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Citations sur La pluie jaune (22)

On croit qu'on ne pourra jamais accepter sans peur l'idée de la mort. Tant qu'on est encore jeune, on la voit si improbable, si éloignée dans le temps que la distance même la rend inacceptable. Ensuite, à mesure que les années passent, c'est précisément le contraire - sa plus grande proximité - qui nous remplit de crainte et nous empêche à tout instant de la regarder en face. Mais, quel que soit le cas, la peur est toujours la même : peur de l'iniquité, peur de la destruction, peur du froid infini que l'oubli porte en lui.
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Et, qu’est-ce que la mémoire sinon un grand mensonge ?
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De cet endroit même où un jour mon père avait lui aussi vu les siens s'enfuir inexorablement, j'ai assisté désormais impassible à la décomposition dernière du village et de mon corps et j'ai attendu sans chagrin ni impatience que cette nuit vienne. Seule la chienne est restée avec moi jusqu'au bout. La chienne et cette rivière silencieuse, mélancolique, solitaire et oubliée comme moi, qui porte dans son courant le cours de ma vie et qui, seule, me survivra.
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Le temps finit toujours par effacer les blessures. Le temps est une pluie patiente et jaune qui éteint doucement les feux les plus violents. Mais il est des brasiers qui brûlent sous la terre, des crevasses de la mémoire si sèches et profondes que jusqu’au déluge de la mort ne suffirait pas, quelquefois, à les faire disparaître. On essaie de s’habituer à vivre avec ces plaies, on amasse silence et rouille sur le souvenir et quand on croit qu’on a tout oublié, il suffit d’une simple lettre, d’une photographie, pour faire éclater en mille fragments la dalle de glace de l’oubli.
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J'ai toujours voulu mourir ainsi, comme un arbre assoupi, comme un tilleul envoûté, dans la paix de la nuit, par la lueur de la lune.
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Un silence immense occupait le village entier, il introduisait sa grande langue sale dans la pénombre des maisons, fourrageant dans la rouille de l’oubli et la poussière accumulée par les ans.
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Insensiblement, la rouille entama sa progression irrépressible. Petit à petit, les rues se remplirent de ronces et d'orties, les fontaines débordèrent de leur lit primitif, les cabanes succombèrent sous le poids du silence et de la neige et les premières lézardes apparurent sur les toits et sur les murs des maisons les plus anciennes.
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A dater de ce jour, la mémoire fut ma seule raison de vivre et mon unique décor.
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Et quand ils seront rassemblés près des vieux murs de la bâtisse brûlée, ils se retourneront en même temps pour voir une fois encore la nuit s'emparer des maisons et des arbres d'Ainielle, tandis que l'un d'eux se signera à nouveau en murmurant à voix basse :
"Et que la nuit aille à la nuit."
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Mais brusquement, vers les deux ou trois heures du matin, un vent léger se fraya un passage par la rivière : la fenêtre et le toit du moulin se remplirent tout à coup d’une pluie drue et jaune. C’étaient les feuilles mortes des peupliers qui tombaient, la pluie lente et paisible de l’automne qui revenait vers les montagnes pour couvrir les champs de vieil or et les chemins et les villages d’une douce et sauvage mélancolie. Cette pluie dura quelques minutes à peine, mais suffisamment pour colorer en jaune la nuit entière et pour me faire comprendre, à l’aube, lorsque la lumière du soleil revint incendier mes yeux et les feuilles mortes que c’était elle qui rouillait et détruisait lentement, automne après automne, jour après jour, la chaux des murs et les vieux calendriers, le bord des lettres et des photographies, la machinerie abandonnée du moulin et de mon cœur.
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