AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 112 notes
5
8 avis
4
13 avis
3
0 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est une sorte de voyage initiatique dans l'univers de la guérilla nicaraguayenne au milieu des années 70, dans une ambiance de tragédie romantique, répression, cruauté, amour… Et surtout, c'est une histoire de passion dans tous les sens du terme y compris religieux, celle que peint le jeune séminariste dans ce village désolé, celle des villageois coincés entre la rébellion et un état policier dur et violent, celle du combat pour la vie, du sacrifice pour la cause, pour un monde meilleur, et la passion dans l'amour interdit... Les aquarelles d'Emmanuel Lepage font références à l'art classique romantique d'un Delacroix, d'un Géricault. Il y a de la “Liberté guidant le Peuple”, du “Radeau de la Méduse” et aussi de “l'Enterrement à Ornans”. L'acte de dessiner fait aussi partie intégrante de l'histoire, et intervient dans cette tragédie. Rien est laissé au hasard, tout est maîtrisé avec brio.
Commenter  J’apprécie          190
Il y a des parents qui exposent au feu leur progéniture, les êtres qu'ils veulent le plus protéger. Etonnez-vous après, qu'il y est...flamboiement ! Destruction et re-naissance, mais dans un ailleurs, si loin !

Le lieu de l'action : une dictature d'Amérique Latine, avec les ravages que l'on connaît. L'esprit révolutionnaire a un souffle cubain, sur une musique de cris et de tirs de mitraillette.

L'action : l'arrivée d'un tout jeune homme à la chair si tendre et si vulnérable, protégé jusque là par une éducation bourgeoise, studieuse et livresque, au fond d'un calme séminaire, sa fragile complexion protégée par des vêtements bien fermés et de beau drap comme une élégante soutane ; donc son arrivée, sa dé-portation brutale, dans un village au coeur d'une forêt somptueuse, odorante et dangereuse, village poussièreux, écrasé de lumière et de chaleur, où travaille, s'agite une population suante de labeur le jour et d'ébats amoureux la nuit, aux pensées écartelées entre résignation et révolte.

C'est bien sûr la découverte, la confrontation de ce jeune bourgeois à une réalité de la vie qu'il ne connaissait pas, mais, de mon point de vue, une passionnante réfléxion sur l'art, qui ne se résout jamais à la seule adresse technique. Bienheureux ceux qui possèdent cette virtuosité de la main et de l'oeil, s'ils se contentent de ce simple don.
Pour les autres, il leur faudra "soulever la peau des choses" : certainement la phrase phare de cet ouvrage. Il faudra que la pensée et les tripes "prennent la main" pour transcrire des émotions, celles-là universelles.
Et cette expression "soulever la peau des choses" évoque et de la douleur, et de la patience, et des contorsions du corps et de l'intellect, pour regarder, voir, comprendre et s'approprier pour mieux restituer.
Emmanuel Lepage parle au lecteur de son art, et c'est émouvant.

En filigrane, la sensualité, la sexualité, presque à toutes les pages, brutale et imposée, bruyante car partagée, honteuse quand mal assumée, l'homoséxualité suggérée par la jupe d'une soutane qui virevolte dans une course, par une question "Vous n'avez pas chaud avec cette soutane ?" posée par un éphèbe doré, à moitié nu et qui le scrute en souriant narquoisement.

Picturalement, ouvrage somptueux, tant dans la mise en page, le graphisme et les couleurs. le dessin suggère, est miroir et abîme.
Une des images que je préfère : c'est une belle nuit étoilée, que l'on devine chaude ; les fenêtres des maisons sont éclairées, les portes ouvertes sur la rue dessinent des zones lumineuses. Surplombant le village, agenouillé, bras ballants, sur le bord d'un oculus, Gabriel contemple la scéne. Une planche relie cet oculus à l'échaffaudage par lequel il est monté et l'ensemble forme un énorme croissant comme deux serpes aigûes dans lequel il se trouve ensserré.
Quant la douceur du trait, la suavité des couleurs s'opposent, mettent en valeur la cruauté de la scénographie.



