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Adossé à l'océan, loin de tout. Loin du tumulte de la vie. Épris d'un sentiment de liberté face à cette étendue immense... C'est là que vit Germain, l'un des gardiens du phare. Gardien de l'Ar-Men, le phare le plus exposé et le plus inaccessible du monde. C'est là qu'il a trouvé sa place. Aujourd'hui, Pierrick laisse sa place à Simon. Dix jours avec l'un puis avec l'autre. Les deux hommes se saluent à peine. Simon râle, pour tout. Pour l'humidité glacée des murs, les draps rêches, l'odeur de pétrole, le fracas des vagues qui viennent s'échouer sur les rochers. Deux hommes isolés, un phare qui, à la faveur d'une tempête, dévoilera son passé...

Ar-Men, surnommé L'enfer des enfers. Un phare accroché à la roche, à l'extrémité de l'île de Sein. C'est ici que nous emmène Émmanuel Lepage, loin des hommes. Dans cet album, il dépeint non seulement la vie des gardiens qui, coûte que coûte, devaient maintenir la lanterne allumée, mais aussi l'histoire de ce phare qui mit plus de 15 ans à émerger de la mer. Une histoire tout aussi incroyable que celle des hommes qui y prirent part. L'on navigue entre passé et présent. Graphiquement, Émmanuel Lepage nous offre de magnifiques et déferlantes planches. Tantôt historiques et plus classiques, tantôt sauvages et naturalistes, tantôt majestueuses. Un album qui nous plonge littéralement au coeur de cette Bretagne mystérieuse et envoûtante, qui nous happe dès les premières pages. Un album sensible et captivant...

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Là ou prend fin la terre, bien plus loin que la baie des Trépassés, plus loin encore que là où s'agitent les vagues du Raz de Sein capable d'engloutir hommes et bateaux, proche tout de même de la chaussée de Sein, là où les naufrages étaient monnaie courante, où, sous la main de l'homme est né un phare mythique : Ar-Men, baptisé à juste titre, l'Enfer des enfers, qui s'élève fièrement dans ce milieu hostile où de courageux ouvriers ont travaillé pour ériger ce titan lumineux, véritable prouesse humaine construite sur un rocher, dans une mer déchaînée.

C'est son histoire que nous conte Emmanuel Lepage dans cette superbe bande dessinée aux pages ocres et bleutées. Ce dessinateur de talent ne s'est pas contenté de raconter l'histoire du phare, de sa conception à sa construction, non, il y met son âme de Breton, y ajoute de bien belles légendes, enveloppe son récit de mystère, nous mêle aux difficiles conditions de vie des gardiens de phare, ces hommes solitaires et courageux, particulièrement Germain, le héros, peut-être pas gardien de phare par hasard...

Lecteurs qui passez par-là, plongez-vous dans ce livre passionnant, à vous la ville d'Ys et le roi Gradlon, faites connaissance de l'enfant de la mer, et prenez garde au Bag-Noz ou bateau de nuit, vaisseau fantôme qui vient chercher les trépassés. Mythe et vérité se mêlent, et Ar-Men devient alors beaucoup plus qu'un phare de pierre, il entre dans la légende du pays breton.

