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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Tanith Lee est une créatrice d'univers ! Dans cette édition complète d'une trilogie, elle recrée, en toute simplicité une mythologie étrange, cruelle, baroque. Dans ce monde là, les démons parcourent encore parfois le monde, créatures autres et cruelles, dont les motivations échappent aux humains. Par caprice, ils interviennent parfois dans les affaires humaines. C'est ainsi qu'Ajarn, le Maitre des Ténèbres, adopte un bébé humain. Mais l'enfant, devenu adolescent, ose aimer une autre que le démon...

L'écriture est magnifique, le récit envoutant, entre conte et récit mythologique. On y retrouve, un peu, l'univers des 1001 nuits, en bien plus cruel et plus extraordinaire. Les aventures se succèdent, de génération en génération, de vengeance en méchancetés, d'objets magiques en créatures démoniaques.

C'est superbe !

Une nuance toutefois, c'est parfois justement un peu trop parfait : trop de personnages, trop d'univers, trop de cruauté... Il faut sans doute lire cet ouvrage à petits traits, ce que n'encourage pas une intégrale. Je reprendrai ma lecture plus tard.
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Quand la Terre était plate, soumise toute entière et en une seule fois au règne du Soleil ou à la caresse de la Nuit, les Démons en frôlaient la surface de l'ourlet délicat des vêtements princiers dont ils aimaient à se vêtir. Hantant les rêves et l'existence de l'Humanité de leurs murmures tentateurs, distillant dans leur sommeil et leurs veines le venin des passions et des folies dont elle seule est capable, ils sont les témoins des gloires et des chutes des rois, guerriers et magiciens – des histoires pour une Histoire où ils ont pourtant plus souvent qu'à leur tour un rôle à jouer et une part de responsabilité, coupables de milles merveilles et de plus nombreux tourments encore. Mais du fond de leurs royaumes souterrains, cela n'est rien pour eux, cela n'est qu'un jeu pour se désennuyer un instant dans leur éternité. Cruels, capricieux, leurs règles restent aussi insaisissables que leurs humeurs et si l'on peut s'étonner de l'amour qu'ils leur arrivent de ressentir pour certains membres de cette espèce étrange qu'ils se plaisent à torturer, le sort final de l'objet de leur convoitise est rarement enviable. Car s'ils sont prêts à concéder à des désirs qui leur paraissent aussi incompréhensibles que les leurs le sont pour nous, ils ne permettent aucun compromis ; aussi leur vengeance est-elle terrible lorsqu'ils s'estiment trahis ou insultés, et leurs cadeaux pervers nous comblent de la manière la plus douloureuse et la plus désespérante qui soit. Ainsi va leur nature. Et ainsi va tout particulièrement Ajrarn, un des Princes démons, Maître des Ténèbres, pierre angulaire de l'oeuvre.

Car l'originalité principale du Dit de la Terre Plate tient peut-être premièrement à son architecture et à la manière dont les différents récits nous sont présentés : les histoires sont comme autant de nouvelles dont les éléments, les implications et les conséquences, si ce n'est certains protagonistes (tout cela allant ensemble, les faits devenant légendes avec le temps), malgré une indépendance marquée par leur unité autosuffisante, se retrouvent de l'une à l'autre - comme autant d'échos qui se répercutent et s'entrechoquent les uns aux autres dans le creux d'un univers clos. Une aventure donnée dans un récit précis, un récit distinct dans une histoire particulière, une histoire parmi d'autres au sein d'une existence sur laquelle notre attention se porte. Imbrications complexes de poupées russes, puzzle sophistiqué aux mille pièces éclatées, casse-tête chinois au mécanisme délicat. Rien, oui, rien n'est gratuit, ou innocent, et tout trouve sa place, des siècles doivent-ils passer pour cela. Tout vient à point à qui sait attendre ; les hommes par le fil des générations et le jeu mesquin des mémoires qui fuient et les démons, pour qui le Temps n'est souvent qu'un colifichet.

