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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Certaines reconversions me laissent dubitatif, ce qui, depuis Desproges, est fort gênant : Noah chanteur, Ségolène Royal chroniqueuse chez Hanouna, Marine le Pen sémitophile…
Lluis Llach romancier, en revanche, je suis admiratif…
J'arrête d'ailleurs de tenter par tous les moyens de convoquer l'humour pour relater les impressions laissées par ce puissant bouquin. D'abord parce que de l'humour, il n'y en a pas ici… L'époque et le lieu s'y prêtent difficilement… Barceloneta, quartier de la capitale catalane, la Guerre civile… Que ceux que l'Histoire rebute, soient rassurés, l'immense intérêt des « Yeux fardés » est de mettre en scène des hommes et des femmes qui s'efforcent de ne pas seulement survivre au milieu du chaos mais de continuer à espérer dans un décor urbain et social rigoureusement et magnifiquement décrit.
Pas d'humour, donc… Pas obligé, comme sur France Inter le matin, de systématiquement tenter de se fendre la poire quand le fond de l'air est sombre. Gaza ou Kiev en 2023…Barcelone en 1936… Sale temps pour les marioles…
Pas d'humour, non ! L'amour, en revanche, déborde, dégueule même… Physique, filial, fraternel, maternel, rarement heureux… La haine n'est pas en reste…
Que de lignes ignées pour souligner la grandeur des uns, la bassesse des autres… Les plus désespérés sont les chants les plus beaux et ces Yeux fardés sont de ceux que l'on oubliera pas de sitôt. La fin du livre est émouvante tout autant qu'éprouvante… Bien longtemps que je n'avais pas ressenti une telle émotion. Et je ne lis pas que de la piquette ! Il reste après cette lecture, un goût âpre, un tanin tenace. Germinal Massagué a acquis au cours des pages une telle épaisseur qu'il n'est nullement exagéré de prétendre que l'on quitte un proche, ou du moins, un attachant témoin. le lecteur est devenu ce réalisateur qui, dans le livre, recueille la précieuse parole. Ce réalisateur, qui, passé le choc de la première rencontre, voit se délier l'écheveau les souvenirs d'une époque tragique. Lluis Llach n'a pas vécu la Guerre civile. Par contre, la répression franquiste, l'exil, il peut en parler, ils les a déjà chantés… Dès lors, il est à parier que la quête de Lluis Llach n'est pas seulement littéraire, elle vaut aussi par sa dimension personnelle, cette touchante interrogation intime dès lors qu'est abordé ce mouvement politique, laboratoire totalitaire pour le nazisme. Grâce à ce livre, nous accompagnons l'auteur dans sa recherche, nous partageons non seulement son indignation pour les lâchetés des démocraties européennes, en premier lieu celle du Front populaire, mais également sa condamnation des exactions franquistes. L'auteur, pourtant, ne fait pas l'impasse sur les rivalités intestines du camp républicain. Pour les besoins de ce livre, Lluis Llach a su rehausser sa splendide panoplie d'artiste d'une plume d'historien et d'une grande cape de romancier.
Ayant sous le coude « Les femmes de la Principal », la perspective de reprendre bientôt une autre bonne grosse louche de liberté me réjouit…
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Un flamboyant livre sur la mémoire et l'amour, tissées sur une toile, espace Barcelone, temps la jeune République espagnole et son massacre (les années 1930-1940).
Essentiellement.
Toile peinte, roman écrit, au moment où les souvenirs s'effacent, où ceux/celles qui transmettent disparaissent, quand l'Espagne tend à oublier aussi ses anciens combattants, ses lieux de mémoires (pour reprendre le langage officiel), à accepter des hommages à « l'autre connard » (je cite l'auteur… un aparté, il y a trois connards, l'autre, le connard moustachu qui officie en Allemagne, et le petit gros qui serait vers l'Italie… si vous voyez).
