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sur 200 notes
« L'homme qui a vu l'homme » nous rajeunit en nous ramenant en 2009, à l'époque de l'épidémie H1N1, de la tempête Klaus et de la fin de l'ETA.

Plongée dans les polices parallèles, les réseaux barbouzes, de part et d'autre des Pyrénnées, ce roman m'a remémoré « Retour à Killybegs » de Jorg Chalandon et la fin de l'IRA avec les ultimes soubresauts des jusqu'au-boutistes et les secrets de basse police sortant des ténèbres.

Marin Ledun valorise les journalistes téméraires, qui enquêtent malgré les « conseils » de leurs rédacteurs en chef et les « recommandations » de la gendarmerie. C'est ainsi que nous ont été révélés les scandales liés aux Irlandais de Vincennes, aux paillotes corses, à l'affaire Benalla … à chaque fois des « forces de l'ordre » ont servilement obéi à des ordres illégaux en croyant « bien faire ».

La fin ne justifie pas les moyens, y compris quand des législations d'exception jouant sur la peur s'en prennent aux droits de l'homme et la liberté des citoyens.

Ce polar, malgré quelques longueurs, et l'abondance du sang, de la sueur et des larmes, reste hélas d'une brutale actualité en notre contexte d'épidémie COVID, de dérèglement climatique et de terrorisme islamique.
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Euskadi Ta Askatasuna! En substance, l'injonction plutôt agréable à l'oreille du profane que je suis d'un groupuscule fondé en 1959 et prônant plus qu'activement la liberté en Pays Basque.

Enlèvement et torture, dix premières pages d'une rare intensité annonçant violemment la couleur, celle rouge sang d'une sale guerre sans triomphateur véritable entre ETA et appareil étatique .

Se nourrissant d'un fait divers réel, celui de Jon Anza, militant basque proche d'ETA mystérieusement porté disparu pour être finalement retracé quelques mois plus tard dans des conditions que l'on taira histoire de ne pas battre le record du monde du spoil, Ledun restera sourd aux obscurs discours officiels comme aux vérités définitives assénées par les proches de la victime présumée pour bâtir une fiction solide, plausible et racée .

Jokin Sasco s'est évaporé. Il n'est pas le premier à disparaître ainsi c'est pourquoi ses proches ne parieraient pas un kopek sur ses chances de survie.
L'affaire interpelle au plus haut point. Alors soit vous êtes de ces courageux journaleux toujours partants pour dégotter le scoop qui fera du bruit dans Landerneau au péril de vos innombrables planques, qui dans la bouteille de Jack Daniel's de Johnny l'apatride fiscal, qui dans la poubelle de Nico la talonnette, qui dans le top-case du scooter de François Lagaffe, mais là le morceau est bien trop gros pour vous, soit, à l'instar de Marko Elizabe et Iban Urtiz, vous faites preuve d'un minimum d'intégrité intellectuelle et décidez de vous lancer bille en tête dans ce maelstrom politique au risque d'y boire la tasse...la resplendissante bouée coin-coin étant alors plus que conseillée.

Marin Ledun s'affirme ici un peu plus avec ce thriller politique palpitant.
D'un authentique fait divers nébuleux, l'auteur accouche d'une vision toute personnelle de l'affaire sans jamais se départir d'une certaine neutralité. ETA, flics, mercenaires, médias, les ingrédients multiples auraient très facilement pu engendrer un triple BigMac chantilly sauce au lard aussi lourd qu'indigeste. Seulement voilà, chef Ledun fait dans le piment d'Espelette, celui qui arrivé à maturité vous explose les papilles et accessoirement le cortex cérébral.
Ici, le lecteur navigue à vue au gré des révélations journalistiques.
Marko Elizabe et Iban Urtiz, deux côtés d'une même médaille aux méthodes d'investigation dissemblables mais aussi dangereusement gênantes pour l'un comme pour l'autre. Peu à peu le brouillard se lève, la vérité se fait jour, les limites de la légalité pour qu'éclate la vérité se distendent au point de vouloir risquer sa vie sur un dernier coup de dé. Des personnages au bord de l'abîme, jouant avec le feu au point de s'y brûler les ailes....
Ce thriller fictionnel aussi tranchant que les riffs des Guns N' Roses, groupe fétiche de l'ami Iban, ne peut appeler qu'un seul jugement final: chapeau bas Monsieur Ledun !

