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EAN : 9782754834841
312 pages
Futuropolis (16/11/2022)
3.69/5   190 notes
Résumé :
« Ton projet me donne des sueurs froides... Tu aurais pu attendre qu'on soit morts... À la sortie de ton livre, on prendra de longues vacances, loin de tout, de nos amis, de nos voisins ! », dit Jean-Paul à son fils, Emmanuel Lepage. «J'ai besoin de savoir d'où vous venez, vous et les autres. J'ai besoin de comprendre ce qui vous a poussé à créer une vie communautaire», réplique Emmanuel. Tout est là. Comprendre. Comprendre pourquoi ses parents et cinq autres couple... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Emmanuel Lepage fait toujours des albums très personnels, habituellement plutôt sur ses reportages, mais cette fois il parle de ses parents.
De la génération « post-soixante-huitarde », ils ont vécu dans un habitat semi-communautaire pendant plusieurs années en Bretagne et Emmanuel en garde un souvenir enchanté.
Arrivé à la retraite, le groupe de copains se reforme et parle de nouveau de se retrouver dans un habitat partagé, mais tous les souvenirs affluent et Emmanuel mène l'enquête pour mieux comprendre cette première expérience et les raisons de son échec.Le sujet est riche et Emmanuel va tenter de démêler ces différents destins imbriqués.


Cela donne un album de plus de 300 pages, dense, parfois un peu touffu avec ses aller-retour dans le temps et la présentation des différents acteurs.
Mais c'est surtout un formidable témoignage sur un mouvement intellectuel, spirituel et philosophique, celui du « catholicisme social », autrement dit les « chrétiens de gauche », dans les années 60 et 70.
Toutes ces familles sont militantes et mettre en pratique leurs convictions est un challenge pour eux.
Emmanuel va mieux comprendre cette démarche en interrogeant ses parents et leurs amis, faisant resurgir des moments heureux mais aussi les profonds désaccords qui ont mis fin à cette utopie.
« Ton projet me donne des sueurs froides... Tu aurais pu attendre qu'on soit morts... À la sortie de ton livre, on prendra de longues vacances, loin de tout, de nos amis, de nos voisins ! », dit Jean-Paul à son fils.
« J'ai besoin de savoir d'où vous venez, vous et les autres. J'ai besoin de comprendre ce qui vous a poussé à créer une vie communautaire », lui réplique Emmanuel.


Cette bande dessinée est magnifique, comme tous les albums d'Emmanuel Lepage, alternant le noir et blanc et les couleurs aquarellées selon l'époque, et son sujet est très actuel puisqu'on parle beaucoup d'« habitats partagés » pour les « seniors », « post-soixante-huitards », d'aujourd'hui...
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Ce livre m'a vraiment beaucoup marqué.
Je préfère Emmanuel Lepage dans ses reportages que dans ses fiction, mais cette fois-ci, il va encore plus loin dans son approche de la réalité en parlant d'un sujet où il est directement impliqué, lui et plus particulièrement ses parents, le ton est très différent de ses autres reportages, le lecteur est invité à entrer dans l'intimité de leurs idéologies, de leurs opinions politiques, de leur action militante dans la période des années 60-70.

Je pense que beaucoup de fans de cet auteur seront décontenancés, le sujet est ici bien moins universel. Pour ma part, étant de la même région, bien qu'un peu plus à l'ouest, et de la même génération qu'Emmanuel Lepage, j'ai été étonné d'y trouver un certain écho avec ma vie dans cette période. Je n'avais jamais entendu parler de ces tentatives de vies communautaires en Bretagne, mais les milieux catholiques de gauche ont une certaine résonance dans mes souvenirs, je suis à peu près certains que mes parents ont fréquenté des personnes qui avaient assisté aux prêches de Bernard Besret. Mais ce que j'en retiens surtout, c'est cette vision que nous avions des adultes dans cette période où il se passait beaucoup de chose, beaucoup de nouvelle idées circulaient, c'était une période florissante où nous les enfants en profitions sans y comprendre grand chose, car nous étions nés dans cette effervescence et elle nous paraissait naturelle, le monde bougeait autour de nous et nous crapahutions insouciants, nous consacrant à nos bêtises d'enfants. le graphisme en aquarelles détaillées et vivantes d'Emmanuel Lepage nous immerge dans cette ambiance et dans cette région, dans le bocage de la Bretagne intérieure.