Pour compléter cette lecture, peut-être alors aurez-vous envie de venir voir la pointe sud de Bretagne riche de ses couchers de soleil magnifiques après lesquels, si vous observez bien, vous verrez au loin, s'allumer Ar-Men.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Je vais commencer par remercier mon ami Patrick qui m'a dirigé vers cette lecture.
"Ar-Men : L'Enfer des Enfers" est d'abord remarquable pour ses dessins superbes et c'est ce que j'attends avant tout d'une bande dessinée, ici, l'ambiance graphique sert à merveille le contexte de l'histoire, car d'histoires il va aussi être question.
Histoire d'une île, histoire des îliens, histoire d'un phare, mais pas n'importe quel phare et bien sûr celle d'Ys, la ville engloutie, car nous sommes en ici en Bretagne, terre de légendes.
L'histoire de l'île de Sein est indissociable des naufrages qui assuraient une source de revenus aux îliens, a priori si j'en crois le scénariste de la BD, cela a été l'un des motifs de l'opposition à la construction du phare par les habitants de l'île qui voyaient là se tarir l'une de leur source de revenus.
Il y a surtout l'histoire fascinante de la construction du phare, d'une complexité et d'une difficulté hors norme vu l'hostilité du lieu, quinze années là où il faut quatre où cinq ans pour d'autres constructions, les problèmes rencontrés, notamment techniques, sont ici remarquablement illustrés au propre comme au figuré.
Ces parties m'ont passionné, la partie légende aussi car je ne la connaissais pas, j'ai par contre été un peu moins emballé par la structure du scénario que j'ai trouvé assez confus, on saute souvent d'un contexte à l'autre au fil des planches avec des périodes sans rapport entre elles en terme de chronologie.
J'ai aussi eu des soucis pour comprendre qui était qui, il y a dans ce récit une partie onirique assez présente où souvenirs et rêves se confondent, pas facile de s'y retrouver pour ce qui me concerne.
Pour conclure j'ai adoré regarder ces images, belles et souvent propices à l'introspection, on y trouve des oiseaux sur presque toutes les planches, j'aurais aimé que l'auteur nous offre une mouette détaillée en gros plan, j'aurais mis cinq étoiles rien que pour cela ;)
Plus sérieusement, les scènes de tempêtes sur le phare sont magistrales, les images nocturnes encore plus avec les jeux de lumière, bravo à l'illustrateur.
A noter également la présence d'un DVD accompagnant cette bande dessinée, un plus appréciable.
Je me pose tout de même une question, on m'a "vendu" cet ouvrage comme un roman graphique là où j'ai surtout vu une BD... Y-a-t-il une réelle différence ou est-ce juste une nouvelle façon de nommer une BD ?
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6 ans de Babelio aujourd'hui, et ce n'est que ma huitième critique de BD, et toutes cette année. Merci à mes amis et amies babeliotes qui m'auront convaincu de renouer avec un genre que je ne lisais plus ...
Pour cette BD-ci, les critiques de HundredDreams (Sandrine) et Berni_29 (Bernard) ont été décisives, décision facilitée par mon amour de la Bretagne et de l'océan.

Ar Men, phare construit au large de l'ile de Sein: c' est le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne, c'est-à-dire du monde. On le surnomme "l'Enfer des enfers".

Dans cette BD se croisent plusieurs histoires, à différentes époques:
Celle de la ville d'Ys, engloutie par les flots, parce qu'elle était libre, ville de l'art et de l'amour, hors de l'influence de l'Eglise, péché mortel à cette époque.
Celle de Germain et Louis, gardiens d'aujourd'hui, qui l'un et l'autre essayent d'échapper à leurs souvenirs dans ce phare
Celle de Moïzez, fortune de mer, bébé découvert dans une épave et qui deviendra l'un des bâtisseurs du phare et son premier gardien. Il en écrira l'histoire sur son mur.

Ces histoire se mêlent étroitement, sans jamais se confondre, chacune étant baignée d'une tonalité différente. Et c'est là que je m'aperçois du chemin parcouru depuis le débit de l'année et des premières BDs que je rouvrais à l'époque : j'ai été fascinée par les images, le dessin, les couleurs de cette BD qui illustrent à merveille les histoires contées.
Je vous jure que j'ai entendu la mer s'écraser sur le phare, j'ai senti l'odeur du pétrole, j'ai tremblé avec le phare sous les coups de butoir des lames, j'ai frissonné dans l'humidité salée de ces lieux envahis par la mer et ses embruns.