L'homme qui a vu l'homme : ♪ ♫ Welcome to the Jungle ♫ ♫...
Merci aux éditions Ombres Noires et à Babélio pour ce roman explosif !
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Iban Urtiz, Jokin et Eztia Sasco, Marko Elizzabe. Bienvenue au Pays Basque, très belle région mais pas que. le roman de Marin Ledun nous plonge dans la lutte entre le gouvernement espagnol et les membres de l'ETA il y est question d'enlèvement, de disparitions, d'assassinat, de manipulations. le roman fonctionne de la plus belle des manières, Ledun met ses personnages constamment sur tension, la peur est palpable, le sang coule et le discours des uns reste lettre morte dans l'oreille des autres. Dans ce jeu dangereux de poker menteur, Iban Urtiz journaliste aux dents longues tente de démêler l'imbroglio basque au péril de sa vie, bon courage ! Cette tension, le lecteur la ressent aussi, on tremble pour les personnages, Marin Ledun ne me semble pas choisir son camp. Il déroule son intrigue ou chaque protagoniste va au bout de sa logique. On ressort de là un brin secoué, son roman décrit parfaitement la complexité du conflit, le point de non-retour. Glaçant, violent, passionnant. « Regarde les hommes tomber ».
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C'était dans un autre temps, je crois. Tu crois que c'est fini ? Je ne sais pas. Je me pose quelques questions. Une chose est sûre, avec les médias, rien n'est moins sûr, ils font la pluie et le beau temps suivant les commandes du gouvernement ou des tout-puissants. Je n'ai pas une confiance aveugle en ce qu'un journal, télévisé ou pas, me raconte. Certainement un peu de paranoïa. Alors qu'en est-il réellement de l'ETA de nos jours. La guerre sale est-elle vraiment terminée ? Les revendications indépendantistes abandonnées ? Les prisonniers oubliés ? Les meurtres passés sous silence ? Bref, voilà tout un tas de questions que je me pose après la lecture de ce polar estampillé prix SNCF du polar 2016. Parce qu'il est bien connu que la meilleure lecture dans un train reste le polar…

En quelques pages, je me retrouve plongé dans un Pays Basque noir couvert d'un rouge sang. le prix à payer. Mais qui sont les coupables. Difficile à dire. Les membres de l'ETA, ces terroristes, les GAL, autres terroristes anti-terroristes, la Guardia Civil, la Police Française… Autant de coupables à chaque disparition suspecte, autant de rage à chaque veillée funèbre. Pour peu que le corps soit retrouvé et ne pourrisse pas dans une morgue anonymement.

Alors, pendant que la tempête Klaus dévaste la région, mobilisant toutes les forces médiatiques du Sud-Ouest, pendant qu'un trader vide les comptes des petits épargnants avec l'aval – bien entendu – de sa hiérarchie, monopolisant toutes les forces médiatiques de la France, je me prépare un cocktail fouettant ce mélange d'embruns et de montagnes à l'Izarra, un disque des Guns N' Roses sur la platine, du temps où Axl Rose avait encore des revendications. Welcome to the Jungle. La jungle basque où les balles fusent, les explosions défigurent les voitures et les visages, les disparitions suspectes se transforment en séance de torture dans des masures abandonnés de l'arrière-pays. Prendre l'A10, sortie 21.

La peur se lit entre les lignes, comme si j'y étais. Se méfier de tout le monde. A qui profite le crime, la question primordiale avant de débuter toute enquête. Iban Urtiz paiera cher sa première expérience en solo de journalisme. Il pensait élever sa carrière, en sortant de l'ombre et de l'ambiance dévastatrice de cette tempête. Il ne travaille quand même pas pour France 3 région, mais sa quête va virer à l'obsession. Est-il prêt à en assumer toutes les conséquences, lorsque Jokin Sasko disparait sur une aire d'autoroute ?

