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Citations sur Le cerveau sur mesure (35)

Épilogue
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Être bien dans sa tête - un idéal de vie proposé à l'homme par son cerveau, l'organe qui bat la mesure de nos actions et de nos pensées suivant les rythmes imposés par le corps en réponse aux sollicitations du monde, source inépuisable de nos sentiments. Le vrai bonheur se doit d'être mesuré pour échapper à l'hybris - c'est-à-dire la démesure qui conduit à tous les excès dans lesquels l'âme se perd. Un cerveau sur mesure est un cerveau à la mesure de l'homme. Il est donné en partage à tous les individus qui composent l'espace et il est, dans le même temps, le bien propre de chacun l'unique et sa propriété - singulier donc, mais également social extrême, ne pouvant exister sans la présence des autres, ses semblables (autrui).
Les neurosciences apportent leur lot incessant de données qui témoignent du caractère mouvant et protéiforme de notre cerveau, organe dynamique en équilibre instable. Loin d'être immuable, la matière du cerveau est un tissu façonnable qui dispose d'une phénoménale capacité d'adaptation. En permanence, sous l'action d'un apprentissage, de nouvelles cellules nerveuses sont produites, de nouvelles connexions sont établies ou renforcées, tandis que d'autres sont éliminées. Cette aptitude qu'a le cerveau de se reconfigurer lui permet de demeurer vif, réactif et prompt à élucider les problèmes. C'est précisément cette plasticité qui permet à l'humanité d'échapper au déterminisme biologique qui l'enfermerait dans la servitude de la pensée unique et qui lui offre la liberté de création et d'imagination distinguant Homo sapiens de ses cousins plus ou moins lointains. Grâce à cette superbe machine dont nous commençons à percer quelques-uns des mystères, l'être humain reste le seul animal à pouvoir s'échapper de la dictature des gènes et des hormones.
p. 229 et 230
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LA PLASTICITÉ JUVÉNILE
Pour certaines espèces, la période nécessaire pour atteindre la maturité est très courte. Les invertébrés, par exemple, développent au cours de leur très brève ontogénie, les traits phénotypiques caractéristiques retenus par les conditions de sélection qui se sont exercées à l'échelle phylogénétique sur l'espèce avant même l'existence du sujet. Cette rapide phase de développement représente là un avantage acquis puisqu'il permet au jeune animal de survivre plus efficacement dans un monde qui lui est hostile. Ainsi faut-il à peine dix jours après la naissance pour que la drosophile puisse déjà se reproduire. En revanche, d'autres espèces choisissent une stratégie inverse en privilégiant une longue période de développement. Dans ce cas, pour que quelques individus puissent survivre, un grand nombre de jeunes sont sacrifiés. L'autre voie de survie pour ces animaux à l'ontogenèse étendue consiste à recevoir des soins parentaux prolongés qui peuvent protéger les jeunes d'un environnement où les prédateurs de toutes sortes ne manquent pas. Chez les mammifères pour lesquels la durée nécessaire afin d'atteindre la maturité sexuelle peut nécessiter jusqu'à plusieurs décennies, c'est la seconde option qui est choisie. Cette période d'intenses échanges entre la nouvelle créature et ses parents offre au jeune de nombreuses confrontations avec son environnement qui pourra dès lors orienter et participer à son développement. Ainsi en va-t-il pour l'homme, qui reste durant les vingt premières années de sa vie un sujet fragile, tributaire de la cellule familiale, et dont le cerveau néoténique — c'est-à-dire qui n'atteint que tardivement le stade adulte — est « nourri » par les interactions sociales. L'ordre biologique s'efface alors devant l'ordre psychique, et la transmission sociale et culturelle devient primordiale pour le développement du cerveau. Des facteurs comme la diversité du régime alimentaire ou la complexité des soins parentaux apparaissent comme autant d'acteurs importants qui participent au modelage nerveux. Ce type d'ontogenèse flexible qui précède la maturité du cerveau se rencontre chez la plupart des espèces douées de plasticité phénotypique importante. Cette plasticité juvénile n'a pas de délimitations temporelles précises.
p. 112 et 113
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C'est le docteur Itard, jeune médecin de l'Institut des sourds-muets, qui l'a sauvé de l'isolement. Il a persuadé alors Pinel de lui confier la garde de cet enfant qu'il sentait capable d'instruction. Malheureusement pour lui, Victor n'a jamais réussi à parler, même s'il a développé des facultés mentales remarquables. Cette histoire réelle illustre à quel point le cerveau humain, très inachevé à la naissance, reste vulnérable aux sollicitations de l'environnement. Autrement dit, le cerveau néoténique de l'enfant est très réceptif à l'inscription du monde dans ses propres circuits, et ce, même plusieurs décennies après la naissance, à condition bien sûr qu'on sache les stimuler.