Une plongée dans un univers fascinant.
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Un célèbre diction breton dit : "Qui voit Ouessant voit son sang, Qui voit Molène voit sa peine, Qui voit Sein voit sa fin, Qui voit Groix voit sa croix..." Les îles bretonnes, bien que formant de splendides territoires, ont souvent mauvaise réputation pour la navigation maritime, y compris pour le marin le plus aguerri...
Au large de l'île de Sein, sur cette chaussée où prend fin la terre, il est un phare qui se dresse aux avant-postes comme pour défier les déchaînements de l'océan. Il s'appelle Ar-Men, mais on le surnomme « l'Enfer des enfers ». Certains jours, il se mélange avec la furie des éléments, disparaissant dans le paysage, émergeant à peine des flots tumultueux.
Ar-Men : L'Enfer des Enfers est une formidable BD où le talentueux Emmanuel Lepage nous invite à côtoyer au plus près le tumulte de l'océan comme si nous y étions.
Ar-Men est un de ces fameux phares construits à la fin du XIXème siècle pour tenter de mettre fin aux naufrages dévastateurs que vivaient ces côtes finistériennes depuis des millénaires.
Ar-Men, - qui veut dire en breton la pierre, c'est cet endroit improbable de la taille d'un grand rocher où des hommes vont un jour imaginer ériger un phare...
Le récit démarre en 1962, où nous faisons la connaissance de Germain un des gardiens de ce phare et de Louis son fidèle compagnon, nous entrons dans leur quotidien façonné d'embruns et d'horizon... Un jour, sous les coups des vagues en furie, la porte d'entrée du phare cède, la mer entre par trombes venant défaire le crépi de l'escalier. le temps de remettre tout en ordre, c'est l'étonnement qui se dessine sur le visage de Germain. Des mots apparaissent sous le crépi défait, des phrases, un autre récit, celui de Moïzez racontant sa propre histoire qui se mêle à celle de la construction de ce phare... Nous sommes alors transportés en 1867...
Je ne vous cacherai pas, qu'étant breton, j'ai toujours été fasciné par les phares, leurs histoires, leurs beautés, leurs tragédies aussi, happé par ce vaste imaginaire qui se déploie autour d'eux, aussi vaste que la mer, émerveillé par le rythme lancinant de leurs faisceaux magiques, habillant et déshabillant la nuit.
Cette BD est emplie de poésie, le vol d'une sterne traversant le ciel, le rugissement d'une mer furieuse comme elle sait l'être sur ce bord de continent perdu, à la pointe du monde. Ce bout du monde, je le connais bien, j'y vais de temps en temps, j'y suis à quelques encablures et je ne me lasse jamais de ce tableau qui se réinvente sans cesse...
Durant un été, mes parents avaient loué une petite maison de vacances à Lilia-Plouguerneau et nous avions eu l'occasion de visiter le magnifique phare de l'île Vierge, qui est le phare le plus haut du monde, du haut de ses soixante-quinze mètres. J'avais sept ans. C'est peut-être comme cela que j'ai ressenti pour la première fois une fascination pour les phares.
Forcément, je me posais des tas de questions, celles que peut-être tout le monde se pose en regardant le large... Comment peuvent tenir debout les phares, avec toutes ces tempêtes effroyables que nous subissons en Bretagne l'hiver, offrant autant de coups de boutoirs qui viennent cogner contre leur paroi... ? Mais une autre question me taraudait souvent : au milieu de cet océan si tumultueux, comment des hommes ont-ils réussi à construire de tels édifices si solides ? Et puis, tiens une autre encore : est-ce que certaines tempêtes, plus rudes que les autres, empêchaient parfois la relève des gardiens ? Je parle à l'imparfait, car désormais depuis plusieurs années, la plupart des phares au large de nos côtes sont automatisés...
La Vieille, Pierres Noires, le Four, l'île Vierge, le Créac'h, Kéréon, Ar-Men, autant de noms qui forment les gardiens de la Mer d'Iroise...
Alors trois récits viennent s'entrelacer et s'enchâsser dans des pages et des planches rugissantes d'écume. L'histoire de Germain vient se mêler à celle de Moïzez et de Dahut la fille du roi Gradlon, échappée de la cité perdue d'Ys...
Parfois un oiseau traverse le ciel, happant notre regard, tandis que les ténèbres s'ouvrent et nous voyons surgir de la nuit un vaisseau fantôme, le Bag-Noz qui venait chercher les trépassés dans la baie du même nom... C'est peut-être seulement un père racontant un conte à sa toute petite fille...
Nous devenons alors Germain, chahuté par la nuit et son cortège de fantômes, emportant avec lui sa solitude et ses blessures...
Nous devenons alors Moïzez, l'enfant trouvé sur le sable après un naufrage...
Nous devenons des lecteurs aux yeux éblouis par l'imaginaire des écrivains...
Merci Sandrine (HundredDreams) pour ta chronique toute récente qui m'a donné envie de prendre le large pour Ar-Men...
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« Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.»
L'Homme et la Mer de Charles Baudelaire.

