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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Queenie,  quel personnage !
De sa Martinique natale aux quartiers de Harlem, l'ascension d'une femme que rien ne semblait conduire vers un tel destin.
Née Stéphanie St Clair, elle va devenir l'une des principales rivales des plus grands gangsters que l'Amérique ait connu, dans la première moitié du vingtième siècle.
Elle aura tout vécu.
Géré et construit sa fortune grâce à une loterie clandestine.
Frôlé la mort, fait de la prison, se sera alliée avec la mafia, aura distribué quelques pots-de-vin à des juges ou des policiers peu scrupuleux. Elle aura aussi côtoyé quelques artistes célèbres, Monk, Ellington.
Ce pouvait être une héroïne de roman, de cinéma ou... de bande dessinée, un personnage de fiction créé de toutes pièces, mais elle a bel et bien existé.
Elle était femme.
Elle était noire.
On était dans les années 30.
Et pourtant, tel un parrain, elle a réussi à s'imposer, à faire sa loi.
Elle ne pouvait être qu'intéressante à mettre en scène dans ce magnifique album qu'Elizabeth Colomba et Aurélie Lévy nous offrent aujourd'hui pour la découvrir.
Un excellent travail récompensé par le Prix BD Quais du polar
Album en noir et blanc,  mais pouvait-il en être autrement, qui se dévore littéralement.
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Quand on évoque la pègre au temps de la prohibition aux Etats-Unis, tout le monde pense à Al Capone ou à Lucky Luciano qui apparaissent dans maints romans, films ou bandes dessinées mais qui citerait Stéphanie Saint-Clair ? Or, cette dernière d'origine martiniquaise émigra aux USA et s'imposa à Harlem comme la reine des Numbers, la loterie clandestine. Elle fut « la banquière » : elle prenait les paris, rémunérait les éventuels gagnants et surtout empochait les bénéfices et, tandis que les bandes mafieuses rivales s'entretuaient, elle réussit toujours à sortir son épingle du jeu et amassa une immense fortune. Les autrices Elisabeth Colomba et Aurelie Levy réparent cet oubli et redonnent sa place à « la marraine de Harlem » surnommée Queenie dans un somptueux roman graphique de 176 pages paru aux Éditions Anne Carrière.
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Elles choisissent de se concentrer sur l'année charnière 1933. Pourquoi ? Parce que cela marque la fin de la Prohibition quand les mafieux notoires doivent se reconvertir car l'argent de l'alcool se tarit. Alors, l'affaire florissante de « numbers » de Stéphanie suscite la convoitise des malfrats et en particulier de Dutch Schultz qui lui déclare la guerre. Elle va devoir ruser pour survivre dans ce milieu d'hommes violents où l'on tire d'abord et on discute ensuite ! Cette concentration donne un rythme et de la tension puisque l'héroïne est pressée par le temps et évite ainsi l'écueil d'une biographie linéaire. L'album ressemble à une grande saga de gangsters et oscille entre polar et biopic.
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On trouve ce côté polar dans l'utilisation du noir et du blanc qui donne à l'album la « patte » d'un film mythique hollywoodien façon Howard Hawks ou Preminger avec une élégance racée dans son utilisation de la ligne claire et d'un trait réaliste. On retrouve aussi un peu du Miller de « Sin City » dans son jeu d'ombres et de lumières. Certaines doubles pages sont également des clins d'oeil au 7 e art et se présentent comme une séquence de film muet (« comment faire tourner un business de paris illégaux ») ou font preuve d'inventivité en prenant la forme d'un plateau de Monopoly. (« la manière Schultz »). On reconnaît l'art de la story-boardeuse qu'est Elisabeth Colomba dans cette grande maîtrise du découpage et du cadrage. Les autrices confessent sans façon que, profitant des nombreux « flous » dans la biographie de leur héroïne, elles ont inventé des personnages pour donner également du piment à l'histoire tel ce flic ripou fasciné par Stéphanie.