En achevant sa maturation, le cerveau du jeune adulte devient de plus en plus réfractaire aux leçons de l'expérience. L'apprentissage de choses nouvelles n'est bien sûr jamais impossible, mais il se fait plus difficile. Pourtant, certaines connexions restent suffisamment malléables pour que des règles d'apprentissage impriment leurs marques tout au long de l'existence. Cette seconde période que l'on nomme la neuroplasticité adulte se caractérise par le perfectionnement de la machinerie cérébrale alors même qu'elle a déjà acquis un large répertoire de facultés sensorielles et motrices. Le cerveau postjuvénile n'est pas une ardoise vierge sur laquelle viendraient s'imprimer les apprentissages les plus divers. Cette période débute à la fin de l'enfance et ne s'achève qu'avec le décès de l'individu. Durant cette seconde phase, le cerveau n'est plus passif. Il utilise des stratégies pour déchiffrer la signification des entrées sensorielles et motrices qui stimulent ses propres circuits. En somme, il cherche à donner un sens à l'expérience vécue.
p. 19
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note page 257 :
17. Dans les années 1950, l'équipe de Roger Sperry, en Californie, a montré que la section du corps calleux (split-brain) n'avait curieusement aucune incidence sur le comportement des patients. Ces personnes avaient subi une section complète du corps calleux pour empêcher la propagation de crises d'épilepsie d'un hémisphère à l'autre. En revanche, ces personnes au « cerveau divisé » réagissaient comme si elles possédaient deux consciences autonomes. Lorsqu'on divise le cerveau, il semblerait donc que la conscience le soit aussi.
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Si le cerveau de l'homme adulte possède une taille moyenne universelle, variable selon les individus et le sexe, nous retiendrons, malgré la récurrence des polémiques d'ordre idéologique, qu'il n'existe aucune corrélation significative entre la taille, l'origine ethnique et les facultés intellectuelles des individus. En revanche, cette merveille de complexité — plusieurs milliards de cellules — n'a rien d'immuable et de fixe, comme les composés d'un ordinateur. Si ordinateur il y a, celui-ci est fait de chair vive, matière changeante construite pour le changement et qui n'existe elle-même que par le changement. Cela veut dire qu'elle incarne un devenir. Elle confère la faculté d'accomplir demain des opérations que nous sommes incapables de réaliser aujourd'hui ou de faire des choses aujourd'hui que nous étions incapables d'effectuer hier encore. Toutes nos aptitudes particulières, manuelles et intellectuelles, qui concourent à faire de chacun de nous un spécialiste, un expert unique, sont pour une grande part façonnées durant les premières phases du développement cérébral de l'enfant et de l'adolescent.
Rappelons que la croissance du cerveau de l'homme moderne présente deux caractéristiques importantes que l'on ne retrouve pas chez les autres mammifères, en particulier chez les autres primates. La première singularité concerne la croissance du cerveau qui nécessite au moins deux décennies pour s'achever. Cette croissance lente du cerveau du petit de l'homme offre la possibilité d'une longue période d'éducation où l'instruction sera centrale. La seconde caractéristique est illustrée par le retard du cerveau du nouveau-né à se développer (à la naissance, il atteint à peine 25 % de sa taille adulte). L'homme naît donc dans un double paradoxe, avec un cerveau très immature à la naissance et qui n'est pas pressé de rattraper son retard. On appelle cette propriété l'« altricialité secondaire ». Pendant cette longue période de croissance, l'enfant reçoit des signaux du monde extérieur, interagit avec son groupe social et peut acquérir une possibilité de fonction nouvelle : le langage articulé. Les primates non humains se développent selon des modalités fort différentes. Chez le chimpanzé, par exemple, le volume de son cerveau à la naissance équivaut déjà à plus de 50 % de celui de l'adulte et sa croissance s'achève très vite vers l'âge de 2 ans.
p. 15 et 16
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note page 261 :
14. En 1980, le biologiste et prix Nobel de physiologie et médecine François Jacob indiquait que « l'être humain est certes programmé, mais programmé pour apprendre », façon de mettre un terme au sempiternel dilemme entre l'inné et l'acquis. Cette tendance de vouloir enfermer l'homme dans un déterminisme biologique le réduit en même temps à une servitude de la pensée, alors que c'est justement la liberté d'inventer et d'imaginer qui distingue l'homme des autres espèces. Grâce à son cerveau, l'homme reste le seul à pouvoir échapper aux lois dictées par les gènes et les hormones.
