La seule chose qui dure toujours , c'est l'enfance quand elle s'est mal passée : on y reste coincé à vie
Le foot ne m’intéresse pas, mais autour de moi, personne ne le comprendrait ni ne l'admettrait , alors je ferme ma gueule, sur ce sujet comme sur tant d'autres. Je fais comme si je connaissais Bats et Tigana, comme si j'avais regardé le match à la télé alors qu'on n'a pas de télé.
L'espérance de vie de l'amour, c'est huit ans. Pour la haine, comptez plutôt vingt. La seule chose qui dure toujours, c'est l'enfance quand elle s'est mal passée : on y reste coincé à vie.
Mon père est mort. Tout est faux dans cette phrase. D'abord, parce que je n'ai jamais eu de père, et ensuite parce que, père ou pas, il est toujours vivant. Au lieu de le tuer, j'ai passé vingt-deux ans à le laisser vivre et prospérer en moi jusqu'à l'intoxication. (p306)
J'ai beaucoup repensé à l'enfance récemment. Et pas seulement à la mienne, mais à celle de tout ceux qui ont traversé la leur comme une nuit qui n'en finissait pas.
Ma mère s'en va. Elle nous laisse avec le mystère irrésolu de sa splendeur. Elle nous laisse avec la conviction éclatante que nous ne lui suffisons pas, et qu'il n'y a que Mohand qui puisse la rendre heureuse avec ses souffrances et ses infirmités.
Comme quoi, les filles ne sont jamais tranquilles. Il y a toujours quelqu'un pour leur reprocher ce qu'elles portent ou ce qu'elles ne portent pas.
Car la seule chose qu'ils nous aient jamais donnée, c'est précisément cette goutte de sperme, et ça m'a toujours paru un don bien chiche et une base bien ténue pour y édifier tout un système d'exploitation, un empire de violence et de terreur, une mis en coupe réglée de notre innocence et de notre faiblesse.
La vérité c'est qu'on a vécu pire que des chiens et que personne n'a voulu le savoir. La vérité, c'est qu'on a tous menti. Les parents, mais nous aussi. Parce qu'en plus de souffrir, on avait honte.
Oui, nous étions trois à avoir été décapités dès l’enfance, trois à qui on avait refusé tout épanouissement et toute floraison, trois à n’être rien ni personne