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Mais au noir et blanc s'ajoutent également des nuances de gris utilisées pour approfondir l'aspect biographique. Grâce au tramé on reconnaît d'emblée les séquences de flash-backs sur son enfance qui vont expliquer son parcours. le « gris » qui est ainsi introduit, récuse tout manichéisme : le personnage n'apparait plus ni noir, ni blanc mais tout simplement d'une complexe humanité. L'ensemble est très documenté. On découvre alors des pages passionnantes sur le mouvement de la « Harlem Renaissance » et l'on croise le patron du Cotton Club, l'ancien boxeur Jack Johnson, Thélonious Monk, Duke Ellington, le militant W.E.B Dubois ou encore le photographe James van der Zee. La scénariste est également documentariste et ça se voit dans son sens du détail et de la précision historique. Mais en même temps, elle choisit de mythologiser son personnage. Stéphanie St Clair est ainsi présentée comme une super héroïne car elle en a toutes les caractéristiques : elle est orpheline, a un mentor (son patron juif), un costume (elle porte fourrures, vison, chapeau et rang de perles été comme hiver), un don : celui des chiffres et elle choisit de défendre les humbles en oeuvrant pour les droits civiques des noirs et en publiant des tribunes dans la presse afin de dénoncer – déjà- les violences policières perpétrées à leur encontre. Mais Aurélie Levy en fait également un personnage retors, vénal et manipulateur qui a tout compris de la force de l'image et du pouvoir des médias et a soif de revanche sociale…
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On n'a donc pas de victimisation ni d'hagiographie dans cet ouvrage même s'il s'inscrit dans la continuité logique de la démarche de l'artiste peintre Elisabeth Colomba (Martiniquaise exilée à New York comme son héroïne) qui s'attache à restaurer les corps noirs oubliés de l'Histoire et en particulier les figures féminines dans de grands tableaux figuratifs et colorés. Elle avait au départ choisi de représenter Stéphanie Saint Clair sur l'une de ses toiles mais a rapidement jugé que cela ne lui rendrait pas suffisamment justice et décidé d'utiliser la bande dessinée pour pouvoir raconter sa vie au plus grand nombre. Avec son amie Aurélie Lévy, elles ont brillamment relevé ce défi pour leur entrée dans le 9e art (tout comme leur éditeur qui ne publie habituellement pas d'albums). Toutes deux ont choisi également de transcender parfois l'époque en dressant des parallélismes. Elles montrent ainsi combien la situation de Stéphanie St Clair et des Harlemites est semblable à celle des Afro américains du temps de James Baldwin (dont on trouve les propos dans certains dialogues des personnages dans un anachronisme voulu) ou créent des échos lors la scène glaçante de l'attaque du bus par le Klan avec les circonstances de la mort de George Floyd.
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Sélectionné dans de nombreux prix Bds (Fnac-France Inter, Landerneau …), cet album est à la fois une biographie, un thriller, un documentaire sur un mouvement culturel et artistique, un récit d'émancipation et un manifeste antiracisme. Il devrait également être porté à l'écran puisqu' un grand studio américain en a déjà acheté les droits. On a hâte de découvrir qui va incarner cette femme hors norme à qui Raphaël Confiant consacra naguère un récit passionnant et foisonnant et que le bédéaste Mikael a choisi également de mettre en scène dans le 3e volet de sa trilogie newyorkaise à paraître en janvier prochain.
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J'ai découvert cette bande dessinée à l'occasion de mon Club de lecture car elle fait partie de la sélection du Printemps du livre 2022 qui aura lieu à Grenoble du 30 Mars au 6 Avril prochain. J'ai été très intriguée par le sujet car je ne connaissais absolument pas cette femme noire Stéphanie St Clair qui a dirigé la loterie clandestine de Harlem dans les années 20-30 au moment de la Prohibition. Pour en revenir à Queenie, j'ai beaucoup apprécié les dessins en noir et blanc qui sont très expressifs. En revanche, j'ai eu un peu plus de mal à suivre l'intrigue ; je l'ai trouvée un peu confuse avec ses allers et retours dans le passé de Queenie. Après ma lecture, j'ai donc dû me renseigner pour replacer dans l'ordre les éléments de sa biographie.
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J'avoue, je ne connaissais absolument pas Stéphanie St. Clair qui fut cependant un chef de gang respecté et redouté dans le Harlem des années folles, ce qui pour une femme et de surcroit noire relevait de l'impossible.
La petite Stéphanie est arrivée depuis son île natale de la Martinique en 1911.
Elle va peu à peu grimper les marches qui la conduiront aux plus hauts sommets du crime.
Et c'est cette histoire hors du commun que noue relate ce bel album tout en noir et blanc.
Un joli graphisme pour une belle découverte qui nous plonge dans les heures sombres de la mafia au cours desquelles nous rencontrons tous ces noms restés dans les mémoires tels que Lucky Luciano ou encore Dutch Schultz, mais qui nous fait aussi croiser d'autres grands noms tel que Duke Ellington.
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Enfin une très belle "biographique" romancée d'une femme inconnue ! C'est une véritable plongée dans les grandes heures d'Harlem que nous proposent les autrices, une immersion authentique et édifiante, aux références nombreuses mais amenées sans lourdeur.

La vie de la martiniquaise Stephanie St. Clair est passionnante et terrible. le trait d'Elizabeth Colomba est efficace et sensuel, badass, précis et fort, comme l'est finalement son héroïne "Queenie" dont la mère lui laissera ses quelques mots, sublimes, qui m'ont frappée au coeur:

"Ma vie n'a jamais été un grand soleil. Il y a eu des éclaircies. Des jours de soleil, mais si peu. Je peux dire que cela a été un hiver pas trop froid. J'espère qu'à l'automne de ma vie, ce sera un soleil si éclatant qu'il fera même chaud dans mon passé."
