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EAN : 9782738127099
290 pages
Odile Jacob (12/01/2012)
3.5/5   5 notes
Résumé :
LE CERVEAU SUR MESURE
Notre cerveau n'est pas un organe figé une fois pour toutes quand nous devenons adultes. Il évolue tout au long de notre vie, en fonction aussi de notre histoire, de notre culture. Et cette plasticité ouvre des perspectives pour tous ceux qui sont atteints de troubles liés à un traumatisme ou à une maladie dégénérative.
Peut-on envisager de recouvrer la parole après un accident vasculaire cérébral ? Va-t-on vers une médecine rég... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cet ouvrage traitant des connaissances scientifiques actuelles sur notre cerveau, est écrit, au-delà d'une certaine complexité du sujet, de façon chaleureuse, fraternelle et amicale dans le partage des savoirs.
J.-Didier VINCENT avec une certaine espièglerie teintée de quelque humour que nous lui connaissons bien, nous brosse avec LLEDO, un tableau de ce qui compose notre être, dans un franc-parler fort agréable à lire, hors les passages assez techniques parfois un peu ardus pour le “non-initié”.
Ils nous parlent dans ce livre du “meilleur des mondes” qui nous attend si nous ne le prenons pas à bras-le-corps, dans notre humanité de sagesse compassionnelle partagée, en toute responsabilité de chacun(e).
À ce chapitre d'ailleurs il nomme la démarche de Jon Kabat-Zinn, au Center for Mind-fulness, de la réalité de ce que peut représenter en potentialité des disciplines méditatives, ou contemplatives, et de l'impact porteur d'équilibre harmonieux, d'une spiritualité rendue à l'Humain, affranchie des sentiers ténébreux des religions, socles minéraux, qui se prennent trop souvent pour la substance, quand ce n'est pas pour l'essence même !
« l'homme cesserait d'être une créature pour devenir son propre créateur » nous disent-ils l'un et l'autre ; le défi se profile à l'horizon de l'Homme, grandir, devenir mature, ou disparaître dans l'hybris - c'est-à-dire la démesure qui conduit à tous les excès dans lesquels “l'âme” se perd …
Nous voilà informés et au pied de la “boîte de Pandore” … !
De “la belle ouvrage” humaniste !
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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critiques presse (1)
NonFiction
29 novembre 2012
Cet essai ouvre au monde fascinant du système nerveux.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
LA PLASTICITÉ JUVÉNILE
Pour certaines espèces, la période nécessaire pour atteindre la maturité est très courte. Les invertébrés, par exemple, développent au cours de leur très brève ontogénie, les traits phénotypiques caractéristiques retenus par les conditions de sélection qui se sont exercées à l'échelle phylogénétique sur l'espèce avant même l'existence du sujet. Cette rapide phase de développement représente là un avantage acquis puisqu'il permet au jeune animal de survivre plus efficacement dans un monde qui lui est hostile. Ainsi faut-il à peine dix jours après la naissance pour que la drosophile puisse déjà se reproduire. En revanche, d'autres espèces choisissent une stratégie inverse en privilégiant une longue période de développement. Dans ce cas, pour que quelques individus puissent survivre, un grand nombre de jeunes sont sacrifiés. L'autre voie de survie pour ces animaux à l'ontogenèse étendue consiste à recevoir des soins parentaux prolongés qui peuvent protéger les jeunes d'un environnement où les prédateurs de toutes sortes ne manquent pas. Chez les mammifères pour lesquels la durée nécessaire afin d'atteindre la maturité sexuelle peut nécessiter jusqu'à plusieurs décennies, c'est la seconde option qui est choisie. Cette période d'intenses échanges entre la nouvelle créature et ses parents offre au jeune de nombreuses confrontations avec son environnement qui pourra dès lors orienter et participer à son développement. Ainsi en va-t-il pour l'homme, qui reste durant les vingt premières années de sa vie un sujet fragile, tributaire de la cellule familiale, et dont le cerveau néoténique — c'est-à-dire qui n'atteint que tardivement le stade adulte — est « nourri » par les interactions sociales. L'ordre biologique s'efface alors devant l'ordre psychique, et la transmission sociale et culturelle devient primordiale pour le développement du cerveau. Des facteurs comme la diversité du régime alimentaire ou la complexité des soins parentaux apparaissent comme autant d'acteurs importants qui participent au modelage nerveux. Ce type d'ontogenèse flexible qui précède la maturité du cerveau se rencontre chez la plupart des espèces douées de plasticité phénotypique importante. Cette plasticité juvénile n'a pas de délimitations temporelles précises.
p. 112 et 113
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Épilogue
...