L'histoire du phare d'Ar-Men débute dans la nuit du 23 au 24 septembre 1859, avec le naufrage de la corvette à aubes, le Sané sur les rochers de la redoutable chaussée de l'île de Sein. Bien connue des marins, cette zone de récifs qui s'étend à l'ouest de l'île est extrêmement dangereuse en l'absence de repères. Suite à cette catastrophe, une décision est prise d'édifier un phare sur les trois petits rochers qui dépassent à peine de l'eau. La construction commence en 1867 et se termine 14 ans plus tard. Compte tenu de cette base étroite, les coups de houle pendant les tempêtes font trembler tout l'édifice et tomber ce qui est accroché aux murs, rendant ces périodes particulièrement difficiles pour les gardiens. Il est donc décidé en 1907 de renforcer la base par une chape de béton supplémentaire. Dès lors et depuis 120 ans, Ar-Men surnommé l'enfer des enfers restera toujours debout.

C'est notre dessinateur-scénariste Emmanuel Lepage qui nous fait revivre cette épopée. Il nous embarque avec maestria dans cette aventure graphique grâce à une bonne connaissance de la Bretagne (il est né à St Brieuc dans les Côtes-d'Armor). A travers le témoignage de Moïzez, premier gardien du phare et ceux de Germain et louis en 1962 ; on vit, on respire, on ressent, on partage l'existence de ces gardiens de la mer. On saisit mieux l'importance de ces silhouettes fantastiques qui dominent notre horizon comme elles dominent aussi notre imaginaire collectif. Ces éclats de lumière ne sont pas que de simples guides, Ils rassurent aussi les marins dans l'obscurité. Sentinelles solitaires, exposées aux intempéries, elles possèdent chacune leur propre signature lumineuse voire même leur propre personnalité.

Cette bande dessinée pleine de poésie marine est aussi soutenue par un dessin de toute beauté. Les planches sont d'un réalisme saisissant. Les paquets de mer vous explosent en pleine figure, les mouettes vous hurlent dans les oreilles et notre Ar-men, véritable géant de pierre, se montre dans toute sa puissance et sa force minérale. La mise en couleur est à l'image de toutes les nuances de la mer d'Iroise. Les vert, bleu et gris sont admirablement repartis et contribuent à accentuer le côté dangereux et mystérieux de ces eaux. La magie du trait chez Emmanuel Lepage est aussi exceptionnelle. le vol des oiseaux marins, le roulis des vagues, la puissance des tempêtes sont tout simplement uniques et d'un réalisme troublant. On est littéralement transporté au coeur de l'océan au milieu de ses embruns et de ses coups de boutoir.

Comme les légendes bretonnes, les gardiens de phare sont en passe de disparaître avec l'automatisation mis en place depuis 1990. C'est autour de la société nationale pour le patrimoine des phares et balises de s'inquiéter pour l'avenir de ces constructions dont l'état se dégrade depuis quelques années. L'absence des gardiens doit y être certainement pour quelque chose…

Merci à HundredDreams, Berni_29, dannso pour cette belle découverte collective qui ne peut laisser indiffèrent tous les amoureux de la mer que nous sommes …

« le marin rêve face à la mer, le gardien de phare face à la terre. »
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Ar-Men sort des flots
la page coule de mer
au pied du sapin

Au pied du sapin cet album d'Emmanuel Lepage, comme une vague d'images. Je ne raconte rien, je vous laisse découvrir les bleus, les verts, les glaz, les rouges des voiles alliés à la chevelure ruz de l'enfant venu de la mer, et les gris orangés ou bleutés selon les saisons, les tempêtes. Des aquarelles de toute beauté, une mer de couleurs.

La magie de l'île de Sein, de son phare Ar-Men, comme un navire immobile, ancré au rocher. Un lieu où les fantômes sont d'écume, où les hommes sont hantés par leurs souvenirs, leur vie rythmée par trois éclats toutes les vingt secondes, avec pour leitmotiv "le feu est clair tout va bien", pour apaiser les tourmentes, sauver des vies, repêcher un éclat de bonheur.

