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Elizabeth Colomba (Autre)
EAN : 9782843379628
147 pages
Anne Carrière (27/08/2021)
3.68/5   183 notes
Résumé :
Harlem. 1933. Une femme noire, tirée à quatre épingles, est relâchée de prison. Son nom : Stéphanie St Clair. Signes particuliers : un accent français à couper au couteau et un don pour les chiffres. Née dans la misère à la Martinique, la célèbre Queenie est à la tête de la loterie clandestine de Harlem. Avec l’aide d’une poignée de complices loyaux, elle a patiemment bâti un véritable empire criminel qui règne sur Harlem tout en protégeant ses habitants des exactio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Eh bien, en voilà une belle découverte empruntée dans ma petite médiathèque. Oui, oui, je vais en ravir certains en disant que cet ouvrage, cette fois-ci n'est pas destiné au pilon mais au contraire, à venir enrichir le fonds de la médiathèque, chose qui sera faite dès demain matin, une fois que je l'aurai catalogué et indexé - oui, je reconnais que c'est très agréable de travailler dans un tel lieu car, y travaillant seule, j'ai aussi le loisir de constituer ma propre politique d'achat et de choisir des ouvrages (certes pour tous les goûts et ô bonheur, lorsque ces derniers correspondent aux miens -ce qui n'est pas toujours le cas, sinon, cela ne serait pas du tout professionnel.

Ici, nous découvrons la vie de Stéphanie St Clair surnommée Queenie, la première femme noire à intégrer non seulement un monde d'hommes mais qui plus est, jusqu'à présent réservé aux blancs. J'avoue que si j'avais bien entendu parler d'al Capone et d'autres et d'autres grands noms de la Mafia américaine qui sévissait dans les années '30, ce nom-là m'était totalement inconnu jusqu'à présent. Travaillant main dans la main avec Bumpy Johnson (j'ai longtemps cru qu'ils étaient en couple mois aussi...heureusement qu'il y a une brève biograpĥie des personnages réels en fin d'ouvrage qui m'a démontré le contraire mais il faut dire que je e suis pas la seule à être tombée dans le panneau car beaucoup, à l'époque, croyaient la même chose -c e qui arrangeait bien leurs affaires d'ailleurs -), je me suis bien volontiers séduire par cette femme qui n'avait peur de rien et qui savait se faire respecter (pas toujours de la manière la plus légale qui soit soit dit en passant). Différents trafics (je vous passe les détails), elle été crainte de tous mais aussi admirée et respectée !
Une femme aux poignes de fer, qui n'a pas eu une enfance facile mais qui a su prendre sa revanche sur la vie en devenant la femme la plus influente de tout Harlem !

Des images en noir et blanc (cela renforce le côté gangster) extrêmement bien travaillés) et un scénario historique / documentaire, romancé certes mais qui m'a réellement enthousiasmée ! Une lecture que je ne peux que fortement vous recommander et je n'hésiterai pas à faire de même auprès de mes lecteurs les plus curieux !
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Le monde des gangsters américains est un monde d'hommes. Les femmes n'y ont leur place que dans le lit de ces messieurs ou pour les servir… C'est une règle, et comme toute règle, elle souffre une exception. Une exception d'autant plus étonnante qu'il s'agit d'une femme noire… Bienvenue à New York, plus précisément à Harlem, dans l'Entre-deux-Guerres, en 1933 !

Critique ;

En lisant « Queenie, la marraine de Harlem », vous allez immédiatement imaginer qu'il s'agit d'une fiction pour s'aligner sur les critères à la mode aujourd'hui où l'on veut rendre aux femmes une place égale à celle des hommes, et si en plus il s'agit d'une femme de couleur, alors, BINGO ! (Un exemple ? « La Ville de Bruxelles a choisi de la nommer rue Eunice Osayande. Cette travailleuse du sexe nigériane avait été sauvagement assassinée en juin 2018 derrière la gare du Nord. »)
Eh, bien, détrompez-vous car il ne s'agit nullement d'une fiction ! Stéphanie St-Clair a bel et bien existé et ce roman graphique en noir et blanc retrace son parcours alors qu'elle règne sur Harlem, mais avec des va-et-vient dans le temps pour comprendre comment cette femme née dans une famille à l'extrême de l'extrémité de la pauvreté s'est construite et a su s'imposer comme LA souveraine de la partie de New York peuplée par un nombre très conséquent de noirs, Harlem.

