ce livre de Marin Ledun, qui est en est originaire, tant l'atmosphère pesante de cette bourgade où tout le monde se connait, s'épie, vit avec ses petites rancoeurs et grosses désillusions est parfaitement rendue. Réussir à décrire aussi bien cette ville, de ses ruelles désertes, à sa maison pour tous, sans passer par la clinique où se joue une grosse partie de la clé du mystère est un vrai tour de force.

La seconde évidence tient à ce tour de force, étroitement lié au talent de l'auteur. Marin Ledun, 35 ans, dont la renommée n'a pas encore dépassé le microcosme des auteurs de polar français, s'impose à l'évidence comme un très grand styliste du roman noir hexagonal : Intense, haché, tranchant comme une lame de rasoir, Ledun affiche une maitrise totale de son sujet, qu'il tient du début à la fin. On vibre réellement avec ce Korvine, pourtant peu sympathique de prime abord, mais qui, comme tout bon héros de roman policier qui se respecte, révèle une humanité et des failles sans fond , à tel point que le lecteur ne lâche pas ce roman, tenant absolument à savoir ce que cache le mutisme de ces citoyens quelque peu étranges.

Mais plus qu'un simple thriller très efficace, La guerre des vanités traite de sujets sociaux brulants : l'incommunicabilité entre les générations, le malaise des adolescents, de l'impact des nouvelles technologies, tout cela sur un ton engagé et révolté, mais jamais manichéen.

Après l'énumération de toutes ces qualités, il est mille fois dommage que l'on ressente comme une sensation d'inachevé une fois le livre refermé : l'auteur nous avait tellement mis en appétit pendant les 450 premières pages que le dénouement, somme toute très banal, fait quelque peu retomber le soufflé. En même temps, un twist final aurait certainement paru ridicule et peu approprié à cette si juste peinture sociale, mais pour un amateur de polar en mal d'ébouriffantes révélations, cette sobriété finale peut quelque peu désappointer, sans jamais que cela n'entrave la force immense des pages qui précèdent.


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C'est un thriller écrit par Marin Ledun né en 1975 et qui est docteur en communication politique. J'ai bien aimé l'histoire du lieutenant Alexandre Korvine, catarrheux, se cachant à lui-même un potentiel cancer des poumons qui est envoyé à Tournon , 10 000 habitants petite ville de la Drôme pas si tranquille que ça: en effet une série de suicides d'adolescent-es, des vidéos compromettantes, des habitant-es mutiques et complices en même temps viennent jalonner l'enquête de Korvine. Derrière cet enquêteur qui crame clope sur clope pour se doper, on devine son passé traumatisant d'adolescent.
Ce roman dure 3 jours , haletant, c'est une véritable chasse à l'homme, Korvine ne dort pas , il veut comprendre et élucider la chape de plomb qui plane sur cette petite ville engluée dans le malaise et la culpabilité. le style souvent énumératif rend compte de l'urgence des actes, explique le chevauchement des pensées : tout arrive en même temps, quel est l'élément qui va donner l'explication ? Un côté tragique aussi à la fois dans l'histoire et dans le style qui n'hésite pas à plusieurs reprises à généraliser sur la destinée humaine, sur le hasard, l'inévitable fossé entre générations... Assez long mais , pour ce roman , la longueur est un facteur de suspense réussi. Certes, les personnages de flics sont assez conventionnels et les habitant-es parfois pas très crédibles dans leurs réactions, mais c'est bien.
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Avis La guerre des vanités de Marin Ledun

Je ne pensais pas que cette critique serait aussi difficile à écrire. J'ai déjà lu quelques livres de Marin Ledun, assez déstabilisants, mais celui-ci l'est encore plus que les autres. Tous ses romans sont très psychologiques par rapport à ses personnages mais est-ce dû au fait qu'ici ce sont des enfants, des adolescents qui en sont pratiquement les héros, malgré eux ? Je ne sais pas. Je n'arrive pas à expliquer mon sentiment. Comme Korvine, nous naviguons, à vue, dans ce roman. Marin Ledun a l'art et la manière de nous entraîner sur des pistes, des pentes inattendues. Pourtant, quelques mots, quelques phrases laissent de précieux indices.