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J'ai lu Queenie, la marraine de Harlem, pour compléter le tableau après avoir lu Papa courait les paris et les deux tomes de la BD Harlem. Chaque pièce apporte son éclairage même si les oeuvres dessinées n'abordent quasi pas la vie quotidienne des petites gens qui se trouve au coeur du roman.
J'ai fort apprécié dans Queenie le texte d'introduction qui situe le cadre historique et sociologique. de même, les auteurs ont placé en fin de volumes des éléments biographiques concernant les acteurs les plus importants, ainsi que des notes explicatives sur des expressions, des faits ou des personnes qui seraient restées incompréhensibles sans cela. L'ouvrage peut ainsi se caractériser par son aspect documentaire développé au moyen de plusieurs outils pédagogiques.
Les dessins en noir et blanc sont superbes. L'enfance et la jeunesse de Stéphanie Saint-Clair sont contées de façon plus précise et plus claire. En revanche, j'ai eu davantage de difficultés à identifier chacun de ses adversaires.
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Il était une fois Harlem
Est-ce parce que c'est une femme ou parce qu'elle fut noire que la vie de Stéphanie St Clair, alias Queenie, est moins connue que celle de Capone, Luciano, Costello, Schultz ou Torrio ?

La scénariste Aurély Lévy et l'artiste Elizabeth Columba se proposent de nous raconter la vie tumultueuse de celle qui devint la Reine de Harlem en bâtissant un empire criminel sur fond de pari truqué, qui tint la dragée haute à Dutch Schultz, membre du puissant Syndicat du Crime de Luck Luciano et qui fut la bienfaitrice d'un quartier en pleine renaissance culturelle, intellectuelle et artistique.

Se centrant sur l'année charnière que fut pour elle 1933, les autrices s'attachent aussi à son enfance tourmentée qui permet de comprendre comment elle est devenue Queenie, la Marraine de Harlem
Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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Dans l'histoire de cette « Marraine » du « milieu » de Harlem de l'entre deux guerres, c'est la retenue qui prédomine  pour le texte ET les illustrations : sobriété efficace des dialogues, formules lourdes de sens accompagnent des vignettes qui canalisent la violence des conflits et la rapidité des actions.
Deux lignes directrices : en Noir et Blanc > La conquête en cours de Harlem par une femme-gangster noire qui doit s'imposer et se défendre contre des « Parrains » impitoyables et sans scrupules. En arrière plan (Grisé) la formation vécue dans la misère d' une jeune fille : les épreuves feront d'elle une « badass » (dure à cuire) avide de pouvoir.
On traverse le monde des alcools frelatés de la Prohibition puis de la drogue, les trafics de l'argent corrupteur au temps de la Grande Dépression, les emprises des milieux suprémacistes blancs, des financiers juifs, des clans italiens.
Richesse des prises de vue : zooms avant, images verticales, plans exprimant l'attente, le suspens, la menace, la violence, la maîtrise ou la (très rare) sérénité.
Richesse des univers : Créations culturelles, musicales, poétiques dans ces bas-fonds où coexistent et s'interpénètrent la boxe, les fraudes et la religion (très commerciale ! de grandes figures historiques émergent sur lesquelles un glossaire instruira les moins informés.
Deux remarques : Beaucoup d'indulgence pour certains caïds de la drogue, de la pègre et du Crime Organisé qui gangrène la police et les édiles de New York. le mythe n'excuse pas tout !
Aucune référence dans cet album de 2021 au livre de Raphaël Confiant, « Madame Saint Clair, reine de Harlem »,(2015 Mercure de France)
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BD en noir et blanc qui nous raconte la vie de Stéphanie St Clair, la marraine de Harlem. Une femme noire qui a su s'imposer dans un monde d'hommes à l'époque de la ségrégation aux États-unis.
J'avais fait sa connaissance dans un roman jeunesse "Le petit prince de Harlem" de M. Thevenot.
J'ai adoré découvrir cette vie incroyable.
Si vous aimez les vieux films avec des mafiosos et cette époque de la prohibition, alors cette BD vous plaira. Un fabuleux portrait.
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J'ai eu un vrai coup de coeur pour cette biographie de Stéphanie Sainte-Clair, figure mythique des chefs de gang de Harlem que je découvre tout juste. Les dessins en noir et blanc m'ont beaucoup plu et retranscrivent parfaitement l'idée que l'on se fait de New-York après la prohibition. Certaines bande dessinées biographiques ont tendance à me laisser sur ma faim, ce ne fut pas le cas avec Queenie : le scénario est dense, fourni et l'on s'attache à cette gangster qui n'a jamais eu froid aux yeux. Des airs parfois de Madame Claude mais cette fois dans le monde des paris. Des traits sublimes, une figure à découvrir et un scénario qui donne le sentiment d'être parfaitement documenté.
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