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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Marée noire » est un roman lucide, douloureux et captivant. C'est un premier roman d'une auteure noire américaine née au début des années 70. Elle entraîne le lecteur dans la société américaine des années 80. Les années Reagan où le monde politique et économique s'acoquinent dans une stratégie pour la course à l'influence mondiale. Les hydrocarbures sont le nerf de la guerre contre les pays du golfe et l'organisation de l'OPEP. Dans ce roman se pose aussi la question des conditions sociales et économiques de la communauté noire. Cette position est incarnée par Jay Porter, avocat de droit civil, ancien étudiant activiste des droits civiques et bientôt père. Les évènements se déroulent à Houston, Texas, dont la maire Cynthia Maddox est une ancienne militante des droits civiques et ancienne copine de Jay. Houston est la patrie des grosses industries pétrolières qui voient d'un mauvais oeil la grève que préparent les dockers noirs. Ils sont frustrés des écarts de salaire et de l'absence de promotions hiérarchiques dont ils sont victimes.
Le roman s'ouvre sur la scène d'une croisière au clair de lune, dans le bayou. Jay pensait offrir à sa femme enceinte de huit mois une sortie nocturne romantique avec gâteau au chocolat, ballons de baudruche et musique. Rien de chic car les temps sont durs. le bateau longe une étendue mal éclairée vers l'ouest de la ville lorsqu'un cri et des coups de feu s'invitent à la fête. Jay fait arrêter le vieux rafiot et récupère une jeune femme blanche : Elise Linsey. Sur la terre ferme, Jay et sa femme déposent Elise devant le poste de police et filent chez eux. Et les ennuis commencent et vont crescendos. Jay est menacé, rossé par un homme conduisant une Ford LTD noire. Jay pourrait laisser tomber. La peur et l'humiliation se rappellent sans cesse à sa mémoire, le hantent. Son parcours d'étudiant militant est raconté et expliquent son comportement actuel. Dans un coin de sa tête, il sent encore l'étreinte du gouvernement sur lui.
Et pourtant, une force semble le porter, encouragé par sa femme Bernie, simple, sincère, à l'aise avec ses sentiments et un père qu'il n'a jamais connu, assassiné par des blancs avant sa naissance. La graine est semée. Il va se battre et vivre afin de pouvoir influer sur le devenir historique de sa communauté mais aussi de la société américaine.
Dans ce roman, Attica Locke dépeint le statut social et politique des Etats-Unis. Elle invite à réfléchir sur la nature humaine et sur ses désordres. Il est toujours tentant de penser qu'en France l'herbe est plus verte mais nous ne devons pas masquer malgré tout notre terrible et sinistre « héritage » esclavagiste et le communautarisme.
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Houston 1981 : dans la ville pétrolière, un avocat noir, ancien activiste, essaie de s'en sortir...

Native de Houston, Attica Locke a publié ce premier roman à trente-cinq ans en 2009 (traduction française en 2012). Scénariste professionnelle à Los Angeles, elle réalise un roman largement honorable en tant que thriller policier, mais parvient surtout à captiver par la belle double plongée qu'elle exécute, dans les mouvements noirs des droits civiques à la fin ds années 60, au moment où se préparent la défaite et la radicalisation sans espoir, sous les assauts paranoïaques d'un FBI agissant à cette époque en véritable police politique, d'une part, et dans l'écheveau des liens et des compromissions intense qui lient les milieux d'affaires pétroliers internaitonaux et les patriciens texans qui, à l'instar des Bush, ont fait fortune dans le secteur, d'autre part...

A travers le personnage de Jay Porter, petit avocat noir tentant de faire son "trou" et de faire vivre son couple après un séjour de plusieurs années en prison en tant qu'activiste, la ville de Houston en 1981, son port, ses complexes pétrochimiques, ses dockers syndiqués essayant de résister aux pressions (comme un clin d'oeil à la deuxième saison de "The Wire"), son boom immobilier et sa maire, ancienne compagne de lutte de Jay, opportuniste en diable, dont on ne sait vraiment si, à l'époque des revendications musclées, elle a trahi ou non, tout ce décor assez rarement peint prend des couleurs singulières, à la fois attachantes et désespérantes.

Peut-être moins acéré que le très bon "Les péchés de nos pères" de Lewis Shiner, en ce qui concerne la mémoire et les traces contemporaines des luttes émancipatrices des Afro-Américains, "Marée noire", dans un cadre inhabituel, nous propose un fort bon moment de lecture.
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"Monsieur Porter, ce n'est pas moi qui devrais avoir peur de monsieur Cole"

Déniché grâce à ma soeur et une chronique de France Inter qui comparait le bouquin à la chouette série The Wire (normal, l'auteur est scénariste chez HBO).

Lors d'une soirée en amoureux, Jay Porter est le témoin indirect d'un meurtre ; pour des raisons troubles, il n'en parle pas à la police. Dès le lendemain, il éprouve l'inquiétante impression d'être suivi. C'est alors que se déclenche la grève des dockers, sans lesquels Houston ne serait rien, suite au passage à tabac d'un jeune syndicaliste noir.

"Les éléments de cette histoire, les dernières vingt-quatre heures de sa vie s'étalent devant lui comme les morceaux hétéroclites de son téléphone cassé, des fragments qui ne collent pas ensemble, qui n'ont aucun sens : un homme lui remet des liasses de billets pour qu'il se taise au sujet d'un meurtre qu'il n'a pas vu. Il peut prendre le problème par n'importe quel bout, ça reste une sale affaire".

