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Critique de cedratier


« L'homme qui ne voulait plus se lever » David Lodge (Rivages, 115 pages).
David Lodge est un écrivain semble-t-il très connu en Angleterre, assez connu en France… et inconnu de moi. Cet opuscule regroupe six petites nouvelles de 10 à 25 petites pages, très inégales, écrites sur une période d'une trentaine d'années et rassemblées sous le titre éponyme de l'une d'entre elles. La première fait référence à des moeurs révolues et bien coincées des années cinquante (le flirt de quatre étudiants anglais de bonnes familles aux Baléares). Une autre évoque de manière très superficielle les frontières de classe. Ici c'est un regard nostalgique sur l'enfance, là sur la dépression, ailleurs sur la stratégie déployée pour obtenir le premier baiser d'un grand adolescent aussi fort en thème que nigaud.
Il y a parfois des longueurs et des digressions inutiles (et oui, même dans des textes aussi brefs), le style est simple, l'écriture n'apporte rien de vraiment original (sauf peut-être le récit enchâssé de « L'hôtel des Paires et de l'Impair », qui m'a quelque peu intrigué). Parfois, on daigne vaguement sourire du bout des lèvres, mais au fond, ça manque de consistance, il n'y a vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent ou sous l'oeil… et je me suis demandé à quoi bon publier ce genre d'insignifiances ?
La réponse est peut-être dans l'introduction que nous livre l'auteur, dans laquelle il nous explique en particulier la différence entre une nouvelle et un roman ; il parle des nouvelles comme de « fragments issus de l'établi d'un romancier ». Et c'est peut-être cela le problème ; ces fragments doivent-ils forcément être utilisés ? On a l'impression que David Lodge ici a ramassé des tas de bricoles qui traînaient sur ou sous son bureau, qu'il a fait ses fonds de tiroirs, qu'il a tenté de faire quelque chose avec des tas de notes éparses rédigées sur des décennies, bref de recycler des bribes d'écritures. le résultat n'est pas à la hauteur de sa réputation. Antonio Tabucchi disait un jour que le seul conseil qu'il acceptait de donner à un jeune écrivain, c'était d'aller voir en fin de journée sous l'établi de l'ébéniste ; il voulait, par cette image très parlante, montrer tout le travail de ciselage, d'épuration que demande l'écriture romanesque, à quel point il faut élaguer pour ne retenir que ce qui est strictement nécessaire. Il ne suggérait certainement pas de tout garder au frais pour les périodes de disette ou d'improductivité. Pour de fortes ou belles nouvelles, Stefan Zweig, Francisco Coloane, Prosper Mérimée ou tant d'autres certes, mais là…
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