Cette bande dessinée a réveillé chez moi tout un tas de souvenirs, de moments de mon enfance, de moments ou mes parents participaient à quelques réunions politique ou culturelle pendant que nous jouions à côté, c'était le début des années 70, c'était la Bretagne, catholique tendant progressivement à gauche, c'était un moment où de mon côté je me développais, je m'éveillais doucement à la culture, aux idées, beaucoup de leurs combat sont restés vains, n'ont pas abouti ou ont accouché d'une souris comme la réforme de Jean XXIII avec Vatican II et pourtant ils ont profondément modelé, Emmanuel Lepage aurait-il été le même sans l'expérience de ses parents, j'en doute.

Ce livre ne raconte pas un combat idéologique, ce livre raconte comment on vit les expériences de nos parents, comment ont vit des décisions radicales quand nous somme pas encore en âge de les comprendre, ce livre raconte comment le monde évolue autour de l'enfant, de la famille, ce livre raconte les années 60/70 fiévreuses et bouleversantes jusqu'au fond du bocage breton, d'une autre façon que ce qui se passait alors à Woodstock, ce livre m'a concerné et m'a touché.
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Un roman graphique ambitieux, et une réussite totale.
Roman graphique ambitieux par son format – 300 pages bien denses, un poids conséquent – mais surtout par la volonté d'Emmanuel Lepage de raconter son enfance telle un arbre, avec ses profondes racines et ses branches divergentes, au fil des saisons et des témoignages recueillis.
Car son récit débute avec celui du père, né en 1938 dans une famille pauvre : l'Occupation, les années 50, son engagement religieux puis son tour du monde dans la Marine.
Les souvenirs de la mère complètent et enrichissent ce récit, une mère devenue peintre dont les tableaux veulent "montrer la vérité".
C'est toute la France des années 60-70, tant l'ordre social que les aspirations de la jeunesse chrétienne, tant l'histoire familiale que celle de la JOC (créée par l'Église pour contrer l'influence communiste dans la jeunesse ouvrière).
Tout cela me rappelle mes (lointains) cours de fac en Histoire contemporaine… mais aussi ma propre histoire familiale.
Parallèlement, l'auteur explique la démarche qui a amené ses parents à un habitat communautaire, celui où il a grandi dans la campagne proche de Rennes ; un collectif qui mutualisait la machine à laver mais aussi, comme il le raconte avec humour, les enfants, tous en liberté dans la Nature.
Tout cela me rappelle mes réflexions, à moi aussi, sur un projet d'habitat communautaire.
Pour conclure, cet album est une réussite totale également au niveau du dessin, avec une attention particulière aux couleurs qui traduisent une atmosphère, le sépia des parents, les couleurs joyeuses des souvenirs d'enfance, la profondeur des nuits étoilées…
Et la drôlerie de voir de face cette hirondelle en vol, ou une chèvre… !

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De 5 à 9 ans, l'auteur a vécu dans une communauté en Bretagne, le Gille Pesset. Plusieurs familles, catholiques et de gauche, voulaient tenter une autre façon de vivre ensemble, moins individualiste et plus propre au monde moderne et à la foi partagée. « Nous voulions révolutionner l'Église de l'intérieur ! » (p. 85) de ces quelques années, il reste à Emmanuel Lepage des souvenirs colorés, des éclats vifs comme le soleil, mais il lui manque l'origine du projet et, surtout, les raisons pour lesquelles ses parents ont brusquement quitté le Gille Pesset. Pendant plusieurs années, l'auteur interroge les fondateurs de cet habitat partagé. Il découvre des secrets de famille, des idéaux, le poids encore lourd de la foi dans les années 60 et 70 et cette aventure humaine un peu utopique. « Comment habiter, comment vivre ensemble... comment agir sur le monde que l'on veut changer ? » (p. 113) de dialogues en souvenirs, les témoignages qu'Emmanuel Lepage recueille dessinent la chronique d'un temps révolu et d'une réflexion menée sur l'institution ecclésiale et la société en général. le projet du Gille Pesset prend naissance au moment de Vatican II et de mai 68. Tout bouillonne et tout craque : les modèles passés sont trop étroits pour ces jeunes couples et ces familles qui ont l'espoir d'autre chose. « Nous sommes des gens de gauche en opposition avec les valeurs dominantes de la société, contre l'autonomie et la privatisation de la famille. [...] Nous cherchons l'épanouissement de la personne dans une entité plus large que la famille. » (p. 182 & 183)

