AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Arimbo


Le monde de Ben ou, ce serait mieux de reprendre mot à mot le titre anglais: Ben in the world, Ben dans le monde. Ben, un monstre pour certains, un homme différent pour d'autres, parcourant le monde, un monde qu'il ne comprend pas vraiment, mais qu'il ressent profondément et émotionnellement, et qui trouvera sur sa route quelques personnes secourables, toujours des femmes.

Je me suis aperçu que ce roman est la suite du roman « le cinquième enfant », que je n'ai pas lu et qui raconte l'enfance de Ben, dernier enfant terriblement différent des autres, et toutes les réactions que suscite cette différence.

L'incipit de ce roman éclaire le lecteur sur l'histoire qui va lui être racontée.
« Pendant des milliers d'années, nous nous sommes toujours raconté des légendes et des histoires, et il y a toujours eu des analogies et des métaphores, des paraboles et des allégories; elles étaient insaisissables, équivoques; elles suggéraient et égrenaient des allusions, elles s'enfuyaient dans un miroir obscur. Mais après trois siècles de roman réaliste, chez beaucoup de gens, cette partie du cerveau s'est atrophiée. »

Même si on ne partage pas cette assertion, on comprend que le propos de Doris Lessing dans ce roman n'est pas de faire « vrai », mais de faire une fable où la vraisemblance n'est pas la règle.
Et Ben, cette sorte de yéti abandonné par sa famille, homme velu et gigantesque, d'une force incroyable, amateur de viande, croquant à pleines dents les petits animaux qu'il attrape, c'est l'allégorie de l'être différent, qui fait peur à certains, mais dont la crédulité est exploitée par d'autres.
Mais Ben, c'est aussi l'être qui, malgré ces déficiences, comprend instinctivement qui est bon ou méchant, et réussit à s'en sortir surtout grâce à l'aide de femmes compatissantes, qui voient en lui l'homme et non le monstre, et de quelques hommes.
J'ai été touché par son périple de l'Angleterre à la France, puis au Brésil, de sa recherche d'amour, et de ce peuple d'humains qui « seraient comme lui », et de sa fin tragique.

L'auteure arrive parfaitement à nous rendre les sentiments de Ben et son intelligence émotionnelle. Et à nous faire comprendre l'importance qu'il y a d'accepter les êtres différents, handicapés dans la vie.
Le style est vif, alerte, ne s'embarrasse pas de digressions, mais manque un peu, à mon goût, de dimension poétique.

Je m'aperçois que j'ai lu peu de romans de cette grande écrivaine engagée, féministe tout en s'opposant à l'évolution sectaire du mouvement féministe, nobelisée bien tardivement (à 88 ans!). Et surtout peu de ses oeuvres majeures comme le carnet d'or, Les enfants de la violence, ou de ses oeuvres de science-fiction.
La lecture de ce beau livre m'incite à explorer plus avant son oeuvre.



Commenter  J’apprécie          237



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}