L'urgence est là face à cette vague de suicides qui touche de nombreux adolescents d'une petite ville dont le Rhône est proche. Qui leur en veut ? Pourquoi font-ils ça ? Pourquoi se filment-ils ? L'enquête mettra à jour, difficilement, que ces enfants se connaissent, qu'ils se côtoient. Sont-ils la proie des adultes, de pédophilie ? Mais les parents ne parlent pas, ils semblent anéantis. Et les enfants qui restent sont plongés dans le mutisme. Leur seule défense est que les adultes ne comprennent pas.

Entre un lieutenant qui cache ses soucis de santé et qui ne veut pas ouvrir ses analyses et tous ceux qui sont contre lui, cela s'annonce difficile. Korvine ne va pas lâcher le morceau, si je peux écrire ce mot. Il connaît la ville car il y a vécu. Mais il faudra qu'il persévère, comme il sait si bien le faire, ce qui lui vaut pas mal d'ennuis, qu'il affronte tous ces gens, tout ce qu'ils cachent pour faire émerger la vérité. Tenacité, pugnacité, Korvine est un électron libre qui est surveillé.

Entre les dangers d'Internet, des vidéos partagées par ces jeunes en construction, Marin Ledun démontre que le danger est vraiment plus proche d'eux, par des adultes en qui ils sont censés avoir confiance. Il est vrai que ce qu'ils ont trouvé pour rendre hommage à leur ami n'est pas au top tout de même. Ils ont pensé bien faire. de plus, il y a un notable derrière tout ça.

Alors oui, Marin Ledun m'a déstabilisé. En premier lieu car il a quitté le Sud-Ouest, donc je n'arrivais pas à retrouver des cadres que je connais. Pourtant, Dans le ventre des mères m'avait fait voyager pas mal mais les suivants étaient plus proches de moi géographiquement. Marin Ledun ne m'a pas déstabilisé au niveau de l'écriture car tout est fouillé, tout est bien construit. Il sait mettre à jour les méandres de la psychologie humaine, dans ce qu'elle a de plus noir avec ce sang qui revient encore et toujours, ces morts qui sont plus importants que les vivants.

Résumé La guerre des vanités de Marin Ledun

Tournon sur Rhône voit le suicide de nombreux enfants et adolescents.

Korvine, qui est allé chercher ses analyses et qui travaille comme lieutenant dans la police de Valence, est dépêché sur place.
Lien : http://livresaprofusion.word..
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De même auteur, j'avais beaucoup aimé "Les visages écrasés" et "Dans le ventre de mères", beaucoup moins "Marketing viral".

Aussi, quand j'ai rencontré l'auteur à "Sang d'encre" en novembre dernier, je me suis permise de lui faire part de mon ressenti.

L'auteur lui-même me conseille alors ce roman qui, m'assure-t-il, est dans la même veine que ceux qui m'ont plu. Et, ajoute-t-il, un second est prévu pour Janvier 2014. Chic, il sera donc sortie pour les Quais du polar.....

Me voici donc plongé au coeur de la ville de Tournon, que j'ai souvent traversée sans jamais m'arrêter. Une ville moyenne comme toutes les autres, ou presque. Quels mystères se cachent aux coins de ses rues ?

J'ai aimé me laisser embarquer avec le lieutenant Korvine, qui tousse à cracher ses poumons mais qui fume comme un pompier. de fausses pistes en fausses révélations, j'ai pris plaisir à suivre pas à pas les avancées de l'enquête.

La conclusion de l'auteur est sans appel, sa démonstration brillante.

Même si j'ai parfois trouver le style haché un peu enquiquinant, je dois avouer que je me suis tout de même facilement coulée dans le rythme d'enfer que le lieutenant fait subir à ses troupes.

L'image que je retiendrai :

Celle des ados qui échappent à tout contrôle de leurs parents, et que ceux-ci veulent absolument maîtriser.
Lien : http://motamots.canalblog.co..
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Un roman sombre par lequel j'entre dans l'univers de Ledun et je dois dire que cela m'a beaucoup plu. L'écriture est soignée, les personnages humains et crédibles et cette histoire fait réfléchir à propos de la déconnexion entre le monde des adultes et celui des ados. Un très bon roman noir.
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