Et cette histoire, c'est aussi celle de l'auteur. « C'est au Gille Pesset que tout a commencé. Là où sont les clés de tous mes livres. » (p. 147) Quand il dessine les témoignages, l'auteur utilise le gris et le sépia, mais quand il met en image ses propres souvenirs, la couleur éclate, vibrante comme le sont les heureux moments de l'enfance. « Pour nos parents, le Gille Pesset est une idée, une utopie... Mais pour moi et pour chaque enfant du groupe, il est le Monde. On est de son enfance. » (p. 160) C'est en faisant le chemin à rebours de sa mémoire et de celle des familles du Gille Pesset qu'Emmanuel Lepage comprend comment les idéaux et les espoirs cette petite communauté ont fait long feu.

J'ai plongé dans ce récit autobiographique avec beaucoup d'émotion, mais aussi de curiosité. J'ai découvert tout un pan du catholicisme breton, dans une époque que mes parents ont connue, qui pour moi n'est qu'histoire, mais histoire trop proche pour être vraiment objectivée. « Papa, cet homme que je vais raconter, ce n'est plus toi, et puis ce sera mon interprétation. » (p. 3) Au-delà du propos, je retiens surtout le dessin d'Emmanuel Lepage. Les pages représentant des racines et des arbres ont une symbolique évidente, mais d'une beauté immense. Cache-cache bâton est une oeuvre profondément émouvante et qui ne laisse pas d'interroger sur notre monde actuel.
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Voici un projet longuement mûri d'Emmanuel Lepage : un récit autobiographique sur une expérience de vie en communauté lorsqu'il était enfant.
La bande dessinée est épaisse : 302 pages, et j'avoue avoir eu du mal à m'immerger dans ce passé qui ne me parle pas. Nous sommes dans l'après guerre, en Bretagne, dans un milieu hyper catholique. Les parents de l'auteur, ainsi que les autres membres de la communauté, se construisent dans des mouvements communistes ou religieux. L'esprit de groupe est déjà là et en vieillisant ils ont envie de poursuivre cet élan. D'où le projet communautaire de Gille Pesset. Une époque qui remonte à mes grands-parents, qui n'éveille donc aucun souvenir ou nostalgie en moi pour m'aider à accrocher au début de la BD. Certains passages me semblent confus dans les explications religieuses ou politiques, s'intercalent des épisodes relatant deux autres fondations de communauté qui m'embrouillent. Qu'est-ce que ça vient faire là ? Est-ce au final plutôt un reportage sur les groupuscules communautaires plus qu'une autobiographie sur une expérience de vie ?
Mais je m'accroche tout de même, par curiosité. Et enfin, pile à la moitié de la bande dessinée, page 150, le récit se fait plus vivant à travers les yeux des enfants qui ont vécu au Gille Pesset. Cela ressemble, de leur point de vue, a une enfance miraculeuse faite de jeux et de bêtises. Avec de petits éléments on commence à saisir comment fonctionne leur communauté. J'ai trouvé quand même dommage qu'on vive cette expérience de loin, comme un album photo, plutôt que d'avoir le droit à une vraie histoire en immersion dans une famille. On comprend tout de suite que, dès le départ, le groupe n'est pas vraiment solidaire. Il y a des envies et des attentes différentes qui font naître du ressentiment et du mal-être. Mais je n'ai pas reussi à saisir le point de rupture, je n'ai pas compris ce qu'il s'est passé pour que la famille Lepage quitte brutalement cet univers patiemment construit. Cela m'a paru frustrant, au vue des longueurs un peu rébarbatives qui s'incrustent dans le recit, qu'il y ait pas eu d'avantage de place pour l'élément le plus important de l'histoire, l'explication de l'échec d'une vie en communauté.

