AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Gangoueus


Kimia est une enfant de Poto-Poto. Collégienne, puis élève au Lycée Savorgnan de Brazza, elle est liée d'amitié jusqu'au sang à Pélagie, une fille de Bacongo. Toutes deux, élèves studieuses sont fascinées par Franceschini, un professeur de français passionné et passionnant. L'enseignement chez ce blanc atypique ne se résume pas à finir un programme mais à former de véritables esprits indépendants et susciter des vocations.

Si Franceschini est un professeur aux méthodes pédagogiques singulières, il intrigue aussi quand on le retrouve dans la nuit africaine de Potal, chantant les classiques de la rumba congolaise avec la maîtrise d'un mwana mboka (enfant du pays). Qui est-il ? Un blanc manioc? Peut-il être lui aussi un enfant de Poto-Poto ? Si oui, quelle est son histoire ?

Les années passent, le Congo évolue ou régresse, les étudiantes prennent différentes directions, Pélagie pour la France, Kimia pour les Etats-Unis et Franceschini est expulsé depuis belle lurette.

Henri Lopès propose un développement sur plusieurs années de cette relation à trois avec d'étranges rebondissements, le tout étant narré à la première personne par la voix féminine de Kimia. Ce n'est pas la première fois que le grand romancier congolais se prête avec maestria à cet exercice périlleux d'envisager la narration par la voix d'une femme. Dans « Sur L'autre rive », le procédé est particulièrement réussi.
Dans « Une enfant de Poto-Poto », le texte met un peu plus mal à l'aise, non pas par le procédé toujours aussi maîtrisé du discours féminin, mais par le fait que l'on peut ressentir un relent de machisme que le romancier congolais semble faire accepter aux femmes qui s'expriment par l'entremise de sa plume. Il traite assez bien de cette polygamie larvée chère à l'Afrique centrale où les choses ne sont jamais officiellement dites mais très officieusement vécues. La domination, le charisme de Franceschini écrase toute vélléité d'émancipation pour Kimia, même quand cette dernière, loin des terres africaines, en Amérique du nord et en Europe, ou pourtant elle reçoit la reconnaissance de ses pairs pour son travail universitaire ou pour son oeuvre littéraire. Plus j'avance dans ce commentaire, plus je ressens l'oppression de libertin et son égocentrisme. Etrange.
Ce roman est une nouvelle exploration de la question du métissage, thème cher à Henri Lopes, même si ce n'est pas le sujet dominant. C'est aussi une analyse du pygmalisme, permettez-moi l'expression s'il vous plait, et des ressorts assez complexes d'une amitié évoluant dans les eaux troubles de la manipulation, de la jalousie, de la passion et de la haine, avec une focalisation étonnante sur le pédagogue vénéré. Est-ce encore de l'amitié? Franceschini mérite-t-il cette dévotion? Ce texte, par la manière dont il aborde le sujet de la femme et de son rapport à l'homme, quelque soit le niveau de qualification de cette femme, renvoie à d'autres textes comme Une si longue lettre de Mariama Bâ. Sauf, qu'il offre moins de perspectives intéressantes. de mon point de vue. Je fais une fixation sur cet aspect, mais je tiens à souligner également, les réflexions que Kimia - écrivaine - offre sur la littérature.

Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          10







{* *}