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4,08

sur 149 notes
Je ne connaissais rien à l'histoire de Chypre mais dans cette partie du monde c'était assez évident de considérer que la partition d'une île ne s'était pas faite sans guerre. Et effectivement, ce roman montre l'horreur d'une guerre qui ne dit pas son nom, les exactions, les coups d'Etat et les interventions militaires. C'est parfois difficile à suivre car il y a beaucoup d'allers-retours historiques entre 1960 et aujourd'hui et parce que les personnages se révèlent parfois différents de ce qu'on peut en penser au début. Et pour une fois, je peux dire que je me suis attachée à un personnage : Aridné, une chypriote turque mariée à un Grec, situation bien compliqué.
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Au café de la ville perdue d'Anaïs Llobet se passe à Chypre de 1962 à 2020. L'éditeur a placé en 1ère page une carte de Chypre pour permettre à ceux qui ignoreraient sa situation de mieux comprendre ce roman très intéressant.
Varosha, c'est la banlieue de Famagouste où ont dû s'installer les chypriotes grecs chassés par les turcs. Ils ont su en tirer parti et y construire des hôtels de luxe fréquentés par les plus grandes stars de l'époque. Mais tout a pris fin le 15 août 1974 quand touristes et chypriotes grecs ont été contraints de s'enfuir sous les bombardements turcs en abandonnant tout. Depuis Varosha est entourée de barbelés et tombe en ruine .
C'est la trame historique de ce roman qui conte les relations entre un chypriote grec et une jeune chypriote turque qui se rencontrent au début des années 1960.
c'est un roman très prenant malgré un début un peu difficile que j'ai d'ailleurs relu à la fin. L'auteure restitue bien l'ambiance poignante de Nicosie et plus généralement des abords de la ligne de séparation.
Ce qui m'a particulièrement touchée c'est l'analyse des sentiments des différents personnages même si certaines situations sont sans surprise.
L'écriture est très fluide, on entend les protagonistes parler, on voit les décors...
Je conseille vivement ce roman plein de charme qui ne peut pas laisser indifférent.
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C'est une fresque familiale se déroulant sur l'île de Chypre que nous conte Anaïs Llobet.
En toile de fond, l'histoire d'amour réunissant Ioannis (chypriote grec) et Aridné (chypriote turque), sorte de Roméo et Juliette des temps modernes, en proie à la violence et au racisme intercommunautaire régnant sur l'île du début des années 60 jusqu'au coup d'État de juillet 1974.
De nos jours, leur petite fille Ariana, mène une enquête personnelle sur ses origines et son héritage. En particulier sur la maison du 14 rue Ilios (soleil en grec) où ses grands-parents ont vécu et qui se retrouve maintenant dans la zone tampon. Elle rencontre une journaliste (l'auteure du livre) et va lui demander d'intégrer son histoire familiale dans le roman qu'elle est en train d'écrire.
J'ai eu un réel intérêt historique à la lecture de cet ouvrage et j'ai beaucoup appris sur la partition de Chypre. J'avoue par contre avoir été un peu perdu entre les nombreux personnages et les différentes temporalités abordées. Un « figuier » généalogique est dessiné dès la première page cependant tous les protagonistes n'apparaissent pas car ils n'appartiennent pas à la famille principale. La plupart des chapitres se déroulant dans le passé sont datés contrairement aux autres et j'aurais préféré pouvoir me repérer plus facilement à chaque tête de chapitre.
J'ai par contre apprécié l'originalité des courts chapitres sous forme de listes insérés dans le roman : liste des souvenirs d'Andreas concernant Varosha, contenu du carton marqué Affaires d'Ioannis… Un peu moins le personnage de la journaliste qui ne m'a pas semblé si nécessaire au déroulement de l'intrigue.
« J'avais cru le 14, rue Ilios éternel (…) En réalité, tout changeait ; il n'y avait que l'écriture qui figeait les instants et prétendait les enraciner dans la mémoire. »
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Je déambule dans le livre et je me perds comme ses personnages. Varosha apparaît et disparaît hier et aujourd'hui. Comme une guerre d'Espagne ou seraient mariés un républicain et une franquiste. Un figuier seul témoin vivant de l'effondrement. Une amitié de carton, sacrifice de l'autre, négation de soi. Que peut on sauver ?
On ne sait trop ? Quelques ombres du passés, quelques figues trop mûres que personne n'a mangé ?
Absurdité du nationalisme qui immole sur son autel la vie, l'amour, l'espoir ?
Et voilà que cela recommence...
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Un livre très bien écrit qui nous plonge tout de suite à Chypre, dans les années 70 et de nos jours.
Une histoire de secrets, de non-dits sur un fond de guerre et de partition de l'île.

