Less is too much ou bien comment dépasser Ludwig Mies van der
Rohe ? Tel pourrait être le sous-titre de cet opus paru en 2012.
A dire vrai, la construction de
Less is too much laisse perplexe...On passe de réflexions sur l'origine de l'architecture à des considérations sur les années de formation de Mies van der
Rohe, d'une archéologie de la pensée philosophique à des réflexions sur l'art moderne et contemporain. Tout étant dans tout et inversement...
Néanmoins, et malgré quelques approximations historiques - non, les nazis n'ont pas pris le pouvoir en 1932 mais en 1933 ; non, né en 1886 Mies van der
Rohe avait 20 ans en 1906 et pas en 1908 - il faut bien dire que les auteurs permettent de situer toute l'importance de l'architecte Allemand devenu Américain, un temps patron du Bauhaus, dans l'histoire mondiale de l'architecture.
De son projet de gratte-ciel à Berlin publié par la revue Fruelicht en 1920 à son pavillon de Barcelone (1929), mais aussi de ses premières villas allemandes à ses réalisations les plus connues et célébrées -Seagram Building etc - tout concourt à faire de Mies van der
Rohe un penseur et praticien de la modernité.
Les structures poteau-poutre en acier, associées au verre, ont survécu à Mies van der
Rohe et se sont multipliées dans le monde, devenant les marqueurs de technopoles mondialisées.
Et c'est justement là où les auteurs souhaitent nous amener à discuter de l'héritage de Mies van der
Rohe, face au désordre mondial actuel et à notre grande capacité à engloutir notre propre monde.
On peut douter du caractère opérationnel de la distinction Kultur/Civilisation sur laquelle les auteurs s'attardent pour penser un monde nouveau. En somme, le fonctionnalisme et le minimalisme (less is more), alliés à l'idée d'une raison toute puissante, ont engendré un monde dépourvu d'être ou de vie.
A ce stade, les deux auteurs dérivent lorsqu'ils écrivent (p. 54) : "les architectes urbanistes ne collaborent-ils pas à la mise en place des gratte-ciels élancés de plus en plus élevés, transparents de verre et acier ciblés pour détourner ou attirer les attentats terroristes ?" ou plus loin (p. 77) : "Il y a onze ans (...) deux de tes immeubles à New-York ont été détruits par des terroristes arabes avec la complicité probable de services américains". Il n'est pas digne de ceux qui se prétendent intellectuels de donner dans la théorie du complot.
Mies van der
Rohe coupable donc d'avoir participé à engendrer un monstre incapable de redonner la vie, de retrouver l'être...mais génial urbaniste, tel un dieu, qui nous manque aujourd'hui...