La peur dans un roman. Mais encore plus froid et terrifiant de se dire que rien n'a été imaginé. Que derrière ces pages, on retrouvera le corps de Jon Anza abandonné dans une morgue toulousaine pendant des mois. Des mois de doutes, de pleurs et d'inquiétudes. Des mois où il est impossible de faire le deuil, des mois où les coupables restent libres, des mois où l'on se demande même qui sont les coupables. Mais d'ailleurs qui cela intéresse de connaître les coupables de la mort d'un membre de l'ETA de seconde zone ?
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Pays basque, janvier 2009. La côte atlantique est secouée par la tempête Klaus et Iban Urtiz, journaliste à Larruma, assiste à la conférence de presse organisée par la famille Sasko qui s'inquiète de la disparition d'un des leurs. Jokin n'a plus donné signe de vie depuis trois semaines, volatilisé alors qu'il se rendait à Bordeaux pour un entretien d'embauche. La police ne semble pas pressée de retrouver ce militant indépendantiste fraîchement sorti des geôles espagnoles. Peu au fait des agissements de l'ETA et de sa guerre contre les autorités françaises et espagnoles, le jeune journaliste décide d'enquêter dans un monde où ses certitudes vont être mises à mal. Qui ment ? Qui sait ? Qui sont les victimes ? Qui sont les bourreaux ? Où est la Vérité ? Quand le terrorisme d'Etat répond aux revendications séparatistes, il n'y a plus ni gentils ni méchants. Perdu en terre étrangère, sans en connaitre ni les codes ni la langue, Iban se heurte au silence, celui de la famille, des militants, mais aussi celui des autorités, de la presse, de ses collègues. Pourtant devant sa persévérance, certaines langues se délient, des rumeurs se font jour, des indices apparaissent mais Jokin reste introuvable. Enlevé avec la complicité de l'Etat comme l'affirme sa famille ? Traître à la cause comme voudrait le faire croire les autorités ? Iban s'accroche, veut savoir coûte que coûte, emporté dans un tourbillon de violence et de haine où tous les coups sont permis.


Faut-il, pour arrêter les voyous, employer des méthodes de voyou ? Faut-il répondre au terrorisme par la terreur ? Dans les années 80 l'Espagne répond oui à ces deux questions et crée les GAL, Groupes antiterroristes de libération, composés de barbouzes, policiers et repris de justice et chargés de faire la chasse à ETA en faisant feu de tout bois, pratiquant allègrement attentats, assassinats et enlèvements, aussi bien sur le sol espagnol que français. Emportés par leur élan -et leur impunité -les GAL sont allés plus loin que leur cahier des charges, si loin qu'ils ont été dissous en 1987 et leurs membres et commanditaires punis par la justice.
Quand commence l'enquête d'Iban Urtiz, les GAL ne sont plus qu'un lointain et mauvais souvenir. Pourtant, une rumeur persistante évoque de jeunes militants nationalistes enlevés, soumis à la question, torturés puis relâchés, selon les anciennes méthodes. Mais Jokin, lui, n'a pas refait surface. le commando chargé de l'interroger est-il allé trop loin ? Mort sous leurs coups, Jokin, devenu un cadavre gênant, a-t-il été enterré quelque part dans le plus grand secret ? Officiellement, il n'existe aucun commando de ce genre la version qu'on voudrait vendre à la presse est celle d'un Joskin transportant une grosse somme d'argent pour l'organisation indépendantiste et décidant d'aller refaire sa vie ailleurs avec le magot. le journaliste, encouragé par le regard de braise de la belle Eztia, soeur du disparu, remonte la piste des jeunes gens enlevés et des kidnappeurs. Sans le soutien de sa hiérarchie, moqué par le journaliste local, le très basque Marko Elizabe, menacé de mort et molesté par des inconnus cagoulés, Iban ne lâche pas prise et nage dans les eaux opaques du secret d'Etat et de la lutte clandestine, pensant naïvement pouvoir faire éclater la vérité.
Si Marin LEDUN tente de rester impartial dans ce roman inspiré de l'histoire vraie de l'étarra Jon Anza, on peut lui reprocher son quasi silence sur les exactions du mouvement séparatiste en se focalisant surtout sur la réponse ultra-violente de l'Espagne et la complicité silencieuse de la France. Quoi qu'il en soit, son roman est passionnant de bout en bout, même si la problématique basque reste un sujet épineux et souvent incompréhensible en dehors de ses frontières. A l'heure de l'union européenne et de la mondialisation, les velléités indépendantistes du groupe peuvent paraître d'un autre temps. D'ailleurs il a abandonné la lutte armée en 2011. Quelques zones d'ombre s'éclairent grâce à ce thriller politique sombre et angoissant qui veut rendre justice aux victimes d'un état bandit qui n'a rien à envier aux plus abjects des terroristes.