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« Le Cerveau sur mesure », Jean-Didier VINCENT & P.-M. LLEDO, éd. Odile Jacob © 01 - 2012
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note page 241 :
21. En biologie du développement, la néoténie se réfère à la possibilité de conserver des traits juvéniles chez les adultes d'une même espèce, ou bien la possibilité d'atteindre la maturité sexuelle par un organisme encore au stade larvaire. Le premier cas est illustré par le cerveau humain qui montre un développement très lent de sa forme finale. Cette disposition implique en contrepartie l'extrême vulnérabilité des petits humains, accompagnée d'une longue dépendance vis-à-vis des adultes, la socialisation constituant une étape indispensable, longue et coûteuse en énergie, à la formation d'individus viables et autonomes.
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… grâce au progrès des technologies convergentes représentées par les nanotechnologies, les biotechnologies, les technologies de l'information et celles du cerveau (NBIC). À ce titre, ce dernier est au cœur du projet transhumaniste officiellement encouragé par les organismes de recherche institutionnels. Les défenseurs du transhumanisme visent au dépassement de l'espèce humaine, qu'ils considèrent comme imparfaite, par une cyberhumanité. Il s'agit de créer des « humains augmentés ». Le rêve des transhumanistes est celui de l'immortalité pour une créature (un posthumain) largement produit par le génie de l'homme et pourvu de capacités physiques et surtout intellectuelles dépassant ce que l'homme moderne est capable de concevoir. Dans ces conditions, l'homme cesserait d'être une créature pour devenir son propre créateur. L'avenir de l'humanité pourrait donc être radicalement transformé par la technologie. Nous pouvons envisager la possibilité que l'être humain puisse subir des modifications, telles que son rajeunissement, l'accroissement de son intelligence par des moyens biologiques ou artificiels, la capacité de moduler ses propres états psychologiques et l'abolition de la souffrance. Ces projets sont dans le droit fil de ce que nous venons de décrire dans le cerveau. Pour les transhumanistes, la convergence des quatre technologies, NBIC, devrait améliorer les performances humaines sur les plans intellectuels et physiques, mais aussi permettre une communication entre individus d'un autre type, via l'interconnexion des cerveaux pour créer une véritable « conscience collective ».
p. 228
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Dans ce monde minuscule, la mécanique quantique est la seule reine qui dicte ses lois. La maîtrise et la manipulation des états quantiques ouvrent la voie à des méthodes de calculs aux performances sans commune mesure avec celles actuellement atteintes par nos ordinateurs. Cette discipline n'aurait pu se développer de façon spectaculaire ces dernières années sans le perfectionnement des méthodes d'observation et la mise au point d'outils nouveaux comme le microscope à effet tunnel développé par Binnig et Rohrer en 1985 dans les laboratoires de recherche IBM en Suisse. Cette microscopie est l'une des techniques les plus fascinantes actuellement, car elle permet de sonder la matière à l'échelle atomique et de découvrir le monde inaccessible des atomes.
En 1959, le physicien et prix Nobel Richard Feynman donne une conférence au California Institute of Technology intitulée « Il y a beaucoup de place en bas ». Ce séminaire est considéré comme le discours inaugural de l'histoire des nanotechnologies. Quelques mois plus tard, devant la Société américaine de physique, Feynman reprend son message en faveur des nanotechnologies. Il évoque alors l'existence d'un domaine de recherche resté à l'état de friche : l'infiniment petit.
p. 214
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L'avènement de la biologie moléculaire et de la génétique des comportements a permis de réaliser de grandes avancées en matière de santé mentale. On a aujourd'hui identifié certains gènes impliqués dans la transmission de la vulnérabilité génétique à la dépression, à la schizophrénie ou à l'autisme. Des études familiales, menées sur des jumeaux et des enfants adoptés montrent le rôle déterminant que jouent les facteurs génétiques dans la transmission de certaines maladies psychiatriques. Pour l'autisme par exemple, le risque que les deux individus soient atteints chez les vrais jumeaux est cinq à dix fois plus élevé que chez les faux jumeaux et le risque d'être soi-même atteint lorsqu'on a un frère ou une sœur touchés est dix à cinquante fois plus élevé que celui de la population générale. L'arsenal thérapeutique futur en matière de traitement des maladies psychiatriques devrait pouvoir évoluer vers une individualisation thérapeutique. Analyser le bagage génétique d'un patient pour lui fournir une médication optimale : tel est le champ des possibilités qu'offre aujourd'hui la médecine personnalisée à la psychiatrie de demain, « progrès » scientifiques qu'Aldous Huxley ou George Orwell n'auraient peut-être pas désavoués.
p. 150
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