Le scénario d'Aurélie Lévy et d'Elisabeth Colomba est grandiose. Il donne une vision, probablement assez juste, de ce que cette femme a accompli, et même si c'est une gangster, on ne peut qu'être admiratif devant tous les obstacles qu'elle a su surmonter au cours de son exceptionnelle existence. Une fois ce roman graphique ouvert, vous ne pourrez plus le lâcher avant d'en avoir achevé la lecture.

Elizabeth Colomba au dessin a opté pour un noir et blanc, très ligne claire, d'une grande lisibilité. C'est un travail magnifique, d'autant plus beau que la couverture se présente dans un style très Art Déco, élégant et raffiné.

De tels personnages réels dépassent tellement ceux issus de la fiction qu'on en vient à croire qu'ils sont imaginaires…

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Quand on évoque la pègre au temps de la prohibition aux Etats-Unis, tout le monde pense à Al Capone ou à Lucky Luciano qui apparaissent dans maints romans, films ou bandes dessinées mais qui citerait Stéphanie Saint-Clair ? Or, cette dernière d'origine martiniquaise émigra aux USA et s'imposa à Harlem comme la reine des Numbers, la loterie clandestine. Elle fut « la banquière » : elle prenait les paris, rémunérait les éventuels gagnants et surtout empochait les bénéfices et, tandis que les bandes mafieuses rivales s'entretuaient, elle réussit toujours à sortir son épingle du jeu et amassa une immense fortune. Les autrices Elisabeth Colomba et Aurelie Levy réparent cet oubli et redonnent sa place à « la marraine de Harlem » surnommée Queenie dans un somptueux roman graphique de 176 pages paru aux Éditions Anne Carrière.
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Elles choisissent de se concentrer sur l'année charnière 1933. Pourquoi ? Parce que cela marque la fin de la Prohibition quand les mafieux notoires doivent se reconvertir car l'argent de l'alcool se tarit. Alors, l'affaire florissante de « numbers » de Stéphanie suscite la convoitise des malfrats et en particulier de Dutch Schultz qui lui déclare la guerre. Elle va devoir ruser pour survivre dans ce milieu d'hommes violents où l'on tire d'abord et on discute ensuite ! Cette concentration donne un rythme et de la tension puisque l'héroïne est pressée par le temps et évite ainsi l'écueil d'une biographie linéaire. L'album ressemble à une grande saga de gangsters et oscille entre polar et biopic.
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On trouve ce côté polar dans l'utilisation du noir et du blanc qui donne à l'album la « patte » d'un film mythique hollywoodien façon Howard Hawks ou Preminger avec une élégance racée dans son utilisation de la ligne claire et d'un trait réaliste. On retrouve aussi un peu du Miller de « Sin City » dans son jeu d'ombres et de lumières. Certaines doubles pages sont également des clins d'oeil au 7 e art et se présentent comme une séquence de film muet (« comment faire tourner un business de paris illégaux ») ou font preuve d'inventivité en prenant la forme d'un plateau de Monopoly. (« la manière Schultz »). On reconnaît l'art de la story-boardeuse qu'est Elisabeth Colomba dans cette grande maîtrise du découpage et du cadrage. Les autrices confessent sans façon que, profitant des nombreux « flous » dans la biographie de leur héroïne, elles ont inventé des personnages pour donner également du piment à l'histoire tel ce flic ripou fasciné par Stéphanie.
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Mais au noir et blanc s'ajoutent également des nuances de gris utilisées pour approfondir l'aspect biographique. Grâce au tramé on reconnaît d'emblée les séquences de flash-backs sur son enfance qui vont expliquer son parcours. le « gris » qui est ainsi introduit, récuse tout manichéisme : le personnage n'apparait plus ni noir, ni blanc mais tout simplement d'une complexe humanité. L'ensemble est très documenté. On découvre alors des pages passionnantes sur le mouvement de la « Harlem Renaissance » et l'on croise le patron du Cotton Club, l'ancien boxeur Jack Johnson, Thélonious Monk, Duke Ellington, le militant W.E.B Dubois ou encore le photographe James van der Zee. La scénariste est également documentariste et ça