Être bien dans sa tête - un idéal de vie proposé à l'homme par son cerveau, l'organe qui bat la mesure de nos actions et de nos pensées suivant les rythmes imposés par le corps en réponse aux sollicitations du monde, source inépuisable de nos sentiments. Le vrai bonheur se doit d'être mesuré pour échapper à l'hybris - c'est-à-dire la démesure qui conduit à tous les excès dans lesquels l'âme se perd. Un cerveau sur mesure est un cerveau à la mesure de l'homme. Il est donné en partage à tous les individus qui composent l'espace et il est, dans le même temps, le bien propre de chacun l'unique et sa propriété - singulier donc, mais également social extrême, ne pouvant exister sans la présence des autres, ses semblables (autrui).
Les neurosciences apportent leur lot incessant de données qui témoignent du caractère mouvant et protéiforme de notre cerveau, organe dynamique en équilibre instable. Loin d'être immuable, la matière du cerveau est un tissu façonnable qui dispose d'une phénoménale capacité d'adaptation. En permanence, sous l'action d'un apprentissage, de nouvelles cellules nerveuses sont produites, de nouvelles connexions sont établies ou renforcées, tandis que d'autres sont éliminées. Cette aptitude qu'a le cerveau de se reconfigurer lui permet de demeurer vif, réactif et prompt à élucider les problèmes. C'est précisément cette plasticité qui permet à l'humanité d'échapper au déterminisme biologique qui l'enfermerait dans la servitude de la pensée unique et qui lui offre la liberté de création et d'imagination distinguant Homo sapiens de ses cousins plus ou moins lointains. Grâce à cette superbe machine dont nous commençons à percer quelques-uns des mystères, l'être humain reste le seul animal à pouvoir s'échapper de la dictature des gènes et des hormones.
p. 229 et 230
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C'est le docteur Itard, jeune médecin de l'Institut des sourds-muets, qui l'a sauvé de l'isolement. Il a persuadé alors Pinel de lui confier la garde de cet enfant qu'il sentait capable d'instruction. Malheureusement pour lui, Victor n'a jamais réussi à parler, même s'il a développé des facultés mentales remarquables. Cette histoire réelle illustre à quel point le cerveau humain, très inachevé à la naissance, reste vulnérable aux sollicitations de l'environnement. Autrement dit, le cerveau néoténique de l'enfant est très réceptif à l'inscription du monde dans ses propres circuits, et ce, même plusieurs décennies après la naissance, à condition bien sûr qu'on sache les stimuler.
En achevant sa maturation, le cerveau du jeune adulte devient de plus en plus réfractaire aux leçons de l'expérience. L'apprentissage de choses nouvelles n'est bien sûr jamais impossible, mais il se fait plus difficile. Pourtant, certaines connexions restent suffisamment malléables pour que des règles d'apprentissage impriment leurs marques tout au long de l'existence. Cette seconde période que l'on nomme la neuroplasticité adulte se caractérise par le perfectionnement de la machinerie cérébrale alors même qu'elle a déjà acquis un large répertoire de facultés sensorielles et motrices. Le cerveau postjuvénile n'est pas une ardoise vierge sur laquelle viendraient s'imprimer les apprentissages les plus divers. Cette période débute à la fin de l'enfance et ne s'achève qu'avec le décès de l'individu. Durant cette seconde phase, le cerveau n'est plus passif. Il utilise des stratégies pour déchiffrer la signification des entrées sensorielles et motrices qui stimulent ses propres circuits. En somme, il cherche à donner un sens à l'expérience vécue.