Commenter  J’apprécie          130
Un pan de l'histoire du Nicaragua des années 70 vu à travers le regard d'un jeune séminariste bien nommé Gabriel; doué pour le dessin il est envoyé auprès d'un prêtre afin de réaliser une fresque.
Le tout sur fond de répression militaire et de misère..
Des planches très colorées pour certaines, d'autres plus en fondu jaune-oranger.
Commenter  J’apprécie          120
"aire libre", c'est marrant j'ai lu quelques série de cette collection récemment. Je n'avais pas fait attention à ce "détail" en empruntant cette BD, et c'est bien dommage parce qu'alors j'aurais emprunté les deux tomes en même temps.
Parce que celui ci me fait déjà le même effet que les autres mini-séries déjà lu : c'est très interessant, mais comme c'est très court, c'est aussi bien de lire l'ensemble en une seule fois.
Ici je découvre le Nicaragua et des évènements des années 70... je ne connais rien de ce pays, à part ce que chante Bernard Lavillier : donc ça ne va pas bien loin. Mais il n'est pas nécessaire d'être féru de géopolitique pour comprendre que dans ce pays comme dans tant d'autres d'Amérique centrale et Amérique du sud, les USA ont tentés d'imposer leurs politiques....
Je découvre tout cela en même temps qu'un tout jeune homme séminariste qui tout à coup découvre la brutalité du monde qui l'entoure... et l'amour aussi ! Un récit d'initiation avec les chouettes dessins de Lepage : un régal pour les yeux, enfin les miens !
Commenter  J’apprécie          100
Le fils du dictateur du Nicaragua dans les années 70 se destine à la prêtrise et se retrouve dans un petit village cerné par la jungle pour y réaliser une fresque sur la passion dans l'église du village. Au contact du prêtre local et des habitants du village, il va ouvrir les yeux sur les conditions de vie du peuple et sur les aspirations des résistants. Récit historique tout autant que récit initiatique, Emmanuel Lepage nous offre une bd de facture assez classique mais dans un magnifique registre classique !
Commenter  J’apprécie          30
Il a suffi que je vois le nom de celui qui a déjà tant suscité d'émotions : Emmanuel Lepage, pour que je m'empare de ce dyptique !

Le Nicaragua dans les années 70 est un pays ravagé par des années de dictatures. A sa tête une famille, les Somoza, soutenue par les Etats-Unis. Dans ce contexte de violence et de terreur mis en place par la Guardia, un jeune séminariste, Gabriel, surgit et est confié au père Ruben dans un petit village reculé en pleine forêt tropicale. Sa mission est de peindre la Passion du Christ sur le mur d'une église. Seulement ses croquis loin de satisfaire le Padre semblent trop influencés par les grands peintres que Gabriel a étudié durant ses années d'étude. Ruben va lui apprendre à ouvrir les yeux sur ce qui l'entoure afin de peindre des oeuvres plus personnelles. C'est à travers l'oeil du personnage que l'on va découvrir la naissance de la sexualité chez un jeune homme ainsi que celles de convictions politiques et d'opposition face à un régime qui fait régner la terreur à coup de tortures et de viols ...

Encore une fois je suis sous le charme de cet auteur. le personnage de Gabriel est tout simplement passionnant et touchant. La naissance de la création d'oeuvres personnelles me font penser que l'auteur s'est probablement servi de sa propre expérience. Les grands peintres forment les illustrateurs mais il faut savoir ensuite s'en détacher pour parvenir à peindre et dessiner des oeuvres qui sont plus personnelles. J'ai aimé également constater comment se faisait la naissance de la sexualité dans les yeux de ce jeune homme par le biais de l'observation et son attirance pour le même sexe. J'y retrouve ce qui m'avait tant bousculé dans son autre oeuvre : Névé.

Le contexte quant à lui est passionnant. Gabriel arrive avec un regard neuf. Protégé depuis toujours par sa famille, il n'avait aucune conscience de ce que vivait le peuple. Cette prise de conscience transforme le jeune homme naïf et timide en révolté face à l'oppression.