L'atmosphère est particulièrement bien rendue.
On se croirait assis à l'ombre d'un figuier, à discuter avec les autres, le regard perdu à travers les barbelés

Et même si je me suis un peu lassée vers la fin, le dénouement mérite vraiment d'aller jusqu'au bout.

Merci @babelio pour ce conseil
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Au Café de la Ville Perdue, on trouve une jeune écrivaine française, une serveuse chypriote grecque, un passé lourd et des regrets.

L'écrivaine veut raconter Varosha, cette ville "fantôme" dont les habitants ont été chassés en 1974 par l'armée turque, mais elle n'arrive pas à trouver la vérité de Varosha, le ton juste.
Ariana veut retrouver la maison de son père, le 14 rue Ilios, qu'elle n'a jamais connue, et garder vivante cette part de son histoire.
Son histoire à Ariana, c'est Aridné, sa grand-mère chypriote turque qui a quitté enfant et mari pour suivre un soldat en Anatolie. C'est Ioannis, son grand-père chypriote grec, qui n'a pas supporté le départ de sa femme et a embarqué comme marin sur le premier bateau venu.
C'est Giorgos, ami de la famille, seul témoin restant de ce temps-là ; Giorgos, si complexe, révélant au fur et à mesure du roman un visage bien différent de celui du vieil homme nostalgique.

Quelle beauté que ce roman ! Plus j'approchais des dernières pages et plus j'étais triste à l'idée de laisser cette histoire derrière moi : Ariana et ses tatouages comme le fil la liant à son passé, comme "une façon de maintenir Varosha vivante", Andreas, Ioannis, Aridné...

La construction est brillante et a été pour beaucoup dans mon engouement. L'histoire se partage entre notre temps et les années 1960-1970, avec l'histoire d'Aridné et Ioannis.
La mise en abyme de la naissance d'un roman et de son rapport à la réalité m'a fascinée.
Le terreau historique dans lequel prend vie cette histoire familiale est très intense et je dois reconnaitre que je n'en savais malheureusement pas grand-chose.

Voyage dans le passé aux accents de tragédie contemporaine, Au Café de la Ville Perdue est une lecture que je ne suis pas près d'oublier.
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Au café de la ville perdue de Anaïs Llobet aux éditions de l'Observatoire nous emmène à Chypre aux abords de la ville fantôme et martyr de Varosha que se sont battue les turcs et les grecs dans la deuxième moitié du 20è siècle. C'est aussi la ville d'où sont originaires Giorgos, Andreas et par filiation, Ariana. Depuis le café où se jouent désormais leurs quotidiens, ils voient les barbelés qui leur interdisent l'accès à la zone. A la zone et à leurs passés. A la résolution des questions restées tant d'années sans réponse. La présence de cette écrivaine sur une petite table du café sera cette fois l'occasion de reconstituer l'histoire.
l permet un voyage dans la chaleur de Chypre. Il donne quelques éclaircissements sur ce conflit majeur de la Méditerranée. Il dépeint des personnalités complexes que l'on imagine parfaitement réelles. La ville de Varosha elle-même est un personnage à part entière. L'histoire familiale se tient et les secrets sont révélés au fur et à mesure, garantissant une tension agréable pendant la lecture. Je suis passée par beaucoup d'émotions et ai fini ma lecture avec une pointe de colère. Inhabituel et donc plaisant !!
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De Chypre, je ne sais rien. Cette île n'ouvre en moi aucun imaginaire. Je ne visualise pas sa géographie, ses paysages. Et alors, je ne parle même pas du climat politique. Je sais que l'île est coupée en deux, un côté grec, un côté turc. Et voilà.
Sans @manonlit_et_vadrouilleaussi aucune raison que j'achète ce roman. Sans @b.a.books et @point.a.laligne aucune raison que je le lise. Mais les planètes s'alignent parfois. Et me voilà embarquée dans cette lecture.