p. 19
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Si le cerveau de l'homme adulte possède une taille moyenne universelle, variable selon les individus et le sexe, nous retiendrons, malgré la récurrence des polémiques d'ordre idéologique, qu'il n'existe aucune corrélation significative entre la taille, l'origine ethnique et les facultés intellectuelles des individus. En revanche, cette merveille de complexité — plusieurs milliards de cellules — n'a rien d'immuable et de fixe, comme les composés d'un ordinateur. Si ordinateur il y a, celui-ci est fait de chair vive, matière changeante construite pour le changement et qui n'existe elle-même que par le changement. Cela veut dire qu'elle incarne un devenir. Elle confère la faculté d'accomplir demain des opérations que nous sommes incapables de réaliser aujourd'hui ou de faire des choses aujourd'hui que nous étions incapables d'effectuer hier encore. Toutes nos aptitudes particulières, manuelles et intellectuelles, qui concourent à faire de chacun de nous un spécialiste, un expert unique, sont pour une grande part façonnées durant les premières phases du développement cérébral de l'enfant et de l'adolescent.
Rappelons que la croissance du cerveau de l'homme moderne présente deux caractéristiques importantes que l'on ne retrouve pas chez les autres mammifères, en particulier chez les autres primates. La première singularité concerne la croissance du cerveau qui nécessite au moins deux décennies pour s'achever. Cette croissance lente du cerveau du petit de l'homme offre la possibilité d'une longue période d'éducation où l'instruction sera centrale. La seconde caractéristique est illustrée par le retard du cerveau du nouveau-né à se développer (à la naissance, il atteint à peine 25 % de sa taille adulte). L'homme naît donc dans un double paradoxe, avec un cerveau très immature à la naissance et qui n'est pas pressé de rattraper son retard. On appelle cette propriété l'« altricialité secondaire ». Pendant cette longue période de croissance, l'enfant reçoit des signaux du monde extérieur, interagit avec son groupe social et peut acquérir une possibilité de fonction nouvelle : le langage articulé. Les primates non humains se développent selon des modalités fort différentes. Chez le chimpanzé, par exemple, le volume de son cerveau à la naissance équivaut déjà à plus de 50 % de celui de l'adulte et sa croissance s'achève très vite vers l'âge de 2 ans.
p. 15 et 16
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LA PLASTICITÉ D'HOMO CULTIORUS
Et si toutes les formes de plasticité cérébrale que nous venons de décrire n'existaient qu'à cause de la culture ? Pour le neuropsychologue canadien Merlin Wilfred Donald, installé à l'Université de Case Western Reserve, dans l'Ohio aux États-Unis, appartenir à une culture, communiquer à l'aide d'une même langue, c'est faire partie d'un réseau de connaissances et d'interprétations collectives, autrement dit faire partie d'une communauté cognitive. Or la pensée symbolique et le langage sont fondamentalement des phénomènes de réseau qui n'existent que grâce à l'inter-connexion et la régulation de l'activité mentale entre plusieurs cerveaux.
En réalité, à partir des principales observations provenant de l'anthropologie, de la neuropsychologie, de la primatologie et de l'archéologie, Merlin W. Donald cherche à établir une théorie générale des origines de la cognition humaine et leurs influences sur l'appareil cognitif de l'homme moderne. Ses travaux nous donnent matière à réfléchir : « Les êtres humains possèdent un cerveau éminemment malléable. Un cerveau humain en cours de développement est une sorte de boule de neige qui capture tout à son passage. [...] Mais notre "superplasticité" n'aurait aucune fonction adaptative si nous n'étions pas à la fois des sujets évoluant dans une société culturellement imprévisibles. » Selon son point de vue, pour la plupart des espèces, une « superplasticité » serait un handicap puisque cette aptitude conduit le sujet vers l'instabilité. Il se pourrait qu'un cerveau « superfaçonnable » soit, au bout du compte, une faiblesse qui n'apporte aucun avantage adaptatif si le sujet évolue dans un monde stable et prévisible, à l'inverse de celui d'Homo sapiens. En revanche, l'espace créatif, culturel, produit de l'activité mentale humaine serait le véritable moteur de la plasticité cérébrale. Dans ce cadre, le changement n'est plus d'ordre biologique mais plutôt relayé par le produit de la culture.
p. 135 et 136
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