se voit dans son sens du détail et de la précision historique. Mais en même temps, elle choisit de mythologiser son personnage. Stéphanie St Clair est ainsi présentée comme une super héroïne car elle en a toutes les caractéristiques : elle est orpheline, a un mentor (son patron juif), un costume (elle porte fourrures, vison, chapeau et rang de perles été comme hiver), un don : celui des chiffres et elle choisit de défendre les humbles en oeuvrant pour les droits civiques des noirs et en publiant des tribunes dans la presse afin de dénoncer – déjà- les violences policières perpétrées à leur encontre. Mais Aurélie Levy en fait également un personnage retors, vénal et manipulateur qui a tout compris de la force de l'image et du pouvoir des médias et a soif de revanche sociale…
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On n'a donc pas de victimisation ni d'hagiographie dans cet ouvrage même s'il s'inscrit dans la continuité logique de la démarche de l'artiste peintre Elisabeth Colomba (Martiniquaise exilée à New York comme son héroïne) qui s'attache à restaurer les corps noirs oubliés de l'Histoire et en particulier les figures féminines dans de grands tableaux figuratifs et colorés. Elle avait au départ choisi de représenter Stéphanie Saint Clair sur l'une de ses toiles mais a rapidement jugé que cela ne lui rendrait pas suffisamment justice et décidé d'utiliser la bande dessinée pour pouvoir raconter sa vie au plus grand nombre. Avec son amie Aurélie Lévy, elles ont brillamment relevé ce défi pour leur entrée dans le 9e art (tout comme leur éditeur qui ne publie habituellement pas d'albums). Toutes deux ont choisi également de transcender parfois l'époque en dressant des parallélismes. Elles montrent ainsi combien la situation de Stéphanie St Clair et des Harlemites est semblable à celle des Afro américains du temps de James Baldwin (dont on trouve les propos dans certains dialogues des personnages dans un anachronisme voulu) ou créent des échos lors la scène glaçante de l'attaque du bus par le Klan avec les circonstances de la mort de George Floyd.
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Sélectionné dans de nombreux prix Bds (Fnac-France Inter, Landerneau …), cet album est à la fois une biographie, un thriller, un documentaire sur un mouvement culturel et artistique, un récit d'émancipation et un manifeste antiracisme. Il devrait également être porté à l'écran puisqu' un grand studio américain en a déjà acheté les droits. On a hâte de découvrir qui va incarner cette femme hors norme à qui Raphaël Confiant consacra naguère un récit passionnant et foisonnant et que le bédéaste Mikael a choisi également de mettre en scène dans le 3e volet de sa trilogie newyorkaise à paraître en janvier prochain.
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Queenie,  quel personnage !
De sa Martinique natale aux quartiers de Harlem, l'ascension d'une femme que rien ne semblait conduire vers un tel destin.
Née Stéphanie St Clair, elle va devenir l'une des principales rivales des plus grands gangsters que l'Amérique ait connu, dans la première moitié du vingtième siècle.
Elle aura tout vécu.
Géré et construit sa fortune grâce à une loterie clandestine.
Frôlé la mort, fait de la prison, se sera alliée avec la mafia, aura distribué quelques pots-de-vin à des juges ou des policiers peu scrupuleux. Elle aura aussi côtoyé quelques artistes célèbres, Monk, Ellington.
Ce pouvait être une héroïne de roman, de cinéma ou... de bande dessinée, un personnage de fiction créé de toutes pièces, mais elle a bel et bien existé.
Elle était femme.
Elle était noire.
On était dans les années 30.
Et pourtant, tel un parrain, elle a réussi à s'imposer, à faire sa loi.
Elle ne pouvait être qu'intéressante à mettre en scène dans ce magnifique album qu'Elizabeth Colomba et Aurélie Lévy nous offrent aujourd'hui pour la découvrir.
Un excellent travail récompensé par le Prix BD Quais du polar
Album en noir et blanc,  mais pouvait-il en être autrement, qui se dévore littéralement.
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Une bien belle biographie dessinée de Stéphanie St Clair, aka Queenie, aka la marraine de Harlem.