Bref…
La mémoire, il me semble que pour l'auteur, celle-ci a construit son roman… en effet, celui-ci est divisé non pas en chapitres mais en séances d'enregistrement (qui pour nous, lecteur, est similaire). Et petits moments d'apaisement pour le lecteur, le vieux qui se fait enregistrer s'adresse directement à son enregistreur… moments rares drôles… « n'oubliez pas de débarrasser votre tasse de café », par exemple. Ainsi, l'auteur demande au lecteur d'entrer dans une mise en scène de la mémoire et de la transmission. Et, il se pose une question : comment transmet-on aujourd'hui, cette histoire atroce, horrible, oubliée (pour une grande partie), alors que les témoins disparaissent, ont disparu. Les derniers témoins.
Bien sûr, chacun (j'ose l'imaginer, le penser) a quelque souvenir de ce que l'on appelle la Guerre d'Espagne. Merci Picasso et Guernica, Merci Eluard et liberté. Bon voilà, elle débute en 1936 et puis les Républicains perdent en 1939, alors que la guerre recommence ou continue en Europe… et alors les Espagnols…oubliés… sauf que commence alors l'épouvante terreur blanche, avec des milliers d'exécutions, d'enfermements, d'anéantissements. Llach, à travers son héros prénommé par ses parents Germinal (cherchez le besoin de transmettre) (car on aurait pu imaginer Thermidor – non, trop Robespierre -, Brumaire – non, trop Bonapartiste,) Llach confronte le lecteur avec un récit (le sien), la mémoire (celle de Germinal, qui à plusieurs reprises, précise que ce sont SES propres souvenirs, et ceux de personne d'autre), et le souvenir, l'attachement, l'amour.
D'abord, l'amour porté à Barcelone et à un quartier de Barcelone. Un amour qui s'effondre lorsque Germinal retourne sur les lieux de ses amours. Outrages du temps qui a glissé, outrages des guerres et des destructions. Absences des personnes aimées sur ces lieux-mêmes. Germinal en vomit. Son corps refuse. J'ai lu là des lignes admirables, fortes, puissantes.

L'amour porté à l'Ami Aimé. L'auteur exprime alors des sentiments très forts, déclare une sexualité forte aussi, et qui sans doute dans une Espagne sur-catholicisée (oui j'invente le terme, mais il faut bien le dire), ne devait pas simplifier l'existence. Llach ose, à la fois crûment, mais tellement sincèrement, que l'on adhère (pardon, moi j'ai adhéré).
L'Ami Aimé. Il me semble que Llach souhaite à chacun d'en connaître un, de vivre l'Ami Aimé.
Ce qui me permet de conclure que ce roman tout triste qu'il est, nostalgique, donne, ouvre, offre l'amour ou l'amitié, suivant ses propres sensibilités.
Mais il milite aussi pour le non-oubli.
Une très belle lecture, émouvante,
j'avais lu auparavant Les Femmes de la Principal.
Que de beaux moments !
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Barceloneta (Catalogne), années 1920 et suivantes.
Quatre jeunes enfants nés à quelques jours d'intervalle dans le même quartier forment un joyeuse bande: Germinal, fils d'un docker syndiqué et d'une française est le chef de la bande - et le narrateur -, Mireia, David et Joana sont inséparables. Ensemble, ils affrontent la pauvreté et la débrouille, l'école puis à peine plus tard le travail. Ils connaissent ensemble leurs premiers émois amoureux et quand Germinal prend conscience que l'amitié qu'il a pour David est de l'amour, ils sont adolescents et le fascisme réclame son lot de sacrifiés…
Une histoire captivante et même très au-delà: une histoire d'amour et de passion sur fond de pauvreté et de guerre civile, une histoire forte et pleine de sentiments qui m'a subjuguée jusqu'au bout, tout en suspens et en émotions, tantôt crues tantôt sentimentales, toujours fascinantes.
Par ailleurs, le style narratif n'est pas ordinaire: l'auteur se présente comme un réalisateur venu interviewer un ciel homme, connu sous le nom de Germinal, dont on lui a dit que la vie était un vrai scénario, un catalan aux yeux fardés qui a connu l'amour secret et la guerre en Catalogne… lequel se livre tout au long de vingt-six enregistrements.