Merci à Babelio et aux éditions Ombres noires d'avoir pensé à moi pour cette masse critique spéciale.
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Nouveau coup de coeur.
Début 2009, pendant que les tempêtes Klaus et Xinthia font des ravages dans le sud-ouest, un jeune militant basque, Jokin Sasco, disparaît.
Journaliste au quotidien régional Lurrama, Iban Urtiz est envoyé seconder le caméraman  Elizabe sur une conférence  de presse donnée par la famille du porté disparu.
Iban, comme son collègue se passionne pour cette affaire.
Chacun de leur côté ils vont mener leur enquête.
Oui, mais voilà, il ne faut jamais donner de coup de pied dans un nid de frelons... ça pique et c'est mortel...
En plein pays basque, entre l'Espagne et la France, Marin Ledun nous entraîne sur les pentes vertigineuses d'une affaire politico-policière.
Qui est véritablement Jokin ?
Quels sont ses liens avec l'ETA ?
Qui l'a fait disparaitre ?
Police ? Terroristes ? Gouvernement ?
Qui tire les ficelles ?
Pourquoi ?
Autant de questions qui font que ce roman vous tient en haleine de la première à la dernière page.
Marin Ledun réussit ici à vous impliquer dans une enquête au long cours.
Vous tremblez avec ses protagonistes.
Vous encaissez les coups.
Vous voulez que justice soit faite ?
Mais quelle justice ?
Qui est bon ?
Qui est méchant ?
Et.... qui gagne à  la fin ?
J'ai aimé (non,  je ne suis pas maso, enfin, je ne pense pas) la tension ressentie page après page.
Je remercie Marin Ledun pour son roman et l'excellent moment que j'ai passé en sa compagnie, mais aussi parce que c'est lui, qui sur un salon où je l'ai croisé, me l'a conseillé.
À mon tour, chers amis lecteurs je vous engage à le découvrir.
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Iban Urtiz, journaliste à Lurrama, est cantonné à la rubrique des chiens écrasés jusqu'à ce jour de janvier 2009 où il est mandaté par son rédacteur en chef pour couvrir une conférence de presse à Istilharte avec son collègue Marko Elizabe. La famille du militant abertzale Jokin Sasco vient de déposer plainte pour disparition inquiétante auprès du Parquet de Bayonne et tente d'alerter l'opinion publique. le sujet est délicat. Sasco est un ancien etarra incarcéré pendant dix ans pour appartenance à un groupe terroriste et participation à des actions violentes. Sa soudaine disparition coïncide avec plusieurs affaires d'enlèvements et de tortures sur des gamins de la kale borroka, qui n'ont suscité ni l'attention de la police, ni celle de la presse . Quel intérêt pouvait bien représenter ce militant de second plan qui n'avait plus fait parler de lui depuis sa libération?Jokin était-il un porte-valise ou avait-il trahi sa cause?
L'homme qui a vu l'homme est le récit d'une quête de la vérité, toute la vérité sur l'affaire Sasco. Celle d'Eztia, la soeur de la victime, qui se heurte au harcèlement de la police et au silence de son frère Peio. Celle de l'ex-compagne de Jokin, Eléa Viscaya, qui tente de prendre un nouveau départ. Celle des barbouzes spécialisés dans les basses besognes qui cherchent à effacer leurs traces et établir avec certitude qui sait quoi. Et enfin celle des journalistes de Lurrama décidés à faire toute la lumière sur les enlèvements de militants.