J'ai au départ un peu de mal avec les personnages. Je ne cerne pas leurs contours, ils passent entre les lignes et je n'accroche pas. L'écrivaine française notamment, cette narratrice qui est là en passeuse mais dont je me serais bien passée. Plus ma lecture avance et plus je me rends compte que j'aurais aimé que le texte soit resserré autour de la partie non-contemporaine, autour d'Aridné, de Ioannis et de Giorgos. Ce trio m'intéresse, m'interroge. Et il porte en lui la complexité du conflit. C'est par lui que je commence à comprendre ce qui se joue, bien plus que par le biais de l'ecrivaine française qui pourtant m'est plus proche.

La lecture du roman est fluide malgré tout, mes camarades enthousiastes (plus que moi) alors je continue. Je m'accroche à Aridné. Cette femme libre qui par amour pour Ioannis accepte de baisser la tête. Qui par amour pour lui va vivre l'inacceptable. Je m'accroche aussi à cette maison, comme tous les personnages. Ce 14 rue Illios dans le no man's land, lieu de tous les souvenirs, de tous les fantasmes. C'est rare mais l'histoire d'amour qui se noue dans une soirée chypriote ne m'émeut pas. Je veux juste savoir ce qu'il advient d'Aridné. Et la fin est surprenante et finalement assez bouleversante. Donc réussie.

J'aurais aimé aimer plus ce roman. Il rejoindra la liste déjà longue des lectures mitigés de ce début d'année.