Après une instructive préface, l'histoire commence en 1933, alors que Queenie sort de prison.
Entrecoupée de flash-backs, nous allons suivre sa vie, au top de sa gloire. de soirées artistiques en réunions d'affaires, St Clair gère son business avec maestria, bien secondée par Bumpy Johnson.
Au fil des pages, quelques noms bien connus croisent la route de Queenie. de Jack Johnson, le mythique boxeur noir, à Thelonious Monk, le grand pianiste, en passant par Duke Ellington et WEB DuBois. Mais aussi le gratin de la mafia new-yorkaise : Dutch Schultz et Lucky Luciano.

En creux de cette classique histoire de criminalité organisée, se brosse le portrait d'une femme incroyable, venue de Martinique sans contacts ni projet particulier et qui devint la figure majeure et la mécène d'un quartier en pleine ébullition artistico-intellectuelle : Harlem.

Le superbe dessin est mis en valeur par une narration qui sait se montrer inventive, jouant notamment avec les codes du cinéma le temps de quelques planches.

En fin d'ouvrage, une galerie de notices biographiques et un glossaire viennent compléter cet album solidement documenté.

Une réussite, dans un magnifique écrin - quelle couverture !
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critiques presse (1)
BoDoi
04 novembre 2021
L’album est donc un bel objet, à la forme maîtrisée, qui déroule au premier abord un récit classique qui étouffe un peu l’émotion. Mais il tisse discrètement une toile bien plus grande que la vie de Stéphanie St Clair et se fait multiforme : manifeste anti-raciste, odyssée d’émancipation, étape supplémentaire dans le parcours d’une artiste qui sort les femmes noires de l’invisibilité.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
_Je t'ai déjà dit que ma mère m'avait laissé une lettre avant de mourir ?

"Ma vie n'a jamais été un grand soleil. Il y a eu des éclaircies, des jours de soleil mais si peu? Je peux dire que cela a été un hiver pas trop froid. J'espère qu'à l'automne de ma vie, ce sera un soleil si éclatant qu'il fera même chaud dans mon passé."

_Et ça t'a appris quoi ?
_Que l'espoir est la nourriture du coeur.
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"_Les flics raffolent de ces huiles. Ils pensent qu'elles les protègent des balles.
_Apparemment, l'uniforme ne protège pas de la crédulité.
_Je ne juge pas les croyances des gens, tant qu'ils ne jugent pas les miennes."
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Il arrive que, pour une décennie ou un siècle, une ville, un territoire ou un lieu incarne de façon incandescente une facette d'une nation. Dans le cas de Harlem, cet âge d'or se produisit dans l'entre-deux-guerres, on le nomma the Harlem Renaissance et il écrivit une des plus belles pages de la culture américaine. Bien sûr, le génie, les rêves et les espoirs inscrits sur cette page appartiennent tout entiers à l'histoire des Noirs en Amérique. (5)
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- Les flics raffolent de ces huiles. Ils pensent qu'elles les protègent des balles.
- Apparemment, l'uniforme ne protège pas de la crédulité.
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L'espoir est la nourriture du coeur.
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Videos de Aurélie Lévy (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aurélie Lévy
Elisabeth Colomba publie avec Aurélie Levy, Queenie, aux éditions Anne Carrière
Harlem. 1933. Une femme noire, tirée à quatre épingles, est relâchée de prison. Son nom : Stéphanie St Clair. Signes particuliers : un accent français à couper au couteau et un don pour les chiffres. Née dans la misère à la Martinique, la célèbre Queenie est à la tête de la loterie clandestine de Harlem. Avec l'aide d'une poignée de complices loyaux, elle a patiemment bâti un véritable empire criminel qui règne sur Harlem tout en protégeant ses habitants des exactions des policiers.
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