A l'occasion de l'exposition
Sonia Delaunay – Les couleurs de l'abstraction, le Musée d'art moderne de la ville de Paris édite « Madame
Sonia Delaunay ». Un livre pour faire connaissance. Comme souvent les livres animés, ce petit ouvrage à destination des enfants a une densité ; il bruisse, il grince, il chuinte, il chuchote quand en tournant les pages, on en déploie les pliages. Les oeuvres de
Sonia Delaunay s'y présentent en volume, mettant ses grandes plages de couleur, cette géométrie esthétique, en perspective. C'est tout l'art du plieur de papier que de voir un tableau comme une succession organisée de lignes directrices et de plans successifs. Ainsi
Gérard Lo Monaco, cet architecte du papier, donne-t-il de la profondeur aux tableaux comme si, de ces abstractions colorées naissaient des paysages et de nouvelles manières de les composer. En 2D, les plans ne sont pas hiérarchisés, ils sont juxtaposés et superposés. La lecture qu'en fait cet artiste du papier tend à hiérarchiser des plans, à suggérer par les diagonales, les symétries, les lignes de force, le récit ou les impressions que la couleur relaie.
A la toute fin du livre, les tableaux originaux, en toutes petites vignettes. Pour poursuivre l'exploration de cette oeuvre, colorée, bigarrée, animée, il aurait été intéressant de les placer côte-à-côte, de les comparer, de réfléchir à la manière dont les lignes de force, de direction, de symétrie, ont été utilisées dans le pliage pour transformer la 2D en 3D et lui conférer ce volume si parlant. On voit bien la dimension d'exploration que l'on pourrait proposer aux enfants, on voit bien aussi comment certains tableaux, si ce n'est tous, pourraient s'exposer dans l'espace et devenir, vivants, mobiles, à la manière de Calder.