J'ai adoré ce roman qui m'a fait passé un merveilleux moment et je reconnais volontiers que Louis Llach a bien mérité les différents prix qu'il a reçus en 2015.
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Germinal, un vieil homme un peu efféminé, les yeux chargés de khôl, rencontre un jeune réalisateur qui envisage de tourner un film sur la Barceloneta, quartier populaire de Barcelone, un film qui couvrirait la période des années années 20 à nos jours...
La vie de cet homme ferait un excellent scénario de film.
Alors le vieil homme va lui transmettre vingt-six enregistrements chronologiques, plus ou moins longs, depuis sa petite enfance jusqu'à nos jours...Un concept original pour ce roman. Vingt-six enregistrements depuis la création dans les années 20 à 30 de ce petit groupe de 4 copains de l'école primaire, inséparables, quatre amis qui vivront ensemble leur enfance et leur adolescence dans les ruelles de ce quartier, sur la plage entre les barques échouées. Certes ce n'était pas l'opulence. Mais la solidarité entre les familles régnait, et surtout cet amour pour la liberté qui poussera plus tard le père, docker sur les quais du port, à s'engager dans l'armée républicaine afin de se battre contre le fascisme.
Nos quatre gamins connurent ensemble les premiers émois sexuels, les premiers amours ... puis le petit groupe qui se réduisit à trois le jour où, poussés par le chômage de ses parents l'une des quatre les quitta pour aller vers l'Amérique du Sud chercher le bonheur....Ensemble, ils découvriront la sexualité, puis connurent les premières relations avec les prostituées, et aussi les premières expériences homosexuelles...
Puis vint la guerre d'Espagne dans le camp des républicains. Elle bouscula ce bonheur, imposa l'exil de certains en France, causa la mort du père du narrateur et par suite de bombardements le nombre des amis du groupe se réduisit à deux, les deux garçons, ...
Une vie d'amour de la liberté...L'amour de la liberté et l'amour de l'indépendance qui définissent si bien la Barceloneta, ses hommes et femmes, qui combattirent aux cotés des républicains, cette ville tournée vers la République, méprisée et finalement punie, bombardée, brimée et en partie détruite par les fascistes.
Dénonçant les horreurs du franquisme, Germinal le récitant trouvera, un temps, la paix dans l'exil en France, la paix mais le manque aussi, celui de Ami Aimé resté en Espagne....!
Sur fond de drames mais aussi de petits bonheurs, chacun des enregistrements du vieil homme, est à lui seul un petit roman, parfois philosophique, dans lequel Lluis Llach confirme tout l'amour qu'il porte à cette langue catalane, à cette province, à ses hommes et femmes, à l'Humanité, et aux droits de l'homme pour lesquels il combattit.
Je connaissais le chanteur, dont j'avais apprécié l'un de ses derniers concerts. J'ai découvert l'auteur....Dommage qu'il n'y ait pas, à ma connaissance, d'autre ouvrage de cet auteur disponible en langue française.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Je n'irai pas par quatre chemins ! Ce roman est tout simplement MAGNIFIQUE ! Lisez-le !
On suit l'histoire de 4 amis dans le quartier populaire de la Barceloneta (à Barcelone) autour de 1936.
Un passionnant moment de lecture.
Une divine écriture.
Merci Louis Llach pour ce 1er roman qui est un chef-d'oeuvre à mon sens !


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Les yeux fardés, de Lluis Llach, traduit du catalan est un chef d'oeuvre de littérature. Si vous aimez les beaux textes, la belle littérature, vous l'aimerez. Si vous aimez l'Espagne, vous pourrez satisfaire votre goût. Si vous aimez Barcelone, ce livre vous conviendra en la découvrant riche et tumultueuse comme un véritable personnage de roman. Si vous aimez les romans historiques, celui-ci traite des années 1920 à 1940 dont une bonne part, la guerre civile espagnole mais aussi les responsabilités des pays européens dont celle de la France et de l'Italie.... Si vous aimez les beaux personnages, la bande des quatres jeunes vous donnera des émotions fortes à vous nouer l'estomac. Si vous aimez les destins héroïques, vous y trouverez votre compte.