Jay Porter est bien vite confronté aux fantômes de son passé de militant radical de la cause des droits civiques, où son chemin avait croisé celui de Cynthia Maddox, l'actuelle maire de Houston.

sur fond de rivalités syndicales, de revival de la lutte pour les droits civiques et contre la discrimination. Ajoutez là-dessus quelques pincées de thriller, et des effluves du pétrole exploité le long du Ship Channel, ce littoral texan entièrement aménagé autour des hydrocarbures où les relents de Ku Klux Klan ne sont pas toujours dissipés.

Bref, un bon polar pour l'été.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Dans un contexte de tension liée à la proximité de la grève des dockers, quand la maire de Houston repeigne hâtivement son brushing pour les caméras, et se rappelle soudain qu'elle a bien, bien connu Jay Porter, pour son malheur à lui… au temps de leurs luttes communes pour les droits civiques, le jeune avocat va courir pour sauver sa peau, sans pouvoir renoncer à comprendre.



Avec un grand talent, Attica Locke installe des personnages sensibles, ambigus ce qu'il faut, échangeant des dialogues parfois elliptiques qui construisent le suspens, décrivant la chaleur et la sueur des hommes dans les réunions politiques, et surtout, surtout…racontant le racisme ordinaire. En 1981, à Houston la très grande majorité des ouvriers est noire. Noirs aussi les pauvres, les analphabètes, les malades et les miséreux. Les industriels, les responsables politiques ou administratifs, les décideurs… sont blancs.



La fresque historique est assez large, couvrant les combats des années soixante-dix jusqu'à ceux des années quatre-vingt. Elle est intelligemment mise en valeur en même temps qu'humanisée au travers du destin de Jay Porter et de sa communauté.Un beau livre, fort, qui se termine par le constat tristement répétitif de la folie des hommes et de leur âpreté au gain, de ce qu'elle fait des esprits faibles.
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Attica Locke, comme elle le dit elle-même dans une petite post-face bien sympathique, est née juste après les événements sanglants de la prison d'Attica. En 1971, la révolte des détenus d'Attica résonnait comme l'un des derniers échos de l'époque des Black Panthers.
Les parents d'Attica Locke avaient grandi dans cette mouvance d'activisme black.
Et le bouquin de leur fille, Marée Noire, rend hommage à toute cette époque révolue, entre les regrets d'avoir un peu oublié la Cause, le témoignage socio-politique du passé et la nostalgie.
Le résultat de ce mélange (réussi) est un polar "noir" dans tous les sens du terme.
L'histoire a lieu de nos jours à Houston, Texas, et Jay, un petit avocaillon, est encore traumatisé par ses années d'activiste. Poursuivi par divers procès (à une époque où il fallait éviter les snipers du FBI qui n'hésitaient pas à rendre justice eux-mêmes), il a fini par abandonner la cause et traîne désormais dans les bas quartiers de Houston aux côtés de sa gentille épouse enceinte jusqu'aux yeux.
Malheureusement, il va se retrouver au mauvais endroit et au mauvais moment : dans les eaux noires du bayou, le voilà avec sur les bras (littéralement) une blonde qui, apparemment, vient d'échapper de justesse à un mauvais sort.
Et les ennuis vont (re)commencer. Pendant plus de 400 pages, les emmerdes vont pleuvoir sur Jay.
Voilà un livre bien intéressant. Parce que c'est un bon polar. Parce que c'est bien écrit. Parce que Attica Locke y retrace toute une période trouble de l'histoire US. Parce que le passé de Jay va se mêler à la revendication sociale des dockers de Houston, le tout sur fond de magouille pétrolière.
Le mélange à première vue surprenant est plutôt réussi et chacun des ingrédients y est justement dosé.
Lien : http://bmr-mam.over-blog.com..
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Jay est avocat. Mais n'allez pas tout de suite penser au bureau magnifique, grosse voiture et argent qui coule à flot. Jay est très loin de ça. Petit avocat, sa principale cliente est une prostituée. Les rares autres clients n'ont pas les moyens de le payer. Ce qui tombe assez mal étant donné que sa femme est enceinte de huit mois. Un soir, pourtant, il arrive à lui faire une surprise pour son anniversaire en l'emmenant faire une petite croisière sur le bayou. Rien de bien grandiose, le bateau est vieux, la croisière se passe le long de quartiers déshérités, mais l'intention est là. Malheureusement pour lui, il y aura des coups de feu sur la berge ce soir-là. Et Jay, entendant quelqu'un tomber à l'eau, va plonger pour la sauver. Ce qui va entraîner pour lui une montagne de problèmes.

Car Jay est Noir. Il a déjà fait de la prison pour avoir été activiste dans un mouvement de droits civiques. Et il en garde une peur immense des policiers. Ce soir-là, il laissera donc la jeune femme tombée à l'eau devant un commissariat, pensant qu'il n'entendra plus parler d'elle. Mais il sera très vite rattrapé par les ennuis. Sans compter qu'il est appelé pour régler la grève des dockers, où les syndicats Blancs et Noirs se battent contre les compagnies pétrolières, mais aussi entre eux, les Noirs étant sous-payés, les Blancs refusant de risquer leur place pour des demandes, selon eux, injustifiées…
(lire la suite...)
Lien : http://www.tulisquoi.net/mar..
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Malgré son costard en synthétique, sa secrétaire calamiteuse, sa femme enceinte et ses crédits, Jay Porter aurait tout pour faire un bon, un excellent avocat. Réussir… En 1981, être noir, dans la ville de Houston, Texas, c'est certes un handicap de taille, mais Jay aurait la carrure pour résister s'il n'y avait sa paranoïa envahissante, paralysante. Son incapacité à entrer dans un commissariat sans suer des mains, sa trouille viscérale des flics, son examen systématique de ses téléphones, et surtout, les armes qu'il cache partout chez lui.

suite sur mon blog
Lien : http://jeanne.desaubry.ober-..
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