Dans ce roman aux vérités parcellaires, Marin Ledun met en place une intrigue complexe avec en toile de fond les luttes de pouvoir et la manipulation de l'information. L'histoire, tentaculaire, multiplie les retours en arrière ainsi que les points de vue, chaque personnage détenant une partie de la vérité. le lecteur est tributaire des investigations des nombreux protagonistes, de leurs déductions et des conséquences de leurs découvertes, qu'ils agissent au nom du pouvoir ou du droit à l'information.
Le parcours des deux journalistes est une des facettes les plus intéressantes du roman. Ici point de "ils se détestent, apprennent à se connaître et travaillent main dans la main au service de la vérité". Elizabe, en franc-tireur originaire du coin, a toujours une bonne longueur d'avance sur son collègue. le vieux renard sait où il met les pieds, possède un réseau d'informations fiable, les autorités se refilant la patate chaude des deux côtés des Pyrénées. Urtiz quant à lui est le "Persan". Il n'a de basque que le patronyme et a bien du mal à avancer dans son enquête: "La stratégie menée par Madrid fonctionne comme une véritable machine de guerre. Silence! Isiltasuna! Silencio! D'un côté et de l'autre de la frontière, quel que soit leur camp, qu'ils portent une cagoule ou pas, ils apprennent tous à murmurer, d'abord, et à se taire, ensuite."( L'auteur rend en ce sens parfaitement compte de la complexité de la situation politique sur le territoire). Fraîchement débarqué de Savoie, sa totale méconnaissance de la question basque et ses nombreux tâtonnements permettent à Marin Ledun de donner un cours accéléré de géopolitique au lecteur incrédule désireux d'en savoir davantage sur la gauche abertzale, les services de renseignements des polices espagnoles et françaises etc... L'intrigue se déroule en 2009 (Sud-Ouest du 22/07/2010 pour les curieux, découverte du corps d'Anza) bien avant l'annonce par l'E.T.A. de l'arrêt définitif de l'action armée. Cependant des précédents de chaque côté de la frontière essentiellement couverts par la presse régionale et la récente affaire Aurore Martin prouvent à quel point ce sujet "sensible" est toujours d'actualité.
Mais au-delà des investigations journalistiques, L'homme qui a vu l'homme est finalement un questionnement sur la manipulation et la diffusion de l'information. Ce qui au départ n'était pour Iban Urtiz qu'une opportunité pour sa carrière devient rapidement une quête obsessionnelle. A l'image du chaos ambiant provoqué par Klaus qui vient de dévaster le Sud-Ouest, l'image de "la tempête sous un crâne" s'impose au lecteur. Les démarches d'Urtiz, tout petit maillon du Quatrième pouvoir, ont-elles encore un sens dans une société où prime la raison d'état?
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Quand? le samedi 3 janvier 2009, à 10h15. Où? Aire de repos du Souquet dans les Landes. Quoi? Cinq hommes cagoulés kidnappent le conducteur d'une Opel Corsa. Qui? Mystère, l'opération est secrète et le seul témoin présent s'est concentré sur la pointe de ses chaussures. Voilà les faits. Officiellement, il ne s'est rien passé. Mais trois semaines plus tard, une conférence de presse est organisée pour faire part de la disparition inquiétante de Jokin Sasco, un militant de l'ETA. Deux journalistes de Lurrama, un quotidien basque, décident d'enquêter sur ce sujet sensible. Iban Urtiz est un "erdaldun", un allogène, il est venu s'installer dans une région qui lui est étrangère et dont il ne parle pas la langue. Son collègue Marko Elizabe est au contraire un "euskaldun", il parle le basque et a des contacts au sein du mouvement indépendantiste. Leur enquête va les mener au coeur d'une «guerre sale» que l'on croyait terminée.