J'adore les aquarelles d'Emmanuel Lepage, et il nous offre encore dans cet album quelques pages magnifiques qui respirent la poésie, la campagne et les rêves mais l'ensemble est assez inégal. La couleur lui va s'y bien que j'ai trouvé les passages en camaïeu de gris tristes et plus fades.
J'ai eu beaucoup de mal à individualiser les personnages, j'avais l'impression qu'ils se ressemblaient tous et comme on les voit à différents âges, je n'arrivais plus à savoir qui était qui. La communauté finissait par être un tout où les individus sont interchangeables ce qui n'aide pas à une compréhensions des relations entre eux.
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critiques presse (4)
Telerama
13 février 2023
Emmanuel Lepage, l’auteur des Voyages d’Ulysse – avec René Follet et Sophie Michel –, raconte cette fois une histoire intime, familiale et sociétale dans Cache-cache bâton (éd. Futuropolis). Celle d’une communauté chrétienne qu’ont cofondée ses parents, près de Rennes, dans les années 1970. Avec finesse et précision, il ausculte les idéaux de ces vies partagées, les écueils rencontrés, les espérances déçues. C’est aussi le récit de ses années d’enfance qu’il fait, de ses lectures d’alors, de la formation de son œil.
Lire la critique sur le site : Telerama
LigneClaire
27 décembre 2022
Lepage met en images la vie telle qu’elle était socialement et humainement. Avec en prime la spontanéité de ces couples qui vont aller au bout de leur idéal à la recherche d’un bonheur partagé. Un constat en fait avec ses doutes, ses succès, ses interrogations et une fin dont Lepage est le témoin. Un ouvrage d’une belle sensibilité, courageux, émouvant et qui est unique donc il ne faut pas passer à côté.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Sceneario
29 novembre 2022
Si le sujet des expériences communautaires vous intéressent, vous devriez beaucoup aimer cet album. En plongeant dans ses racines, Lepage aborde une thématique qui est plus que jamais d’actualité en ces temps compliqués, où la guerre, la pandémie et le partage des ressources sont au coeur des préoccupations.
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDZoom
21 novembre 2022
Pourtant, en dévoilant tous ces secrets de famille dans ce qui est son ouvrage le plus personnel, Emmanuel Lepage a réalisé, avec « Cache-cache bâton », ce qui restera certainement comme son grand œuvre !
Lire la critique sur le site : BDZoom
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
« Ton projet me donne des sueurs froides... Tu aurais pu attendre qu'on soit morts... À la sortie de ton livre, on prendra de longues vacances, loin de tout, de nos amis, de nos voisins ! », dit Jean-Paul à son fils.

« J'ai besoin de savoir d'où vous venez, vous et les autres. J'ai besoin de comprendre ce qui vous a poussé à créer une vie communautaire », lui réplique Emmanuel.
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Été 1972. La maison des Tezenas sort de terre. Je m'accroche à des dates pour ordonner les images, Je tente une chronologie pour raconter. Pourtant, dire l'enfance, c'est mélanger les souvenirs, les choses vues, les choses vécues. ou imaginées.
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C'est ici que tout commence... Pour nos parents, le Gille Pesset est une idée, une utopie.. Mais, pour moi et pour chaque enfant du groupe, il est le Monde. On est de son enfance.
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« Nous sommes des gens de gauche en opposition avec les valeurs dominantes de la société, contre l’autonomie et la privatisation de la famille. […] Nous cherchons l’épanouissement de la personne dans une entité plus large que la famille. » (p. 182 & 183)
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« Papa, cet homme que je vais raconter, ce n’est plus toi, et puis ce sera mon interprétation. » (p. 3)
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Ce mois de mars est une ode à la nature, aux espaces infinis, et aux échanges qui nous font grandir.
Il marque la sortie d'Au pied des étoiles, le livre à quatre mains d'Edmond Baudoin et Emmanuel Lepage : une rencontre inoubliable, et un grand moment de bande dessinée. Troubs vous entraîne au Ghana, dans le Royaume des kapokiers, pour découvrir l'équipe extraordinaire du parc de la Mole. Et avec Thomas Azuélos et Aurélien Ducoudray, vous le saurez, Il ne devra plus y avoir d'orphelins sur cette terre.
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