Il faut laisser les gens vivre leur vie.
On croit que les histoires se déroulent avec une sorte de logique, un début et une fin, on fait semblant de ne pas savoir qu'elles sont là tout entières depuis le début, avec leur commencement et leur chute. Mais il faut se mentir un peu.
Je pensais que nous étions, lui et moi, comme deux rescapés d’une catastrophe, deux naufragés qui tentaient l’un et l’autre de se réveiller d’un cauchemar.
"Les hasards ne sont qu'apparents, ils vous entraînent où vous êtes déjà."
J’ai eu peur soudain de m’égarer sur les chemins tortueux de la mémoire, les trous dans le temps, les petites déchirures qui se creusent peu à peu dans la trame des jours.
"Les lieux ont cette capacité à fouiller dans les mémoires."
Je pensais qu'il y a des pans entiers de nos vies qui nous échappent parce que ceux qui nous entourent ne livrent rien de leurs mystères, ou alors ils oublient.
J'étais comme ces personnages happés par les failles du temps. Ma vie devenait une longue suite désordonnée que brouillaient les images au ralenti, dansant sur la route et dans lesquelles je me perdais.
Aucune des conversations ne paraissait faire allusion à la dune qui illuminait la plage pendant la nuit. Pourtant, certains des hommes présents étaient sûrement dans ces barques qui de loin ressemblaient à des feux follets sautillant à l'horizon, et peut-être qu'ils se souvenaient tous du militaire.
...certaines personnes sont apparues dans notre vie à plusieurs reprises et nous ne nous en doutions même pas...