Du rythme, de la violence et une intrigue aboutie, "l'homme qui a vu l'homme" est un polar efficace et intense. C'est un concentré d'action et de suspense, ce qui offre au récit une tension permanente. Les morceaux des Guns N' Roses lancés à plein volume par Iban collent parfaitement à l'ambiance. le récit est au coeur de l'actualité, les principales informations de l'année 2009 sont retracées : tempête Klaus, scandale Kerviel et grippe H1N1. Inspiré d'un fait divers, ce roman politique révèle les opérations clandestines des services de renseignement de la police espagnole sur le territoire français avec l'accord tacite, voire l'assistance, des autorités locales. Si les GAL ont été officiellement cessé leurs activités, les mauvaises pratiques perdurent, avec notamment l'enlèvement d'activistes basques qui sont interrogés parfois sous la torture dans des lieux isolés.

Un polar actuel, efficace et politique qui nous dessillera les yeux sur une raison d'État qui, si elle apprécie la discrétion, ne s'embarrasse pas de la morale ou de la légalité.
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Un jeune basque disparait un soir de janvier. Quel est l'homme qui a vu l'homme qui a enlevé Jokin Sasko?

Croustillante information pour le jeune journaliste Iban Urtiz, qui espère se faire les dents dans une enquête intéressante, même si Elizabe, vieux routier de la profession, le dissuade de mettre les pieds dans ce nid de frelons qu'est le militantisme basque. Pas vraiment copains, les deux journalistes, mais la rage les tient et la compétition dans le travail d'investigation s'annonce à haut risque.

Sous couvert de recherches de membres de l'ETA, cette disparition stigmatise le soupçon de l'impunité de sections antiterroristes espagnoles, agissant sur le sol français en toute discrétion avec des méthodes de barbouzes tortionnaires.
Les Groupes antiterroristes de libération (GAL) on été démantelés en Espagne en 1987, après 5 années d'actions visant l'ETA, par enlèvements et assassinats, principalement en pays basque français. Ce polar politique y fait référence, faisant la part belle à la manipulation, à la désinformation et mettant en scène tous les protagonistes concernés: militants, presse, politiques, affaires étrangères et banditisme affilié aux raisons d'état.

Théorie du complot ou réalité de terrain d'une guerre sale, dans une région à l'historique de violence et de répression?

Un thriller nerveux qui tient en haleine, entre grande truanderie et lutte politique, mettant en décor le Pays Basque indépendantiste et les années noires de combats croisés entre l'Espagne, ses commandos para-militaires de terrorisme d'État, et la France, aux positions ambigües concernant le problème basque.

Un très bon livre pour un voyage ferroviaire... Car je me dois de remercier la SNCF ( et Babelio) pour cette lecture en partenariat.
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Alors que la tempête Klaus se déchaine et balaye le Pays Basque de ses vents violents, Jokin Sasko, un jeune indépendantiste récemment sorti de prison est violemment poussé dans une voiture par trois hommes cagoulés.
Iban Urtiz, journaliste au quotidien Lurrama est dépêché à la conférence de presse que donne la famille Sasko et se jette à corps perdu dans une enquête qui rapidement le dépasse.
Le journaliste va s'immiscer dans une histoire sordide, réveiller un passé, pas si lointain, toujours lourd de menaces et va vite comprendre pourquoi il a été choisi pour couvrir l'évènement.
Iban Urtiz est un erdaldun, un basque qui ne parle pas la langue, un étranger, et de ce fait, les portes se referment devant son nez lors de ses investigations.
Il va devoir composer et se débrouiller avec les silences de ses proches, des organisations militantes et même des officiels.
Martin Ledun a réussi à m'intéresser à une histoire qui a première vue me semblait bien obscure car j'ignore tout ou presque des problèmes liés à ETA.
Bien qu'un peu perdue dans les cinquante premières pages, je me suis rapidement passionnée par ce polar addictif qui ne laisse pas la moindre place à l'ennui.
Je n'aurais probablement jamais lu ce livre si Babelio, et les « Editions J'ai Lu » ne me l'avaient proposé dans le cadre du Prix SNCF du polar 2016.
Je les remercie de m'avoir permis de faire cette découverte inattendue.


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