Le contexte n'est pas sans rappeler, comme cela est souvent dit lorsque l'on évoque ce travail précis de Tanith Lee, les contes des Mille et une Nuits par son ambiance orientale et sensuelle, pleine du parfum des huiles raffinées et des encens subtils, des lueurs fragiles des bougies ou celles plus douteuses d'éternels crépuscules, des sortilèges évanescents et des magies exaltantes. Tous ces jeux d'ombres et de lumières que l'on admire du coin des yeux et du bord du coeur à travers des voiles colorés – comme on le fait des sujets de nos désirs ou des sentiments, comme on le fait dans nos rapports avec les autres ou avec nous-mêmes. Car quel autre sujet sinon celui-ci, non seulement dans cette oeuvre mais aussi dans la littérature, dans l'Art de manière plus générale ?

Il est question ici de magnificence et de malice, de l'attachement à la vie et l'attraction vers la mort, du désordre nécessaire dans la stase de l'harmonie. de ce qui naît du contact des hommes avec les hommes, des hommes avec les démons et des démons avec les démons ; de ce qui croît et qui craque face à l'étranger, face à ceux qu'on aime ou que l'on déteste, face à nous-mêmes. Avec, donc, toute la palette colorée, possible, des émotions qui animent les (tout aussi) innombrables personnages mis en scène.
Les hommes, bien que soumis tour à tour au Mal, à la Mort, à la Folie ou au Destin, ne sont peut-être pas les plus avares avec les sentiments, toujours versés dans les excès et enfiévrés par leur obsession. Mais ils ne le sont pas sans préférence entre les vertus et les vices, aussi leur cruauté peut-elle être plus frappante que celle, foudroyante, des démons.
Des démons qui en réalité sont bien loin de l'imaginaire chrétien même s'il est vrai que, comme dans le christianisme, ils marchent plus volontiers à nos côtés que des entités supérieures sourdes aux prières, inaccessibles. Démons et Dieux. Deux formes de beauté surnaturelle… et c'est naturellement vers la plus dangereuse d'entre elles que nombre d'individus se tournent, avec les risques qu'une telle entreprise (une telle insolence ?) comporte. Peut-être justement parce qu'ils offrent des réponses, aussi dures soient-elles.

(Tout ceci joue a probablement son importance dans mon incapacité à entrer dans cette danse folle : je suis à peine parvenue à donner un peu plus de considération à un protagoniste que son aventure se termine, chose d'autant plus déplaisante qu'au milieu du tourbillon des passions et des trahisons, on ne sait plus à qui s'attacher. Cette sensation de chaos, je l'ai parfois retrouvé dans la lecture même : avec la narration, certains passages d'une partie à une autre, d'un paragraphe à un autre, m'ont semblé relever d'un bricolage un peu trop maladroit, manquant de fluidité, sans parvenir à savoir si cela tenait aux lignes originales ou à la traduction. Et à force de heurts et de pieds écrasés, chose ironique pour qui aime à être secouée par ce qu'elle découvre, j'ai préféré m'écarter de toute cette agitation et de l'observer avec un oeil plus froid, dépouillant une partie de son charme à l'ensemble.
Pourtant, je dois reconnaître que l'oeuvre ne manque pas de charme, que l'écriture a une poésie certaine et que j'ai été séduite à plusieurs reprises par un mot, une tournure, une individualité. Néanmoins, c'est mon obstination habituelle qui me pousse à continuer cette lecture, tout comme la reconnaissance de certains fils d'une trame agréablement familière. Les critiques dithyrambiques me sont trop montées à la tête et m'ont fait construire de trop grands espoirs sur cette base incertaine : il est regrettable que la Terre Plate doive payer le prix des représentations que je m'en faisais, cependant je ne suis pas, en cette occasion, moins cruelle que les démons qui la bouleversent.)
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Un très bon début et malgré l'épaisseur considérable du livre, l'histoire n'en est pas moins déconcertante! Tant de détails, d'histoires en parallèles, de personnages ... que du plaisir à lire et à s'imaginer cette incroyable histoire aussi mouvementée puisse-t elle être
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