Citations sur Les hommes tremblent (14)
Un homme tremble au bas de l'immeuble. Le froid, la peur, Parkinson?Faut- il appeler les services sociaux, la police, les urgences?
L'alcool, ça n'a vraiment pas l'air. La faim? Faut- il lui offrir un sandwich?
Y a t- il quelque chose à faire ou rien, comme d'habitude?
Un homme tremble au bas de l'immeuble. Le froid, la peur, Parkinson? Faut-il appeler les services sociaux, la police, les urgences? L'alcool, ça n'a vraiment pas l'air. La faim? Faut-il lui offrir un sandwich? Y' a-t-il quelque chose à faire ou rien, comme d'habitude?
Un homme tremble. S'il mendiait, on lui donnerait de l'argent ; s'il pleurait, on le consolerait. Mais l'homme tremble d'angoisse et d'honnêteté, ce serait mentir que se porter à son secours.
On ne fait pas de révolution sans casser des œufs et tant pis pour les enfants choyés, tant pis pour les salariés soumis et obéissants. Quand vient la révolution, il faut être révolutionnaire, sinon tout est foutu.
Sans que Martin soit expulsé manu militari, il devrait être possible de le convaincre de passer son temps dans le local poubelles, qui est très bien tenu et assez spacieux, de sorte qu'il ne manquerait pas de place pour se mettre à l'aise, même avec Martine, et lui-même ne serait pas sans cesse interrompu dans ses rêveries par des allées et venues. Les allées et venues, pour leur part, n'auraient pas sous leurs yeux, à chaque fois qu'il quittent ou regagnent leur appartement, cette espèce de loque prétentieuse qui donne son avis sur tout et sur chacun. Mais Martin a des complices dans l'immeuble, des locataires principalement, qui tiennent à faire connaître leur idée de l'humanisme, laquelle consiste à se scandaliser de tout contact trop poussé entre les hommes et les déchets. Qu'est-ce qu'ils croient ? Que, dans des pays moins favorisés, les pauvres gens ne fouillent pas jour les décharges d'ordures comme une île au trésor, pour y trouver de quoi se nourrir ou commercer jusqu'à demain? Martin, il était juste question qu'il passe ses journées et dorme, qui plus est éventuellement avec sa Martine, dans la Rolls des locaux poubelles.
Mais on n’est jamais sûr, avec la sécurité. Comme ces Chypriotes qui ont mis leur argent à la banque pour le protéger des voleurs et ce sont les banques qui ont fait faillite ou je ne sais quoi, bye-bye les économies. Rien ne dit cependant que, la chaleur venue, Martin ne soit pas aussi attaché à ce que la porte reste ouverte toute la nuit, cette fois. On serait dans de beaux draps. Avec précaution, avec humanité, mais il n’y a pas à tortiller, il faut s’en débarrasser. Sur ce point, M. Heurtier a raison. J’aimerais bien voir comment ça se passe à Angoulême, quand même. Que je sache, aucune ville n’est épargnée.
Comme tous les criminels, soi-disant il faudrait les comprendre mais utiliser son caca pour emmerder le monde, c’est incompréhensible, sans parler de l’immoralité.
Chacun s’échine à devenir un problème pour les autres, Martin qui ne demanderait pas mieux que faire partager son exclusion à tout le monde, les intégrés qui s’accrochent à leur job et pensent plus à leurs heures supplémentaires qu’au chômage des moins favorisés. Et quelle sécurité quand les halls d’immeubles vont à vau-l’eau, squattés par des intrus qui n’ont même pas la décence de se faire tout petits comme ils sont ?
Personne qu’un sadique et un sadique ne lui donnerait rien de bon en échange. Tout le monde a ses fantasmes mais observer Martin et Martine faire misérablement l’amour, non merci, ils n’ont pas besoin d’être discrets pour éloigner les voyeurs. À moins qu’ils ne fassent l’amour admirablement, comme les mauvais garçons et les vraies filles perdues, dit-on. Ça non plus ne serait pas beau à voir.
Ça ne peut pas durer indéfiniment comme ça. Rien que pour les enfants, ça leur donne un mauvais exemple. Cyrille, l’ado des Pernon du troisième, devient un peu trop copain avec Martin. Il n’a aucun scrupule à lui parler, à rire avec lui, à l’écouter comme s’il y avait plus à apprendre du crève-le-froid que de ses parents. Sans compter les vices auxquels il peut être entraîné malgré lui.
Il est question de lui donner de l’argent pour ne plus avoir cette misère sous les yeux, pour l’appâter, comme du fromage à une souris.