Magnifique album.
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Après un passage à la librairie, côté BD, et suivant les conseils avisés de mon libraire préféré, me voilà partie pour une aventure nautique (ou presque) et une découverte fabuleuse, celle du phare Ar-men, construit dans le Finistère en face de l'île de Sein.

Une aventure que j'ai largement appréciée tant par les histoires multiples qui jalonnent cet album (la légende d'Ys, la construction du phare, Moïzez l'enfant sorti des flots ou la fortune de mer, les tempêtes et naufrages historiques, sans compter les récits de nos deux gardiens de phare ici présents Germain et Louis), que par la beauté des dessins, de vraies marines. Un ouvrage remarquable à tous points de vue. D'autant plus que j'ai été chahutée par les eaux, trempée par les tempêtes, étourdie par le rugissement des vagues, éblouie par le feu. Mais mon mal de coeur n'est pas venu de la mer, il est monté lentement quand les deux gardiens de phare ont commencé à libérer leurs paroles et à confier le pourquoi de leur présence sur ce lieu perdu en mer. Quitter un enfer pour un autre.
« Ar-men, le nom breton de la roche où il fut érigé. Il est le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne. C'est-à-dire du monde. On le surnomme l'enfer des enfers. »

Les dessins sont riches, vivants. Les conditions climatiques resplendissent des mille difficultés à supporter. Les couleurs sombres, lumineuses ou sépia, déclinent l'intensité du ressac et des émotions.
Un album à ouvrir et à respirer : les embruns fouettent le lecteur dès les premières pages. Un album dans lequel les tempêtes extérieures comme intérieures sont magistralement dépeintes.
Et un auteur à découvrir
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Le milieu marin, l'océan, les phares me fascinent depuis toujours. J'aime aussi la Bretagne avec son histoire et ses légendes, ses paysages d'une beauté brute et sauvage.
Cette bande dessinée avait tout pour me séduire, une superbe couverture, de magnifiques planches et surtout une thématique qui me passionne. Merci Fanny (Fanny1980) de m'avoir encouragée à la lire, j'ai passé un très beau moment à découvrir l'histoire de ce phare, sublimée par les dessins d'Emmanuel Lepage.

*
Cet été, je suis allée visiter le phare de Cordouan. Construit il y a quatre siècles, « le roi des phares » est posé sur un ilot rocheux en pleine mer, à l'embouchure de l'estuaire de la Gironde. En allant à la rencontre de ce gardien imposant et majestueux, j'ai découvert son architecture fantastique et son histoire.
La visite est assurée par les gardiens du phare. Ainsi, on découvre ce lieu magique avec leurs yeux émerveillés. Ils nous font partager leur passion pour l'océan et les phares. Ils nous parlent de leur métier qui s'est transformé au cours du temps, de la fonction des phares d'aujourd'hui qui nécessitent pour certains encore, l'intervention de l'homme.
Cette petite digression pour vous expliquer qu'en ouvrant cet album, vous irez à la rencontre d'Ar-Men, de son histoire, mais aussi de celle des hommes qui l'ont bâti, entretenu, habité.

« le marin rêve face à la mer, le gardien de phare face à la terre. »

J'aime beaucoup ce nom, Ar-Men, on dirait celui d'un chef guerrier.

*
Là, entre ciel et mer, au large de l'île de Sein, dans une mer souvent agitée, Ar-Men surgit des profondeurs et dresse sa haute silhouette longiligne.
Surnommé « l'enfer des enfers » en raison de son exposition et de son accès difficile, ce lieu inhospitalier et isolé fait face à l'immensité de l'océan, inébranlable dans sa détermination à ne pas plier sous la force du vent et l'assaut des vagues démontées.

Là se relaient, à tour de rôle, toutes les deux semaines, des gardiens.
Germain est l'un d'entre eux. Ar-Men est sa maison, son refuge, sa retraite. Il en aime chaque pierre. Il y retrouve un semblant de paix, car il réussit à mettre à distance ses souvenirs et les enfermer au plus profond de lui-même.

Par une nuit de forte tempête, l'eau de mer va s'engouffrer dans le phare, arrachant le crépi d'un des murs intérieurs, révélant ce qui était jusque là caché : l'histoire de ce phare, écrite à travers les yeux de son premier gardien.

