J'apprends avec une satisfaction certaine que
Roger Leloup a décidé de raccrocher le crayon. Je me dis qu'il aurait dû le faire depuis un bout de temps. Et pourtant... étrange concours de circonstance, ce tome m'a davantage plu que les précédents.
OK, il est blindé d'incohérences. OK, le dessin pose pas mal de problèmes, Prenons la case 3 de la page 40... Et la case précédente... et d'autres sur la même page (et un peu partout dans le livre). Les bras changent de longueur. Les jambes mincissent ou s'épaississent au gré de l'histoire. A ce niveau-là, j'en ai plus que marre de l'uniformité graphique des femmes et des hommes. Filiformes. Androgynes. Jeunes (à l'exception du méchant qui est presque toujours un vieil homme...).
Le tome 27 avait déjà vu le rassemblement de la plupart des personnages. le tome 28 ajoute Ingrid l'organiste au départ. L'entrée en matière est plus soignée. On a du rythme, de la tension, un parfum d'aventure. C'est bien.
Ensuite, on évoque largement quelques tomes précédents. C'est chouette, cela donne de la cohérence là où il en manque assez souvent. On retrouve ensuite une des marottes de Leloup: l'intelligence artificielle. Hélas, il maîtrise assez mal le sujet, ou choisit de ne faire que l'effleurer. Par rapport aux premiers tomes empreints de technologie, les derniers sont bien superficiels, voire faiblards.
Mais ici, comme rarement, Leloup arrive à insuffler un héroïsme, de l'aventure, de l'épique. Les références celtes sont sans doute en cause. Je passerai donc sur tout ce qui n'est pas expliquer au sujet de ces grottes, de l'implantation des moines, des Vinéens... dans les profondeurs de la terre. Je passerai aussi sur l'émoi de Yoko lorsque l'enveloppe d'un robot est détruite, alors qu'elle se contrefout de la mort du "grand méchant", qui n'est d'ailleurs pas 100% responsable de ses actes (vu qu'il est guidé par une I.A. dont Yoko ne pensera finalement que du bien). Ces émotions à géométrie variable sont perturbantes. Mais (une fois n'est pas coutume depuis 10 tomes environ), tout cela sert le récit, lequel progresse rapidement. Youpie. Qui reprendra la série, au risque de déplaire aux lecteurs qui aiment tout cet univers...? Peut-être personne, on peut toujours rêver...
Ah mais on m'annonce un tome 29 dessiné par Leloup... misère de misère... A mon avis, un peu de
Molière coule dans les veines de l'artiste.