Lien : http://depuislecadredemafene..
Commenter  J’apprécie          30
Je me suis régalé à la lecture de ce premier tome. Si comme moi, vous n'avez que de vagues connaissances sur la guérilla sandiniste au Nicaragua, alors cette bd est faite pour vous, car en plus du plaisir lié à la trame narrative fictive, vous y trouverez un aperçu de la politique du Nicaragua très intéressant. Attention, je ne suis pas en train de dire qu'il s'agit d'une BD à visée documentaire, où la narration n'est qu'un prétexte pour instruire le lecteur sur tel ou tel phénomène. Mais au fil de ma lecture, ma curiosité m'a poussé à chercher des renseignements sur cette période pour mieux comprendre (mais je n'ai pas réussi à savoir si le briquet était bel et bien un symbole utilisé par les opposants au pouvoir de Somoza). L'aspect documentaire est amené intelligemment, à travers le regard et les croquis d'un jeune homme, dont la famille est proche du pouvoir, et qui se destine au départ à devenir prêtre. Mais le jeune homme, plutôt joli garçon sous sa soutane, est diablement troublé par les corps aguerris des guérilleros, et va peu à peu se prendre de sympathie pour leur cause. Il y a dans l'illustration quelques jolies trouvailles, comme la perspective sur le village depuis l'oculus de l'église. le scénario est bien ficelé, le personnage principal qui peut paraître un peu hors sol au départ s'avère finalement ne pas être aussi naïf qu'il y parait, et ses choix et ses actes sont assez crédibles, guidés entre idéalisme et raison.
Commenter  J’apprécie          20
Un jeune séminariste débarque au Nicaragua en 1976. Fils d'un riche notable, c'est dans le dessin, sa grande passion, que Gabriel met toute son énergie. Il s'attaque à une fresque pour l'église. le prêtre va le pousser à voir l'extérieur et les gens pour peindre différemment. Dehors il y a la guérilla et les amours interdits. Un contraste de cases de violence, de sensualité, de beauté. Des dessins qui ressemblent aux peintures. Un personnage attachant qui s'éveille à la vie et au monde extérieur.
Commenter  J’apprécie          20
L'Amérique Latine ne laisse pas Emmanuel Lepage indifférent, car après ses Carnets de Brésil parus chez Casterman et une traversée de l'Amérique du Sud d'est en ouest en pleine jungle amazonienne dans « La terre sans mal » en duo avec Anne Sibran, c'est en solo et à nouveau dans la collection Aire Libre qu'il s'attaque ici à un diptyque se déroulant au Nicaragua.

Tout comme dans « La terre sans mal » on retrouve cette quête initiatique d'une personne ayant du mal à se faire accepter par des étrangers, ainsi que des décors époustouflants au sein d'une bande dessinée dépaysante. Mais, alors que l'histoire de « La terre sans mal » me semblait un peu fade et n'exploitait pas complètement tous les éléments du scénario, ce premier tome de « Muchacho » est un vrai régal.

Derrière une trame somme toute assez banale on retrouve l'histoire forte d'un jeune homme qui se cherche au milieu de ses origines, de sa foi et de son art. Un jeune homme qui en ouvrant les yeux va découvrir l'injustice qui l'entoure et qui va lentement se dissocier du milieu bourgeois dont il est issu, face à ces paysans de la jungle nicaraguayenne qui étouffent sous le poids de la dictature militaire.

Et si Gabriel parvient à exprimer ses désirs, sa foi et sa passion à travers son art, c'est surtout grâce au graphisme époustouflant d'Emmanuel Lepage. Un graphisme exceptionnel qui nous plonge dans la chaleur et l'humidité de la jungle nicaraguayenne et qui insuffle une véritable âme à cette histoire bouleversante. Un dessin et une colorisation qui se nourrissent du Nicaragua et de la force des personnages et qui relèguent le texte au second plan.

Vivement le deuxième tome !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
Commenter  J’apprécie          20
le dessin est magnifique : chaque planche est un tableau couleur splendide. L'histoire est ancrée dans la grande Histoire, celle du Nicaragua des années soixante-dix. le scénario mélange le mystère, le suspens avec la peur omniprésente de la guardia, l'humanisme de personnages très attachants comme le père Ruben. L'histoire commence très fort et poursuit sur un bon rythme.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (214) Voir plus



Quiz Voir plus

Le voyages d'Ulysse (en coulisses)

Comment s'appelle le personnage principal du livre ?

Jules
Salomé
Athénaïs
Ammôn

5 questions
7 lecteurs ont répondu
Thème : Les voyages d'Ulysse de Emmanuel LepageCréer un quiz sur ce livre

{* *}