*
A partir de cette découverte, le récit se divise en de nombreuses histoires que l'auteur va tresser habilement.
Au calme retrouvé après une journée de travail, aux pensées et aux souvenirs de Germain, vont se mêler l'histoire de la Bretagne, celles des légendes bretonnes du roi Gradlon et de Dahut devenue sirène, ou encore celle du Bag Noz, le bateau fantôme, et de son capitaine l'Ankou. On est emporté par le flot de l'Histoire, au moment de la construction du phare, ou lors de la seconde guerre mondiale.

Et dans la grande Histoire se dessine, peu à peu, l'histoire personnelle de Germain. Les fantômes du passé refont surface, inexorablement, inlassablement, et on découvre un homme touchant, abimé par la vie.

« Moi, je suis enfermé dans mon phare comme dans mes souvenirs. »

La fin est très belle, émouvante.

*
Des tons sépia, chaleureux, doux, aux tons bleutés et froids de la mer d'Iroise, les planches d'Emmanuel Lepage sont de toute beauté. Les couleurs, les jeux d'ombres et de lumières participent aux changements d'ambiance, aux sauts dans le temps.
Totalement sous le charme des dessins, je trouve que l'album dégage beaucoup de poésie, de douceur, de mélancolie et d'émotions.

*
Mêlant fiction, mythes et légendes, documentaire et Histoire, « Ar-Men » séduira autant les amateurs de phares bretons que des lecteurs sensibles à la délicatesse d'un récit qui rend hommage au lien nous unissant à la nature.
Avec pour fond l'océan, emporté, envoûtant, et Ar-Men, magnifique forteresse chargée de souvenirs et d'histoire, ce roman graphique est une beau récit dont les images impressionnantes de beauté et de réalisme laissent les blessures, les douleurs, l'immense solitude des personnages effleurer à la surface des flots.
Un petit bijou à ne pas manquer.
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Comme dirait mon pote Obélix : Y sont fous ces bretons ! Mais oui quelle idée d'aller bâtir un phare sur un gros caillou, m'enfin… Aïe mais les copains ne m'en jetez pas des cailloux. Qui aime bien châtie bien et j'adore la Bretagne et particulièrement le Finistère. J'aime beaucoup la force que dégagent ces côtes abruptes et sauvages façonnées par les vagues. Il y a une puissance des éléments qui me fascinent et je pourrais rester des heures à regarder la mer et les phares.

Au large de l'île de Sein il y a le célèbre phare Ar-Men. Magnifique et dangereux, un espace que semblent se disputer la mer et la pierre comme si chacun revendiquait son territoire sur cette bâtisse souveraine qui refuse de se laisser conquérir. En cela, j'ai été emballé par le choix du dessin, un peu flou, déstructuré, instable comme les vagues et les vents qui battent les flancs des îles bretonnes et des phares qui les habitent. Je pouvais entendre le souffle d'Eole se déchaîner et Neptune rugir. J'ai aimé Germain et Louis des loups de mer solitaires qui veillent le phare et défient la fureur des éléments du haut de leur très grande vulnérabilité de simples mortels. J'ai aimé leurs souvenirs aussi, et le lien qui les uni : simple et honnête, fait de silence et de gestes.

Mais, et oui il y a un mais, je suis bien moins enthousiaste que les copains sur l'histoire dans son ensemble. Je l'ai trouvé brouillonne. On passe d'une histoire à l'autre sans transition et je n'étais pas contente d'être arrachée à la compagnie de mes deux gardiens de phare pour me retrouver dans une légende puis dans le passé puis de nouveau dans la légende puis… oulala ça tangue ici ! Trop de changements et pas assez de liant, je me perds je me noie et pas la moindre bouée de sauvetage en vue ! Trop d'aller-retour pour moi j'ai bu la tasse.

Mais, (ben oui je mets des mais sur les mais même si ça ne se fait pas) le dessin vaut vraiment le détour et la force qui se dégage de cette BD… hein ? ah oui… de ce roman graphi… non ? Je sais toujours pas. Je disais la force qui se dégage de ces illustrations (éh éh) vaut le détour. Les dessins sont chaleureux et on est dans ce phare comme dans une petite chaumière au coin du feu alors que dehors les éléments se déchainent. Rien que pour ça cette petite escapade bretonne valait le coup.
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