Citations sur Corps de fille (25)
Cette saison (l'été) est à l'opposé de mes envies du moment : j'aimerais pouvoir bouger vite, courir plus, avoir frais. Ces paysages assoiffés que je connais par cœur m'oppressent avec leur ocre et leur rouille.
Les vieux qui nous bassinent avec leurs "C'était mieux avant." et "On était plus amoureux. Vos réseaux sociaux et le numérique, ça n'a rien à voir avec les lettres qu'on s'envoyait !" et blablabla. Tu parles ! il suffit de regarder Sofiane attendre, éclairé par l'écran de son smartphone. On attend peut-être plus le facteur, mais on attend la notification, la bulle Messenger, le SMS. Et on aime tout pareil. Et parfois les réseaux sociaux se taisent, comme une claque qui fait aussi mal que la lettre sans réponse. Page 40
[…]à quel point j'avais envie d'être en colère contre l'univers entier aujourd'hui.
O sait tous les deux qu'il y a des choses plus graves. On sait, pour la misère, la guerre, les maladies qui consument, les accidents inimaginables, les viols, les violences... On sait que Jessa et Sofiane n'ont pas partagé une vie ensemble, que leurs souvenirs tiendront sur deux onglets de Google photos. Mais Sofiane est malheureux et il n'y peut rien. Et moi je ne peux rien faire, si ce n'est comprendre, et attendre avec lui. Page 192
Sur ma crêpe, elle dépose la confiture de manière à dessiner un personnage.
- C'est qui?
- La petite sirène.
- Elle est où, sa queue?
- On la lui a mangée.
- Ah. Et ses longs cheveux?
- Elle en avait ras le bol.
- Et sa poitrine?
- Une légende.
- Ah oui, on la reconnaît bien.
- Merci.
On pouffe. L'humour entre nous, malgré tout.
"Elle m'indique deux paires : une rouge et bleue.
-Prends celle que tu veux.
- Le bleue et depuis toujours , c'est le bleue.
Intriguée , Olga leva les sourcils."
"- Je suis bien contente de revoir un Marchieux dans les cordes, j'ai entrainé ton oncle un paquet d'années, tu sais.
- Je sais ,oui .
- Qu'est-ce qu'il devient ?
Je me tasse un peu sur moi-même.
- ça va , je crois, je ...je ne l'ai pas vue depuis longtemps."
"- Alors, tu t’inscris ?
- Et comment.
Olga hoche la tête radieuse.
- Bienvenue, Agathe."
Quentin
Ça me touche et ça me rend presque triste parce qu'il ne pourra même pas voir à quel point j'avais envie d'être en colère contre l'univers entier.
Dans le salon bruyant, je marche sur le sol collant jusqu'à mon sac, en me demandant comment c'est possible que ce soit si vite le bordel, la vie: tu es là, tranquille, à jouer aux playmobils et à faire des barrages, et en moins de deux, tu te retrouves à fuir une fête pleine de bière pour des histoires de seins.
On se toise, chacun d'un côté de la table basse. Aucun de nous ne veut céder. Aucun de nous ne reconnaîtra ses torts, trop persuadé de ceux de l'autre.
La balade nous fait du bien. Le sport, c'est bon quand tu as mal au cœur parce que ça donne à ta douleur un endroit où se nicher.