Citations sur Les enfants de Sanchez, autobiographie d'une famille .. (10)
Ce n'est pas que je sois jalouse ; je me rends compte qu'un homme ne peut se satisfaire d'une seule femme, mais je ne peux pas supporter qu'on se moque de moi.
(Marta, qui aura été violée, battue, trompée par presque tous ses novios (compagnons), ivrognes, violents, fainéants etc... , page 610).
L'âme de mon tambour, parce que mon tambour a une âme, dit qu'il a perdu sa tranquillité parce qu'il est noir. Et même si vous n'aimez pas les gens qui sont noirs, ils ont une âme blanche et leur coeur est blanc.
J'avais 16 ans quand ma fille est née. Mon père était avec moi au sanatorium et je m'agrippais à ses jambes quand les douleurs étaient trop fortes. Il a tout payé et Crispin n'a même pas su combien cela avait coûté. Il n'a pas demandé non plus. Crispin avait désiré un garçon mais j'ai vu qu'il était content d'avoir une fille. Il venait tous les jours au sanatorium, chez Lupita, puis à la Casa Grande, sous prétexte de voir le bébé. Mais je ne l'aimais plus. J'ai commencé à le détester quand je me suis retrouvée avec l'entière responsabilité de l'enfant. Je le pinçais pour n'importe quoi ; il n'osait pas me battre dans la maison de mon père.
(page 393)
Je tombais enceinte si facilement que mes amies me disaient toujours que je ne ferais même pas une bonne prostituée.
(Marta, page 405)
J'avais huit ans quand ma mère est morte. Je dormais sur une paillasse par terre à côté de mon frère Roberto. Mes petites sœurs, Consuelo et Marta, dormaient dans le lit avec mon père et ma mère. Comme dans un rêve, j'ai entendu mon père crier. Il nous a appelé quand il a vu ma mère lui échapper, quand il a senti qu'elle allait mourir. J'ai toujours eu le sommeil très profond et mon père devait crier. Cette fois, il a hurlé littéralement : "Debout, chenapans ! Debout, fils de pute, hijos de la chingada! Votre mère est en train de mourir et vous restez couchés. Debout, cabrones !" Je me suis levé, très effrayé.
(Manuel, page 59)
Beaucoup d'ouvriers détestent leur patron et ne se sentent pas loyaux, mais sur ce plan, je me sens bien car je sais que mon patron me tient en haute estime. Pour me prouver son estime, il me laisse travailler sept jours par semaine tous les jours de congés, afin que je puisse augmenter mes gains.
(page 51)
Elle était une véritable usine, produisant un gosse après l'autre. Il y en avait déjà sept en haillons et encore un en route.
La mère de Yolanda, Julia, voulait lui faire prendre de la glace au citron avec du vin rouge pour lui refroidir la matrice et la rendre stérile ; mais Yolanda ne voulait pas en entendre parler. Moi aussi j'étais fatiguée de mettre des bébés au monde, mais j'ai refusé l'offre de ma tante de me soigner avec de l'eau bouillie dans une casserole contenant une bague en or et un morceau de corne de taureau. Qui sait pourquoi j'avais peur de me faire soigner ?
(Marta, page 416)
Je connaissais un autre homme qui était dominé par sa femme. Elle hurlait après lui et le battait même, et c'était bien connu qu'elle lui avait jeté un charme. Comment pourrait-on expliquer ça autrement ? Quand j'étais à Chiapas, on m'a dit de faire attention car là-bas les femmes envoûtent les hommes en leur faisant boire du "lait de coco". Elles se lavent le vagin pendant leur menstruation et utilisent l'eau pour en faire le café de leur homme. Une fois qu'il a bu, on dit qu'il est complètement au pouvoir de la femme.
Roberto, page 289
Je crois que ma vie est une répétition de celle de mon père, sauf que lui a pris soin de ses quatre enfants et que je ne l'ai pas fait.
(page 267)
[...] je voudrais attirer l'attention sur le fait que dans les nations modernes, la pauvreté est non seulement un état de privation économique, de désorganisation ou d'absence de quelque chose, mais qu'elle présente un côté positif dans la mesure où elle est douée d'une structure, d'un système de rationalisation et d'autodéfense sans lesquels les pauvres ne pourraient guère survivre. En bref, il s'agit d'un mode de vie, remarquablement stable et persistant, transmis d'une génération à l'autre par l'intermédiaire des lignées familiales. La culture des pauvres possède ses propres modalités, ainsi que les conséquences sociales et psychologiques distinctes qui en découlent pour ses membres. C'est un facteur dynamique qui empêche la participation à la culture nationale dans son ensemble et qui devient une sous-culture en soi.
(page 29)