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Voici un livre qui n'aurait jamais atterri entre mes mains si je n'avais pas la chance de connaître la lumineuse @manonlit_et_vadrouilleaussi !!
En effet, je ne l'ai quasiment pas vu passer sur les réseaux et encore moins en librairie (mais ça, c'est de ma faute, je vais moins en librairie qu'avant, une sombre histoire de PAL à réduire, tout ça tout ça...)
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Et qu'est-ce que je suis contente de l'avoir lu !!!
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J'ai tout aimé dans ce roman, à commencer par le lieu : Chypre et son histoire politique si obscure à mes yeux, Chypre la belle île méditerranéenne qui semble cacher bien des secrets, Chypre, une seule île pour deux peuples...
Et puis au sein de Chypre, il y a Varosha, cette ville en ruines, ancienne station balnéaire, détruite en 1974 par la bêtise humaine, puis abandonnée, qui se meurt chaque jour un peu plus derrière ses grillages...
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Mais au delà d'un lieu, c'est avant tout une histoire de famille que nous conte Anaïs Llobet, une famille qui, comme cette île, garde en mémoire de nombreux secrets...
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Dès le début, j'ai eu la sensation de rentrer dans un univers à la Elif Shafak (et c'est un sacré compliment venant de moi, c'est une de mes autrices préférées ! mais c'est aussi un comble puisqu'Elif Shafak donne la parole aux femmes turques quand ici, Anaïs Llobet laissera la parole aux grecs principalement 😉), où chaque personnage a des choses à dire, où les femmes sont mises à l'honneur (même si celui-ci est parfois bafoué au sein même de leur foyer) et développent souvent un caractère bien trempé.
Que j'ai aimé Ariana et ses tatouages, qui défend l'histoire familiale comme si sa vie en dépendait, alors qu'elle n'a jamais vraiment réussi à communiquer avec son père Andreas...
Que j'ai aimé sa grand-mère, Aridné, femme chypriote turque qui aura tenté, jusqu'au bout, de s'intégrer dans sa belle-famille chypriote grecque...
Que j'ai aimé Ioannis, son mari, même si sa loyauté lui aura fait perdre ce qu'il possédait sûrement de plus précieux...
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Et que j'ai cru aimé Giorgos, ce petit vieux à la langue pendue,... jusqu'à ce que...
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Mais je ne peux vous en révéler plus, sous peine de trahir les protagonistes si bien dessinés par Anaïs Llobet, et qui m'ont tous convaincue, sans ambiguïté...
Mes comparses de lecture @hanyrhauz et @point.a.laligne y ont parfois décelé quelques imprécisions ou quelques questionnements (ce qui ne les a pas empêché d'aimer aussi ce roman) mais pour ma part, j'étais tellement embarquée dans cette fresque familiale que je me suis laissée porter sans me poser aucune question. Tout m'a plu !
Si vous aimez les histoires de famille, n'hésitez plus !
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La plume d'Anaïs Llobet m'a enchantée, j'ai trouvé son écriture fluide et son texte parfaitement équilibré ! J'espère lire ses autres romans très prochainement !!
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Encore merci à Manon pour cette découverte !! 🤩
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PS : j'avais abandonné un titre de Philippe Jarzaguet qui se passait à Chypre, où tout était trop emberlificoté à mon goût, mais là, ce texte m'a donné envie de lire d'autres fictions se déroulant sur cette île.
Je vais évidemment me précipiter sur le dernier d'Elif Shafak que je n'avais pas encore acheté, mais si vous avez d'autres conseils, je suis preneuse !!
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Ariana a grandi à l'ombre de la maison familiale, située au 14 rue Illios, que sa famille a perdue pendant l'invasion de Chypre en 1974, lorsque l'armée turque a entouré de barbelés la ville de Varosha. Tandis qu'elle débarrasse les tables du café de son père, elle remarque une jeune femme en train d'écrire. L'étrangère enquête sur cette ville fantôme, mais bute contre les mots : la ville, impénétrable, ne se laisse pas approcher.
Ariana lui propose alors d'interroger les anciens du village, ceux qui ont gardé la ville vivante dans leurs mémoires.
Mais quand la jeune fille apprend que son père, désirant exorcisé le passé fait de non-dits et de lourds secrets, décide de vendre la maison aux promoteurs, elle ne comprend pas. Pourquoi se défaire de la maison dans laquelle on vécu Aridné, chypriote turque, et Ioannis, chypriote grec, ses grands-parents, jusqu'aux tragiques événements du 12 août 1974?Cela ne signifie-t-il pas qu'il renie l'histoire de ce couple atypique dont le parcours semé d'embûches, retrace celle de l'île? Montrant que parfois les motifs de se déchirer sont plus forts que les raisons de s'aimer. Page après page, Varosha se laisse déchiffrer et, avec elle, la tragédie qui a ensanglanté la famille d'Ariana et l'île oubliée.

Un roman sensible, tout en délicatesse, revenant sur la guerre civile qui a opposé les Chypriotes grecs aux Chypriotes turcs pendant vingt ans, de 1955 à 1974, date à laquelle l'île fut coupée en deux. Dans un subtil ballet d'allers-retours entre le passé et le présent, l'auteur retrace l'histoire de Giorgios et Ioannis, deux adolescents avec la vie devant eux, pleins de rêves et d'espoirs, brisés par la terrible guerre civile qui déchire encore Chypre.
Beaucoup d'émotion pour cette lecture qui ne vous laissera certainement pas indifférent.
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