On réalise, une fois de plus que les sentiments, la détresse, la misère sont vécus par tous les peuples de la même manière, surtout par les humbles. C'est un roman profondément humain, pour le pire et le meilleur, un chant parfois joyeux et plein d'espoir et parfois lourd de détresse.
J'ai tant aimé ce roman que l'on m'a offert pour Noël, que je l'acheterai également pour l'offrir comme un précieux cadeau.
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Un choc ! Avec ce premier roman, le célèbre chanteur catalan Lluís Llach s'est placé d'emblée dans la cour des grands. Des larmes, du sang, du sperme même, les émonctoires déversent leur trop plein d'amour et de haine dans ce roman haut en couleurs, qui nous conte par le menu la vie tourmentée de Germinal Massagué, un vieil homme que rencontre un cinéaste en panne d'inspiration. Au fil de vingt-six enregistrements hebdomadaires cet enfant de la Barceloneta, le quartier ouvrier et anarchisant de la Barcelone pré-franquiste, replace son histoire personnelle au sein de la Grande Histoire. La guerre d'Espagne, maquette de ce qui va très vite devenir la guerre la plus meurtrière au monde, est vue par le petit côté de la lorgnette, le regard d'un beau mec, aimé des femmes, au coeur gros comme ça, qui va découvrir le véritable amour auprès de David, son ami d'enfance et membre de la bande des quatre (deux filles, deux garçons). le lecteur est immédiatement happé par les personnages, hommes et femmes confondus, leur charisme et leurs convictions. L'auteur ose la crudité, mais sans jamais tomber dans la vulgarité. Un roman qui fait chaud au coeur, engagé comme peuvent s'y attendre celles et ceux qui ont suivi la carrière artistique de l'auteur, mais empreint d'une profonde sincérité et infiniment touchant. Vivement la lecture du prochain…
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Une histoire d'amitié particulière, entremêlée à L Histoire douloureuse de l'Espagne franquiste.

Souvent, la lecture de ce type de roman peine à dissocier le réel de l'imaginaire. Ce n'est pas le cas ici, sans doute par le fait que l'auteur rapporte des témoignages de personnes qui ont vécu cette période tragique de la Catalogne.

J'ai parfois regretté que L Histoire prenne trop souvent le pas sur l'histoire de ces quatre adolescents, mais finalement les deux sont indissociables.
L'Amitié Amoureuse entre les deux garçons est narrée avec beaucoup de pudeur et de retenue, et, même dans les situations les plus douloureuses, l'auteur trouve toujours les mots afin de ne pas tomber dans un pathos lénifiant.

Une fois la lecture commencée, je n'ai pu la lâcher. Quelques larmes au passage... Et j'avoue même quelques érections !
J'ai vraiment beaucoup aimé. A quand le film ?
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Sans hésitation, 5 étoiles, et un vrai coup de coeur pour ce roman catalan ! Lluís Llach nous plonge dans l'enfer de la guerre civile espagnole à travers le regard de Germinal, un jeune homme ordinaire, partagé entre ses amitiés, ses amours, ses espoirs et son engagement. Une vie parfaitement ordinaire, quand on a vingt ans. Mais quand la situation est exceptionnelle, comme dans l'Espagne des années 30, aucune vie n'est ordinaire, car il faut choisir un camp, et assumer ses choix, puis quand vient la défaite, vivre avec. Lluís Llach nous fait revivre l'histoire espagnole, et celle de Barcelone en particulier, ville à laquelle, on le sent bien, l'auteur est attaché. le contexte historique est passionnant, l'intrigue romanesque est juste, prenante sans être rocambolesque, alors que la situation aurait permis des développements peut-être excessifs.
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Une magnifique histoire ! On a lu de nombreux romans ancrés dans la réalité historique, mais j'ai aimé l'originalité de celui-ci. L'écriture est travaillée sans nuire à la fluidité du récit. le personnage intrigue dès le début, on le suit lorsqu'il vit le pire, mais surtout quand il trouve l'amour, l'amour dans toutes ses dimensions. Modernité et sensibilité dans la Catalogne en temps de guerre.
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