..."On promène des têtes. A des cous pendent des colliers d'oreilles...."
..."vaincues les bandes déplumées ont gagné les hauteurs, refuge des grands oiseaux. Sur leurs ailes étendues dieu voit le sang qui sèche.
Tels étaient les Comitadjis de l'An III du siècle XX."....
De quoi s'agit-il ?
Il s'agit de vous montrer à l’œuvre, en plein centre de l'Europe, à quarante-huit heures de chemin de fer du campanile de la gare de Lyon, une organisation révolutionnaire plus forte que l’État dont elle dépend.
- L'amour de son prochain, dis-je, vous êtes en train de m'en faire accroire. Pour un rien vous mettez les gens sous terre. Il est vrai, et j'y pense subitement, qu'un adversaire de l'Orim, ou même mieux, un Serbe, ne sont peut-être pas des prochains.
- Vous avez compris.
Mais j'aime Sofia pour des raisons beaucoup moins saines. Nuit et jour, on y goûte une telle ivresse de l'insécurité que l'on est perpétuellement sous le coup délicieux d'un vertige.
En vous disant tout à l'heure que, sans la Macédoine, il n'y aurait pas de comitadjis, je vous ai donné une opinion. Il en est une autre, celle des Serbes : sans les comitadjis, il n'y aurait plus de Macédoine.
La Macédoine compte à peu près deux millions d'âmes. En 1912, ces habitants se partageaient, d'après les origines, en Bulgares, Turcs, Grecs, Albanais, Koutso-Valaques, Tziganes, Juifs et sans doute Serbes. Aujourd'hui (mes amis ne me pendez pas !) la population serbe ne peut être mise en doute, des Serbes étant descendus du nord coloniser ce qu'ils n'appellent plus la Macédoine, mais la Serbie du Sud.