: Un nouveau roman sur le passage, les premiers bilans ados.
L'auteure
Marie Lenne-Fouquet nous laissera comprendre rapidement ce qu'implique la fin de l'année en 3ème pour son personnage et le désir du meilleur ami Sofiane de s'étendre à d'autres groupes, d'autres personnes qu'elle.
Pour Agathe, c'est un peu comme si un époux se lassait de son couple, que venait l'usure et qu'il bredouillait du bout des lèvres qu'il adorerait aller voir ailleurs avec son consentement.
L'idée perturbante du passage au Lycée sera claire mais elle prendra son temps dans le livre, parce que Sofiane et Agathe sont les meilleurs amis du monde, parce qu'il n'ont encore que 14 ans.
L'héroïne principale, c'est Agathe.
Elle s'est trouvé un binome très tôt avec Sofiane, une vraie complicité qui ne demandait pas plus que cela d'être complétée, améliorée, remplacée, ils parlaient des mêmes sujets et se comprenaient.
Mais filles et garçons peuvent-ils rester toujours sur la même longueur d'ondes en grandissant lorsque la nouvelle donne des petits copains et petites copines se profilent enfin?
Agathe ne semble pas avoir le déclic de la séduction, vouloir plaire c'est se sentir prête sur ce terrain, être un peu sûr de pouvoir être choisie aussi.
Pourquoi faire? Puisqu'il y a les meilleurs amis? Comme si les meilleurs amis n'en voulaient pas eux de l'amour.
Agathe nous paraitra pleine de regrets déja, amère.
Déconnectée de sa propre vie de fille épanouie, déconnectée de sa complicitée mère-fille, reconnectée par défaut à un monde extérieur sélectionné, restreint et familier, à l'endroit des loisirs, avec la famille de son ami Sofiane. C'est un dehors pour se sortir d'elle-même, en quête de toutes les sensations vivifiantes qu'il peut apporter en compensation des contraintes du dedans, de son foyer, être seule, souvent, s'autogérer.
Sa mère travaille dur mais se trouve très absente aussi, manquant les plus événements marquants à deux mère-fille.
On sentira la colère monter, monter et il faudra la gérer, même si Agathe ne se sentira pas complètement abandonnée.
Un troisième point viendra se profiler, s'immiscer dans ce voyage de maturité obligé, poussé par les envies des autres, par une mère overbookée: son
corps de fille.
Agathe s'habillera comme elle veut ou comme elle peut, sans grande inspiration. Elle ne semblera pas vouloir de modèle féminin, juste être neutre, oubliée.
Les remarques des autres commenceront aussi à la chauffer sur cette affaire qu'elle ne maitrise pas bien et qu'elle met, on le comprendra, de côté. Trop gamine, trop garçon manquée, pas assez coquette.
Pourquoi ne cherches-tu pas à plaire, Agathe, hum?
L'héroïne va se décharger dans une salle de boxe, un loisir qu'elle aurait pu partager avec son oncle Rémi dont sa mère ne souhaite plus jamais parler.
Elle va commencer à boxer ses idées et se trouver à son tour un peu chamboulée en regardant les autres boxer, les garçons.
C'est clairement l'heure du changement et Agathe ne s'y attendait pas, de commencer à regarder les garçons sous cet angle.
C'est une bonne progression du sentiment ado que nous proposera l'auteure
Marie Lenne-Fouquet. Un moment délicat, parfois difficile et Agathe ne sait pas toujours elle même répondre aux autres à ce qui se passe en son dedans, expliquer pourquoi la défensive, parce qu'il lui faut du temps, parce qu'il lui faudra s'en confier à quelqu'un mais qui?
Un roman intéressant sur le ring du corps et de l'âme.