Un printemps à Tchernobyl (BD)

Je ne m'attarde pas trop à faire des critiques quand il y en a autant sur un ouvrage, mais n'en lisant pas de négative je me suis dit que ca pouvait apporter un autre point de vue.

J'ai simplement détesté. Évidemment on ne peut que saluer le dessin et le parti pris sur les couleurs.

A part ça, ça se passerait en Centrafrique, je pense que la critique ne se serait pas privée de labellisé l'auteur comme néocolonial. Ayant travaillé dans l'humanitaire, j'ai reconnu un tas de poncifs du bon sauveur blanc (qui se dissimule sous d'autres traits parce que c'est une image passée de date)
Petit extrait de mémoire
"les gens sont tellement gentils là-bas"
"nous avons d'excellents amis là bas"
"nous avons acheté une charmante maison où nous allons une fois par an"
"pas besoin de connaitre la langue des gens pour se comprendre"
Nous suivons donc une bande d'artistes en soif de sensations fortes, prétextant évidemment une volonté politique pour faire bien. Encore que un des artistes semble avoir un réel engagement.
Ils partent rendre compte de la réalité du pays ... en 15 jours. On va pas se fatiguer non plus. Apprendre la langue ou ne serait ce que des rudiments? A quoi bon il y a une traductrice, on lira la page wikipédia de Tchernobyl et ca suffira amplement. Quid des biais inhérents à la traduction? Et puis on amène sa propre nourriture, qu'on obtient par un appel aux dons en France, pour éviter de manger de la nourriture contaminée. Normalement ce ce genre d'appels aux dons (quand bien même ils sont criticables), c'est pour apporter à des populations locales sous ou mal nutris. Là non c'est bien pour ceux qui partent faire leur métier. Quand bien même, ne pouvait-ton pas acheter de la nourriture en Ukraine hors de la zone polluée, histoire au moins de soutenir la production locale?

On pourrait continuer les reproches à n'en plus pouvoir. Je comprends l'intérêt qu'on trouve à cet ouvrage, mais la démarche de l'auteur me dégoute tellement que je ne peux que le déconseiller.

J'ai été déçue à la lecture de cette BD. J'avais apprécié La lune est blanche, le trait, les couleurs délicates, le récit au plus près du ressenti de l'auteur.
J'ai retrouvé quasi exactement les mêmes techniques narratives : une écriture très réflexive de dessinateur se racontant en train de créer la BD que nous lisons, les hésitations du créateur ne se trouvant pas à la hauteur de qu'il doit montrer. Les répétitions dans son discours m'ont gêné : le contraste entre la beauté des lieux et ce qu'il s'attendait à trouver est plusieurs fois rappelé, ce qui entraîne une certaine lourdeur.
Alors oui, le dessin est beau, le récit de ce qu'était et ce qu'est devenu Tchernobyl et ses habitants est instructif et sensible, mais étant déjà familière de son oeuvre j'ai trouvé la lecture de cette BD longue, sans surprise.