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Citations sur Un héros de notre temps (58)

"Adieu ! Peut-être ne nous reverrons-nous plus ; on vous enverra qui sait où !"

Il s'était arrêté sur le seuil de la porte, avec l'envie de me serrer la main... Et si je lui en avais exprimé le plus petit désir, il se sera jeté à mon cou. Mais je restai froid comme un marbre et il sortit.

Voilà les hommes ; ils sont tous ainsi : ils calculent d'avance toutes les bonnes ou mauvaises conséquences d'un événement. Ils vous aident, vous approuvent, vous encouragent même en voyant l'impossibilité d'un autre expédient ; mais après ils s'en lavent les mains et se détournent avec indignation de celui qui a osé prendre sur lui tout le fardeau de la responsabilité. Ils sont tous ainsi, même les meilleurs, même le plus intelligents.
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La plate-forme sur laquelle nous devions nous battre formait presque un triangle régulier. De l'un des angles en saillie nous mesurâmes six pas et nous décidâmes que celui qui devrait subir le premier feu se placerait à l'angle même, le dos tourné au gouffre, et changerait de place avec son adversaire s'il n'était pas tué.
J'étais décidé à laisser tous les avantages à Groutchnitski ; je voulais l'éprouver. Dans son âme pouvait s'allumer une étincelle de générosité et alors tout s'arrangerait pour le mieux. Mais l'amour-propre et sa faiblesse de caractère devaient triompher de lui. Je voulais me mettre complètement dans le droit de ne pas l'épargner si le sort me favoriserait. Qui n'aurait pas pris de telles précautions avec sa conscience ?
- Tirez au sort, docteur, dit le capitaine.
Le docteur prit dans sa poche une pièce d'argent et la jeta en l'air.
- Pile ! cria Groutschnitski brusquement comme un homme qui est réveillé tout à coup par la main d'un ami qui l'avertit d'un danger.
- Face ! dis-je.
La pièce tourna sur elle-même et tomba à terre ; tous se précipitèrent sur elle.
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Mon amour n'a apporté de bonheur à personne, parce que je n'ai rien sacrifié à celles que j'aimais ; j'aimais pour moi-même, pour mon propre plaisir.
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Je me mis à lire, à m’instruire, tout cela me parut également ennuyeux ; je voyais que ni la gloire ni le bonheur ne dépendaient de ce travail, parce que les hommes les plus heureux sont souvent les plus ignorants, et quant à la gloire elle n’appartient qu’au succès. Or, pour l’obtenir, il faut être bien habile.
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« Oui ! Et telle fut ma destinée, dès ma plus tendre enfance. Tout le monde lisait sur mon visage les signes des plus mauvais penchants ; ces signes n’existaient point, mais on les pressentait, et ils ne parurent jamais, j’étais modeste, on m’accusa d’astuce et je devins sournois. Je ressentais profondément le bien et le mal ; personne ne me prodiguait la moindre caresse ; tous m’outrageaient ; je devins vindicatif. J’étais morose, les autres enfants étaient gais et babillards ; je me sentais au-dessus d’eux, on me mit plus bas, je devins envieux. J’étais disposé à aimer tout le monde ; personne ne me comprit ; j’appris la haine. Ma jeunesse flétrie s’écoula au milieu d’une lutte entre la société et moi. Craignant de voir tourner en ridicule mes meilleurs sentiments, je les enfouis au fond de moi-même et ils s’évanouirent. J’aimais la vérité, on ne me crut pas : je me mis à mentir. Connaissant à fond le monde et le mobile de la société, je devins habile dans la science de la vie et je m’aperçus que d’autres, sans la moindre habileté, étaient heureux et recevaient des honneurs et des avantages que je briguais infatigablement. Alors le désespoir naquit dans mon cœur, mais non pas ce désespoir que guérit la balle d’un pistolet ; non ! mais un désespoir froid et sans force, qui se cache sous un sourire aimable et bienveillant. Je devins un paralytique moral. Une moitié de mon âme languit, se dessécha, et mourut. Je la coupai et la rejetai. L’autre partie s’agita et se mit à vivre dans chacune de ses parties, et personne ne remarqua cela, parce que personne ne savait l’absence de la moitié perdue. Mais vous venez de réveiller en moi son souvenir et je vous lirai son épitaphe. Au plus grand nombre, les épitaphes paraissent ridicules, mais à moi, non ; je pense toujours à celui qui repose sous elle. Du reste je ne vous prie point de partager mon opinion ; si ma sortie vous paraît ridicule, riez-en ! Je vous préviens que cela ne m’affligera pas le moins du monde. »
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Ceux qui boivent de l'eau le matin sont indolents, comme tous les malades, et ceux qui boivent du vin le soir sont insupportables, comme tous les gens bien portants.
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Remarquez […] comme il ferait ennuyeux sur terre sans les imbéciles… Voyez ! nous sommes là deux hommes intelligents. Nous savons d’avance qu’on peut discuter de tout à perte de vue, et nous ne discutons pas ; nous connaissons presque toutes les pensées les plus cachées de chacun de nous. Un mot suffit pour nous révéler toute une histoire : à travers une triple écorce, nous découvrons le germe de chacun de nos sentiments. Nous rions de ce qui est triste, et ce qui est risible nous paraît désolant. Et, en général, pour dire vrai, nous sommes assez indifférents à tout ce qui ne nous concerne pas personnellement. Ainsi il ne peut y avoir entre nous d’échange de pensées et de sentiments : nous savons l’un sur l’autre tout ce que nous voulons savoir et nous ne voulons rien apprendre d’autre. Il ne nous reste plus qu’un moyen : nous communiquer des nouvelles. Dites-moi quelque nouvelle.
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- Dis-moi, toute belle, que faisais-tu tantôt sur le toit?
- Je regardais d'où vient le vent.
- Et pourquoi, grands dieux?
- D'où vient le vent, vient le bonheur.
- Et c'est le bonheur que tes chants appellent?
- Là où il y a des chants, le bonheur accourt.
- Et s'il t'arrivait, par tes chansons, de convier un gros chagrin?
- Là où il n'y a pas de bonheur, il y a du malheur ; mais le chemin est court du malheur au bonheur.
- Qui t'a appris cette mélodie?
- Personne. Je chante dès que mon coeur veut parler. Celui qui doit l'entendre l'entend. Mais l'étranger ne comprend pas.
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L'amour d'une sauvage ne vaut pas mieux que l'amour d'une mondaine : on se lasse de la naïveté comme de la coquetterie.
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J’ai la passion innée de contredire les gens. Toute mon existence ne fut, en somme, qu’une suite de contradictions malheureuses entre mon cœur et mon cerveau.
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